Alors que l’Ukraine est envahie, la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie (RMM) et l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), appuyés par le Musée du Louvre, le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, la Bibliothèque nationale de France (BnF), le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), l’ICOM France, l’École du Louvre, le Comité français d’histoire de l’art (CFHA), l’association générale des conservateurs des collections publiques de France (AGCCPF) les associations d’Amis de musées (AMAR, AMMD), la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Normandie, prennent l’initiative d’ouvrir un forum culturel pour faire vivre la culture et le patrimoine ukrainiens menacés.
La prochaine conférence au programme est la suivante :
« Marie Bashkirtseff, de Poltava à Paris : une peintre “citoyenne” ? »
Par Sylvie Patry (musée d’Orsay)
À la fin du XIXe siècle, Paris se vit comme la capitale internationale des arts. Peintres, sculpteurs, musiciens venus d’Europe, d’Amérique et d’Asie affluent pour s’y former, y faire carrière. Parmi ces artistes, Marie Bashkirtseff a un destin aussi fulgurant qu’original. On oublie souvent qu’elle est née en Ukraine d’une famille d’aristocrates provinciaux. À la fin des années 1870, elle s’établit à Paris où elle remporte quelques succès avec des tableaux naturalistes. Soucieuse de passer à la postérité, elle rédige un journal qui est encore aujourd’hui une source précieuse sur la vie artistique et le statut des femmes. Car Bashkirtseff est aussi une féministe convaincue et combative, aux côtés de Hubertine Auclert mais également au sein de l’Union des femmes peintres et sculpteurs, qui lui rendra hommage en 1885, après sa mort prématurée à l’âge de 24 ans. Dans les années qui suivront, sa mère donnera près de la moitié de son œuvre à des musées russes et ukrainiens. Emblématique de cette haute société cosmopolite, qui vit et voyage à travers l’Europe, Bashkirtseff est restée cependant liée toute sa vie à l’Ukraine.
Sylvie Patry est conservatrice générale du patrimoine. Depuis 2017, elle est directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay. Auparavant, elle a été directrice adjointe de la Fondation Barnes à Philadelphie, conservatrice en chef au musée d’Orsay pendant dix ans, mais également pensionnaire à l’INHA. Elle est spécialiste de l’impressionnisme et du post-impressionnisme, tout en travaillant avec quelques grands artistes de notre temps. Elle a signé de nombreuses expositions internationales en France et à l’étranger, telles que « Le Décor impressionniste » (en cours, au musée de l’Orangerie), Morisot en 2019, Durand-Ruel en 2014, Monet en 2010, ou Renoir en 2009. Elle a contribué à des publications sur la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle et vient de diriger le catalogue raisonné des Cézanne de la collection Barnes. Elle prépare entre autres une exposition sur la première exposition impressionniste de 1874 qui sera présentée en 2024 au musée d’Orsay et à la National Gallery de Washington.
Mercredi 11 mai à 18h30 (Paris, Institut national d’histoire de l’art, auditorium Jacqueline Lichtenstein de la galerie Colbert)
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