Journée d’études de la revue Marges : « Femmes artistes-Femmes créatrices » (Paris, 11 octobre 2025)

Journée d’études de la revue Marges : « Femmes artistes-Femmes créatrices » (Paris, 11 octobre 2025)

Dans un célèbre essai paru en 1971 dans la revue ARTnews, l’historienne de l’art Linda Nochlin posait la question de manière un peu provocatrice : Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? Pour elle, il ne s’agissait pas simplement de réhabiliter telle ou telle figure ignorée ou oubliée, mais bien de comprendre en quoi la création artistique avait été aussi peu ouverte aux femmes. L’ensemble du texte visait ainsi à mettre en avant la dimension structurelle du problème et sa traduction au sein des institutions de l’art. Ses travaux pionniers sont suivis dix ans plus tard par ceux de Rozsika Parker et Griselda Pollock qui dans leur livre Maîtresses d’autrefois. Femmes, art et idéologie (Pandora Press, 1981), s’attachaient à démontrer que l’écriture de l’histoire de l’art moderne avait ignoré l’existence des femmes artistes pourtant toujours présentes et actives.

Malgré les enjeux contemporains liés au statut de la femme dans la société, les choses ont néanmoins un peu évolué
depuis la montée des mouvements féministes des années 1970 ; notamment grâce aux recherches, aux engagements
militants et aux artistes elles-mêmes, qui ont revendiqué une plus grande place dans les espaces de représentation
et de production des savoirs. En effet, la création des femmes artistes est depuis plusieurs décennies un objet de
recherche au cœur des réflexions sur l’art actuel ou passé dans le milieu de l’art et des universités. Pour ne citer
que quelques exemples, en 1987, s’ouvre le National Museum of Women in the Arts (Washington), l’un des premiers
musées de ce type. Entre 2009 et 2011, le Centre Pompidou (Paris), sur une idée de la conservatrice Camille Morineau, présente l’exposition « elles@centrepompidou », un accrochage entièrement dédié aux femmes artistes de la collection du Musée national d’art moderne. Plus récemment, en 2022, Cecilia Alemani, commissaire générale de
la 59e Biennale d’art de Venise, conçoit « The Milk of Dreams ». Cette exposition quasi-exclusivement consacrée aux
femmes artistes accorde, d’une part, une place significative à des figures historiques et contemporaines et, d’autre
part, provoque une réévaluation des formes de création autrefois marginalisées et associées aux femmes (poterie,
tissage, pratiques corporelles…).

Ces événements trouvent un écho dans la sphère universitaire : longtemps invisibilisées, très souvent marginalisées,
les femmes artistes font de plus en plus l’objet de travaux de chercheuses et de chercheurs dans de nombreux
domaines comme l’histoire de l’art, la muséologie, l’histoire, la sociologie, l’architecture, le cinéma ; une réflexion
élargie permettant notamment de faire découvrir ou redécouvrir des artistes et créatrices ignorées.

Programme :

Samedi 11 octobre 2025 à l’INHA, Salle Walter Benjamin, 2 rue Vivienne, 75002 Paris (Métro Bourse)

9h30 Introduction Valérie Da Costa / Jérôme Glicenstein (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)

9h45 « La femme peintre et sculpteur du XVIIe siècle au XXe siècle » (Grand Palais, 1975) : une exposition pionnière
oubliée ? / Manon Lebreton (École du Louvre, Paris)

10h30 « Une exposition en cours : réflexions et réponses ». Les expositions de poésie visuelle féminine organisées
par Mirella Bentivoglio entre 1972 et 1978 / Caterina Schiera (Université Sapienza, Rome)

11h15 Peindre entre « deux vagues » (1945-1970). Des réseaux féminins à la lumière des savoirs situés / Lyse
Vancampenhoudt (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / Université catholique de Louvain)

12h Exposer l’invisible : le cas de Titina Maselli et les mécanismes de reconnaissance genrée / Carolina Sprovieri
(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris / École française de Rome)

PAUSE DEJEUNER (13h-14h)

14h Les femmes et les créations textiles dans l’exposition consacrée aux 50 ans du Bauhaus à partir de la trajectoire
de Marta Erps-Breuer / Ana Julia Melo Almeida (Universidade de São Paulo et Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec le soutien du FAPESP)

14h45 Broder la mémoire et la lutte : pratiques textiles féministes dans l’espace public argentin / Sophia Sablé
(Université Toulouse Jean Jaurès, CEIIBA)

15h30 Exposer le corps, réparer l’Histoire : pratiques féminines du visible entre mémoire, care et subversion /
Kaoutar el Ouahabi (Université Cadi Ayyad de Marrakech)

16h15 Pratiques critiques du care en art : perspectives féministes, institutionnelles et infrastructurelles / Ariane
Fleury (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris)

17h Discussions, conclusions et perspectives

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