Journée d’étude : « Connecteurs divins, objets de dévotion en représentation dans l’Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècle) » (Rouen, 15 juin 2018)

Journée d’étude : « Connecteurs divins, objets de dévotion en représentation dans l’Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècle) » (Rouen, 15 juin 2018)

Journée organisée par l’Université de Rouen (GRHis), avec le concours de l’archevêché de Rouen, et en association avec les universités de Montpellier, Genève et Lausanne
A l’Archevêché de Rouen (salle du conseil)

Entrée libre – Inscription préalable obligatoire : f.cousinie[@]orange.fr

Présentation :

L’histoire de l’art a, depuis longtemps, intégré l’importance du spectateur et du contexte à la fois perceptif, cognitif et pragmatique qui, dans un temps et un espace déterminés, organise son rapport spécifique à une œuvre. Certains éléments restent cependant sous-évalués sinon ignorés : ce sont les objets, « appareils » et autres « prothèses » perceptives qui, dans bien des cas, contribuent de façon décisive à l’appropriation et à l’usage effectif des représentations. Si cet ensemble d’objets a pris une place déterminante à l’époque contemporaine, leur importance n’est pas moins grande dans le passé, notamment dans le champ des représentations religieuses. Loin en effet d’un face à face que l’on imaginerait immédiat et exclusif entre dévots chrétiens et représentations iconiques, nombre de pratiques spirituelles de l’époque moderne impliquent à la fois des images de différents statuts (images mentales, gravures, peintures, sculptures) et une série d’objets ou d’ « objets-images » associés : chapelets, croix et crucifix, médailles, scapulaires, enseignes de pèlerinage, amulettes, agnus dei, manuels et ouvrages de dévotion, mais aussi ex-voto, paperoles, reliques « domestiques » et autres supports mémoriels.
Prières, lectures, méditations visent alors à engager une forme de relation avec le divin qui, même sous ses formes les plus abstraites, est presque toujours médiée, articulée et structurée, par ce que nous proposons de désigner comme des « connecteurs divins ». Au sein d’une configuration inclusive associant images, objets et destinataires, il faut admettre que corporalité, (multi-) sensorialité et matérialité réinvestissent nécessairement ce « commerce des confins » (Alphonse Dupront) auquel se livrent alors en ce monde croyants et dévots.
Notre rencontre se propose d’étudier, à travers une série d’études de cas exemplaires, certains de ces objets et plusieurs de ces pratiques qui concernent non seulement les catholiques mais également – non sans restrictions, réserves, transformations, déplacements, altérations, désacralisations et évolutions dans le temps –, les communautés réformées. Plutôt que de traiter directement de tel ou tel objet isolé de son contexte signifiant, nous proposons de les envisager, de façon privilégiée, à partir d’un ensemble d’œuvres où, sous un mode réflexif, sont représentés et mis en situation ces différents types d’objets dans une relation intermédiale : sculptures funéraires (avec représentation du chapelet par exemple), scènes de genre et portraits (peints ou gravés) de dévots ou de saints (avec représentation d’un crucifix, d’un livre, d’une image de dévotion, etc.), scène de donation ou d’invention d’une dévotion (Rosaire, Scapulaire, Cordon de saint François ou Ceinture de saint Augustin, etc.), espaces représentés ou espaces réels, privés ou ecclésiaux, incluant la représentation de ces objets ou de ces images (certaines chapelles du Rosaire par exemple), et jusqu’à certaines évocations littéraires de ces scènes et de ces objets.
Nombre d’enjeux nous paraissent essentiels. Outre l’affirmation ou la confrontation identitaire de communautés concurrentes mais partageant nombre de croyances communes, c’est l’évocation de la mise en œuvre concrète de la dévotion qui nous paraît être ici décisive et que nous voudrions réinterroger : dans ses différentes étapes (sa « chaîne opératoire »), comme dans ses dispositifs formels et l’ensemble varié de ses modalités effectives : voir, prendre telle posture, porter, manipuler, échanger, lire, penser, imaginer, prononcer certaines paroles, ressentir certains affects, etc.

Organisée par l’Université de Rouen (GRHis), avec le concours de l’archevêché de Rouen, et en association avec les universités de Montpellier, Genève et Lausanne, cette première journée d’étude introductive sera prolongée par une nouvelle rencontre en 2019. Les actes en seront publiés.

Comité scientifique

Christian Belin (Université Paul Valéry, Montpellier)
Frédéric Cousinié (Université de Normandie-Rouen)
Daniela Solfaroli et Jan Blanc (Université de Genève)
Léonie Marquaille (Université de Lausanne).

Programme

  • 9h30 -Anne LEPOITTEVIN (Université de la Sorbonne Paris IV), « Images et usages de l’Agnus Dei à l’époque moderne ».
  • 10h15-Emmanuele FRIANT (Université de Montréal), « Dire la foi, montrer le soi. Le rosaire, entre prescrit et vécu, entre nature et culture dans la France des XVIe et XVIIe siècles ».
  • 11h00-Daniela SOLFAROLI CAMILLOCCI (Université de Genève), « Du vrai honneur de la Vierge : le rosaire entre dénonciations et défenses ».
  • 11h45-Frédéric COUSINIE (Université de Rouen-Normandie), « Incorporation spirituelle : ceinture, cordon, scapulaire (France, XVIIe siècle) ».
  • 14h30-Jan BLANC (Université de Genève), « Le crucifix et ses usages dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle ».
  • 15h15-Léonie MARQUAILLE (Université de Lausanne), « Johannes van Neercassel et les marques extérieures de dévotion dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle ».
  • 16h00-Célia ZUBER (Paris-Ehess, Université de Genève), « Conversion d’objets, conversion de lieux : La Madeleine avec deux anges du Guerchin à l’église Santa Maria Maddalena delle convertite ».

Source : Site Internet du GRHis

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