Mieux connue sous l’angle des arts « premiers » ou de la création contemporaine, l’histoire des arts d’Afrique comporte encore de vastes pans oubliés, en particulier en ce qui concerne l’époque moderne. L’exposition parisienne Les Magiciens de la Terre est communément considérée comme fondatrice en ce qu’elle ouvre officiellement la voie de la scène internationale à certains plasticiens africains en 1989. Mais avant que cette prétendue « magie » n’opère, comment reconstituer et comprendre le fonctionnement de la scène artistique moderne ?
La notion de modernité artistique africaine peut être définie comme l’avènement d’une nouvelle organisation sociale autour de l’art et l’emploi de techniques d’inspiration occidentale, observable sur le continent dès les années vingt. Au lendemain des Indépendances, différents États africains vont tenter d’articuler arts et politique nationaliste, pour mieux asseoir leurs idéologies révolutionnaires, valoriser l’idée de « bantouïté », de négritude ou de zaïrianisation, par exemple. Les œuvres d’art réalisées dans ce contexte attestent du rôle politique actif dévolu à certains artistes, ainsi que du développement de pratiques artistiques qui tentent de mêler références à une modernité artistique d’inspiration européenne et valorisation d’une certaine « idée d’Afrique », pour reprendre les termes de V.Y. Mudimbe.
Cette journée d’étude se concentrera sur les rapports entre sphères artistiques et sphères de pouvoir. Elle entend examiner différentes tendances de l’art visuel moderne africain, la période historique considérée s’étendant des années soixante à la fin des années quatre-vingt – époque qui amorce la diffusion internationale d’un certain art africain contemporain au travers d’une succession d’expositions collectives. L’enjeu scientifique est de participer à l’écriture d’un chapitre encore méconnu de l’histoire des arts de l’Afrique : celui dédié à l’art moderne.
Programme
Les modernismes, entre art et politique
Modératrice : Maureen Murphy (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne/ HiCSA)
- 9h30 : Accueil et introduction : Nora Greani et Maureen Murphy
- 10h00 : Romuald Tchibozo (Université d’Abomey-Calavi), Gouvernement révolutionnaire et production artistique au Bénin
- 10h30 : Nora Greani, (Labex CAP-LAHIC, HICSA, musée du quai Branly) Modernité artistique au Congo-Brazzaville au temps du « mono »
- 11h00 : Débat et pause
- 11h30 : Alexandre Girard-Muscagorry (Ecole du Louvre, ESSEC), La modernité en cadeau ? Regards des acteurs étatiques africains sur les arts visuels nationaux
- 12h00 : Katja Gentric (Centre Georges Chevrier, Dijon) « Culture is a weapon of our struggle » en amont et en aval de The Culture and Resistance Festival, Gaborone
- 12h30 : Débat et pause
La figure de l’artiste moderne
Modérateur : Philippe Dagen (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne/ HiCSA)
- 14h30 : Emilie Goudal (Université Paris Ouest Nanterre – HAR) Ecrire une histoire de l’art moderne en Algérie : Mohamed Khadda, pensées pour « un art nouveau »
- 15h00 : Sarah Ligner (Musée Marc Chagall, Nice), Ernest Mancoba, un artiste moderne africain ?
- 15h30 : Débat et pause
- 16h00 : Joshua I. Cohen (The City College of New York), Souleymane Keita : traversée de l’océan
- 16h30 : Manon Schwich (School of Oriental and African Studies, Londres), El Hadji Sy : démanteler et re-construire des archipels de création
- 17h00 : Débat et conclusion
Lundi 14 septembre 2015
INHA, Salle Julian
2 rue Vivienne
Paris, France (75002)
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