Journée d’études : Le sacré dans le patrimoine

Cette journée d’études est le fruit d’une rencontre inédite entre des étudiants en droit du patrimoine – élèves de master et doctorants à l’ISP – et des élèves conservateurs de l’INP, issus de toutes les spécialités.

Sacré et patrimoine façonnent deux expériences de l’interdit, qui ressortissent aussi bien à des normes juridiques qu’à un ensemble de principes intériorisées : défense de voir, de toucher, de circuler librement… L’ensemble de ces règles sont productrices de sens et de valeur spécifiques pour les objets et les usages dont ils s’emparent. Ces deux espaces semblent s’ignorer, le patrimoine procédant d’une définition juridique objective, si ce n’est d’une construction sociale objectivée, tandis que le sacré naît d’un ensemble de croyances subjectives. La particularité de cette journée d’étude est de questionner cette distinction. Les interactions entre patrimoine et sacré, leurs convergences comme leurs écarts, créent un faisceau de dynamiques complexes, entre complémentarité, recouvrement et contradiction. Pour analyser ces dynamiques, deux axes seront abordés : comment les pratiques patrimoniales se saisissent-elles du sacré et, en regard, comment le sacré s’incarne-t-il dans des usages du patrimoine ?

Les pratiques patrimoniales face au sacré
Ces interactions, qu’il s’agisse d’exposer, de restaurer, de fouiller ou même de vendre le sacré, peuvent produire un chevauchement de statuts qui n’est pas sans susciter des questionnements et des difficultés, du point de vue du droit comme de la conservation. Administrer le sacré en patrimoine devient alors un enjeu de cohabitation ou d’aménagement entre ces deux espaces, leurs usages et règles respectifs. Quelles transactions sont alors possibles, sinon souhaitables, voire impératives, entre le culturel et le cultuel ?

Les usages sacrés du patrimoine
La réciproque est autrement délicate, quand le sacré fait irruption dans l’espace patrimonial. L’accueil du sacré des individus dans l’espace patrimonial se révèle autant multiforme que plurivoque, tantôt niant tantôt renforçant la patrimonialité des objets et des usages.
La plus étonnante peut-être de ces interactions est aussi la plus intestine, lorsque la patrimonialisation est elle-même créatrice de sacré. Si le rôle de la vitrine de musée, qui isole et protège l’œuvre, est bien connu, qu’en est-il des pratiques professionnelles qui organisent la fétichisation des biens culturels, jusque dans des espaces de conservation fermés au public ? Les institutions patrimoniales, en créant ces néo-reliques, ne renouvellent-elles pas – n’excèdent-elles pas – alors leur fonction, notamment au regard du droit et de la fonction qui leur assignée ?

Journée d’études organisée par l’Institut national du patrimoine et l’Institut des Sciences sociales du Politique

Comité scientifique : Lorena Audouard, Ronan Bretel, Laure Coupillaud, Kevin Daligault, Xavier de Saint Chamas, Sophie Dutheillet de Lamothe, Alice Fabris, Alexandre Girard-Muscagorry, Cléa Hance, Amélie Hurel, Mathilde Labatut, Inès Lamouri, Amandine Lizot, Maud Marron, Delphine Miroudot, Juliette Patron, Anna Pirri, Apolline Sans, Honoré Tchatchouang, Pierre Triomphe, Joëlle Vaissiere

PROGRAMME

9h00 – Accueil du public

9h15 – Mots d’accueil & Présentation de la journée d’études
Christian Hottin & Vincent Négri

9h30 – Propos liminaires – Introduction au sacré dans le patrimoine
Nathalie Cerezales (docteure en histoire de l’art)

10h00-12h30 – Les pratiques patrimoniales face au sacré

1. Des transitions, du sacré au patrimonial

▪ Le sacré comme modèle propriétaire
Inès Lamouri, doctorante en droit public (Serdeaut/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

▪ La conservation du patrimoine cultuel à l’épreuve du droit local : le cas du patrimoine consacré alsacien-mosellan
Louis-Napoléon Panel, conservateur des monuments historiques

(Pause)

2. Administrer le sacré

▪ Est-ce profaner que préserver ? Les pratiques de conservation matérielle et leur impact sur les objets sacrés
Éléonore Kissel, Responsable du pôle Conservation-restauration (Musée du quai Branly – Jacques Chirac)

▪ L’exploration archéologique du sacré
Loréna Audouard, élève-conservateur (Institut national du patrimoine) & David Lavergne, conservateur (SRA/DRAC PACA)

▪ Le marché de l’art confronté au sacré
Ronan Bretel, doctorant en droit privé (Institut des Sciences sociales du Politique)

14h00-17h00 – Les usages sacrés du patrimoine

1. L’irruption du sacré

▪ Le sacré comme une arme ; les revendications de biens sacrés
Alice Fabris, doctorante en droit public (Institut des Sciences sociales du Politique) & Amandine Lizot, doctorante en droit public (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne & Institut des Sciences sociales du Politique)

▪ De la religion au musée à la religion du musée : translocations patrimoniales et autorité muséale
Jean Rey-Regazzi, doctorant en muséologie à l’Université du Québec à Montréal et conservateur à l’Univers culturel de Saint-Sulpice (Montréal)

▪ La place du sacré dans la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel
Cléa Hance, doctorante en droit public (Institut des Sciences sociales du Politique & Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines)

(Pause)

2. Reliques patrimoniales, une nouvelle sacralité ?

▪ Dans les coulisses des institutions patrimoniales : enquêtes sur l’ordinaire des œuvres
Yaël Kreplak, sociologue, chercheuse associée au CERLIS (Université Sorbonne Nouvelle et Paris Descartes) et au CEMS-IMM (EHESS)

▪ Du trésor des chartes au trésor national : une notion à double lecture
Amélie Hurel, élève-conservateur (Institut national du patrimoine) & Kevin Daligault, doctorant en droit public (Institut des Sciences sociales du Politique)

▪ Les labels : une nouvelle identité patrimoniale ?
Apolline Sans (Institut des Sciences sociales du Politique)

17h00 – Conclusion
Christian Hottin, directeur des études et de la recherche à l’INP

Pour plus d’information, contacter Emilie Maume, chargée des manifestations culturelles et scientifiques : manifestations.scientifiques@inp.fr

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