Conférence : « Un idéal masculin ? Barbes et moustaches à la Renaissance » par Jean Marie Le Gall.

La société des amis du CESR vous convie le lundi 5 décembre à venir écouter le Professeur Jean-Marie Le Gall, (professeur d’Histoire moderne à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne) qui interviendra Salle Rapin à l’heure habituelle lors d’une conférence consacrée au thème de son dernier livre : Un idéal, masculin ? Barbes et moustaches XVI-XVIIIe siècles – Suivi de Le barbu ou dialogue sur la barbe.

Le sujet peut prêter à sourire.
Est-ce bien sérieux pour un historien que de traiter de barbes et de moustaches ? De nos jours, où la barbe est un indice de fondamentalisme ou d’archaïsme, l’avenir est au glabre. Et pourtant, entre les poilus de la Première Guerre mondiale, les barbudos cubains des années 1960 et les barbus islamistes d’aujourd’hui, notre histoire contemporaine a montré que la barbe était un identificateur social chargé de sens, ce dont Jean-Marie Le Gall est intimement convaincu. C’est aussi vrai, bien entendu, pour l’époque moderne.Si le glabre domine en Europe dans la seconde moitié du XVe siècle, la pilosité faciale devient au début du XVIe un véritable phénomène de mode, né dans les cours princières d’Italie. Les défaites subies par la péninsule ont en effet mis à mal la virilité des Italiens, qui redéfinissent un nouvel idéal masculin et chevaleresque. Un idéal qu’incarnent à la perfection trois jeunes souverains arborant fièrement barbes et moustaches : François Ier, Henri VIII et Charles Quint.

Vite adoptée par la noblesse puis par la bourgeoisie, cette prolifération du poil domine sur tous les visages d’Europe pendant plus d’un siècle avant que le lisse ne l’emporte à nouveau à la fin du XVIIe. Symbole des gens de pouvoir et de savoir, elle est à la fois un élément de hiérarchisation sociale, au même titre que les vêtements, et un marqueur religieux qui sépare nettement pasteurs protestants et prêtres catholiques. L’avènement d’un univers plus policé et plus civilisé sonne toutefois le glas de la pilosité faciale. Dès lors, la barbe semble l’expression désuète d’une masculinité arrogante et doit céder la place à la perruque, qui assure aux élites la distinction nécessaire. À la confluence de l’histoire des mentalités, des représentations et du sensible, l’auteur nous convie à un impertinent voyage au pays de cette virilité que les hommes n’ont jamais cessé d’interroger.

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