Écritures de l’histoire de l’art : l’histoire de l’estampe (1700-1945). Séminaire université Rennes 2 [en ligne]

Écritures de l’histoire de l’art : l’histoire de l’estampe (1700-1945). Séminaire université Rennes 2 [en ligne]

Séminaire de recherche en partenariat entre l’École du Louvre et l’Université Rennes 2, adossé au projet « Amateurs et réseaux savants en France (1700-1914). Histoire intellectuelle, culturelle et sociale des amateurs et collectionneurs d’images gravées et enluminées » (Unité de recherche Histoire et critique des Arts, Université Rennes 2).

Coordination : Pascale Cugy (Maîtresse de conférences en histoire de l’art moderne, Université Rennes 2) et Estelle Leutrat (Maîtresse de conférences en histoire de l’art moderne, Université Rennes 2).

Organisé par l’Université Rennes 2 et l’École du Louvre, ce séminaire d’historiographie accueillera des chercheurs – universitaires, conservateurs de bibliothèques ou de musées français et étrangers – spécialistes des arts graphiques, de l’écriture de l’histoire de l’art ou de la biographie d’objets. L’angle d’approche choisi sera celui de l’estampe produite à l’époque moderne : à partir de quand, sous quelles formes, par quels acteurs et pour quels publics commence-t-on à écrire une histoire spécifique de cet objet par nature multiple et reproductible ? Comment l’histoire particulière de ce médium s’inscrit-elle dans une écriture plus large de l’histoire de l’art ?

Prévu sur deux ans, ce séminaire envisage un temps long et s’inscrit dans une perspective transséculaire et transnationale, entre la fin du xviie et le début du xxe siècle. Il sera l’occasion d’une réflexion sur les différentes dimensions – politiques, intellectuelles, culturelles et sociales – des multiples acteurs impliqués dans la rédaction de l’histoire de l’estampe (graveurs, marchands, conservateurs, collectionneurs, historiens, sociétés savantes, institutions publiques…) et de leurs pratiques savantes. Il s’agira aussi de retracer leurs réseaux nationaux et internationaux et la genèse de leurs textes.

Année 2022/2023

28 octobre 2022 (14 h-16 h) : Anne Ritz-Guilbert (chercheuse HDR, centre de recherche de l’École du Louvre) et Vanessa Selbach (conservateur des bibliothèques, cheffe de la Réserve du Département des Estampes et de la Photographie, Bibliothèque nationale de France), François-Roger de Gaignières collecteur d’estampes : le cas des « Modes »

Passionné par l’histoire de la monarchie française, François-Roger de Gaignières (1642-1715) s’attacha à réunir, pendant près d’un demi-siècle, un ensemble d’œuvres, d’objets, de pièces originales et de copies organisé de façon à constituer une véritable machine documentaire. La communication reviendra sur la place de l’estampe dans sa collection et sur la façon dont elle fut reçue et reconfigurée pendant près de trois siècles à la Bibliothèque royale – devenue impériale puis nationale – en prenant notamment le cas des portefeuilles de « Modes » grâce auxquels Gaignières avait pour ambition d’élaborer un outil permettant de dresser une histoire chronologique des apparences vestimentaires.

25 novembre 2022 (10 h-12 h) : Antoine Gallay (docteur en histoire de l’art et en histoire des sciences de l’Université de Genève et de l’Université Paris-Nanterre, chercheur postdoctoral au Zentralinstitut für Kunstgeschichte de Munich), Les collectionneurs d’estampes et la fabrique du catalogue raisonné au xviiie siècle

Le catalogue raisonné de l’œuvre d’un artiste fait aujourd’hui partie des outils indispensables aux historiens et historiennes de l’art. Or son origine a jusqu’à présent été peu étudiée. Cette communication se propose d’éclairer comment cette pratique s’est développée au cours du XVIIIe siècle, en lien étroit avec le collectionnisme de l’estampe. En effet, dès le siècle précédent, les amateurs d’estampes ont porté un intérêt de plus en plus marqué au travail des graveurs, et, dans ce contexte, ils ont cherché à réunir l’intégralité des pièces produites par un même individu pour en constituer des « œuvres complets ». Cette nouvelle pratique a progressivement entraîné la rédaction de catalogues décrivant, selon différentes méthodes qu’il conviendra de distinguer, les œuvres des graveurs les plus appréciés, conduisant ainsi à modifier significativement la manière d’écrire l’histoire de l’art et des artistes.

16 décembre 2022 (10 h-12 h) : Véronique Meyer (Professeure émérite en histoire de l’art moderne, Université de Poitiers), Duchesne et la gravure française des XVIIe et XVIIIe siècles

Jean Duchesne l’aîné (1779-1855), employé puis conservateur au Département des estampes de la Bibliothèque nationale, organisa une exposition de 1819 à 1855 dans les salles de lecture. Quelle histoire de la gravure française du xviie et xviiie siècles et quelle vision de l’art français proposait-il ? Quels artistes privilégia-t-il ? Partageait-t-il les goûts de ses contemporains, collectionneurs, amateurs ou historiens de l’estampe ? Quelle influence exerça-t-il sur ses successeurs à la Bibliothèque ? Ces différents aspects seront au cœur de cette présentation où il s’agira de comprendre la réception de cette part de la production française.

20 janvier 2023 (10 h-12 h) : (Intervenant à confirmer)

17 février 2023 (10 h-12 h) : Emmanuel Pernoud (Professeur émérite en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Beraldi : une plume du XVIIIe siècle pour écrire l’estampe

Henri Beraldi (1849-1931) est un personnage à multiples facettes : grand collectionneur, il fut également un grand historien de l’estampe et du livre et un non moins célèbre historien du pyrénéisme. Catalographe essentiel pour l’amateur et le chercheur, il se distingue parmi ses pairs par un style d’écriture unique. Chez lui, l’art de la digression vient contrebalancer la sécheresse du catalogue. On pourrait dire ainsi qu’il contrecarre l’esprit de système, typique de son siècle, par une fantaisie héritée de Sterne, de Le Sage et de Diderot. Nous interrogerons cette inspiration du xviiie siècle, chez l’historien Beraldi, en la remettant en contexte.

17 ou 31 mars 2023 (10 h-12 h) : Marie Jacob (Maîtresse de conférences en histoire de l’art médiévale, Université Rennes 2), Les publications de la Société des Bibliophiles françois, et Aurélie Dupuy (M2, École du Louvre), Renée Pingrenon (1873-1962), une bibliophile féministe et socialiste ?

Les publications de la Société des Bibliophiles françois

Fondée en 1820, réunissant collectionneurs et érudits, la Société des Bibliophiles françois a été à l’origine de nombreuses publications de fac-similés de manuscrits et de réimpressions d’ouvrages rares. Issue du dépouillement de ses archives déposées à la Bibliothèque de l’Arsenal, la communication portera sur le programme éditorial et les ambitions scientifiques de cette Société guidée par « l’amour du livre ».

Renée Pingrenon (1873-1962), une bibliophile féministe et socialiste ?

Militante féministe, conférencière pour diverses associations et sociétés de bibliophiles, rédactrice et critique d’art pour la presse spécialisée du livre, Renée Pingrenon est une figure singulière du monde de la librairie au début du xxe siècle. En promouvant l’éducation et l’amélioration des conditions de travail des ouvrières et ouvriers du livre, elle propose une lecture de l’histoire du livre et de l’estampe orientée vers ses engagement féministes et socialistes.

7 avril 2023 (10 h-12 h) : Stéphane Roy (Assistant Professor, Carleton University), Histoire(s) de l’estampe et sociabilité savante : la Société pour l’étude de la gravure française (1911-1939)

La Société pour l’étude de la gravure française voit le jour en 1911 dans un contexte de rivalités nationales sur le plan de la recherche en histoire de l’art. Regroupant un aéropage d’experts, de conservateurs, de chercheurs, d’artistes, de marchands d’art et de collectionneurs, la SEGF cherche, entre autres choses, à se doter d’outils de recherches comparables à ceux existant déjà dans l’espace germanophone. Ce « retard », perçu ou véritable, rappelle l’importance des conditions de recherche dans la production de nouveaux savoirs. Il montre aussi combien l’écriture de l’histoire (ici, celle de l’estampe) est un exercice motivé, opposant des approches et des points de vue divergents. Mais l’historiographie de l’estampe ne consiste pas seulement en débats théoriques et méthodologiques renvoyant dos à dos écoles de pensées : elle cache aussi des rapports de forces tiraillant des individus qui, en apparence, partagent des intérêts communs. Le discours sur l’estampe prend-il une coloration différente selon que l’on soit conservateur ou galeriste, graveur ou collectionneur? La SEGF constitue, à cet égard, un champ d’observation exemplaire.

Les séances auront habituellement lieu à l’École du Louvre ; elles seront retransmises par visio-conférence. Pour assister au séminaire, merci de s’inscrire à l’adresse suivante : pascale.cugy@univ-rennes2.fr

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