Présentation de
The Conservation Movement: A History of Architectural Preservation. Antiquity to Modernity, par Miles Glendinning
et
Le Patrimoine monumental. Sources, objets et représentations, par Jean-Yves Andrieux et Fabienne Chevallier
La publication récente de deux ouvrages interrogeant la notion de patrimoine – The Conservation Movement et Le Patrimoine monumental – marque un renouvellement de la réflexion, dépassant le cadre traditionnel de l’histoire juridique et institutionnelle. Chronologiques, les deux récits retracent les grandes étapes de la dynamique patrimoniale : les prémisses de l’Antiquité à la Renaissance, les fondations posées à l’époque moderne, l’instant décisif de la Révolution, le développement continu, conceptuel et institutionnel, aux XIXe et XXe siècles, jusqu’à la crise et la remise en question actuelles. L’ambition commune des auteurs n’est pas tant une nouvelle histoire du patrimoine qu’un exposé des différentes lignes de force, politiques, sociales, intellectuelles et culturelles, qui mobilisent la question des monuments.
Embrassant l’Europe et les États-Unis, avec un accent sur le XXe siècle, la contribution de Miles Glendinning se présente comme une cartographie dynamique et intellectuelle de la notion de patrimoine. Souvent compartimentée dans l’histoire des politiques culturelles, celle-ci correspond en fait à un profond courant de pensée, doté de son propre système de valeurs, une idéologie, le « Conservation Movement », en prise directe avec les grands mouvements politiques, économiques et sociaux du monde occidental. Consacré à la France, l’ouvrage de Jean-Yves Andrieux et Fabienne Chevallier participe également de cette volonté de rompre avec une idée figée dans sa définition juridique, au profit d’une archéologie du fait monumental, appréhendé à la fois dans sa genèse spirituelle, politique et culturelle, institutionnelle et émotionnelle. Les interactions constantes entre le concept et ses représentations, par l’écrit et par l’image, offrent l’opportunité de reconsidérer les grandes problématiques auxquelles est confrontée la société française, dans son rapport tant à l’histoire et à la mémoire qu’à son présent.
Miles Glendinning est professeur, titulaire de la chaire d’Architectural Conservation à la University of Edinburgh et directeur du Scottish Centre for Conservation Studies. Il a publié de nombreuses contributions sur l’architecture et le logement de la période moderne et contemporaine, dont l’ouvrage primé Tower Block: Modern Public Housing in England, Scotland, Wales and Northern Ireland (1994, avec Stefan Muthesius) ; Modern Architect : the Life and Times of Robert Matthew (2008); Architecture’s Evil Empire – the Triumph and Tragedy of Global Modernism (2010). Il mène actuellement mène une recherche internationale sur l’histoire du logement collectif au XXe siècle, à la fois à travers une approche globale du phénomène et des études de cas emblématiques, notamment Hong Kong. Publié en 2013, The Conservation Movement: a History of Architectural Preservation from Antiquity to Modernity propose une vaste fresque de la protection patrimoniale en Occident.
Professeur des universités depuis 1993, Jean-Yves Andrieux enseigne l’histoire de l’art contemporain et de l’architecture à l’université de Paris-Sorbonne. Il est membre du Centre André Chastel à Paris et du Groupe de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines à Montréal, Canada (université du Québec à Montréal-UQÀM). Ses travaux sur l’architecture et le patrimoine portent sur l’analyse du cadre bâti et sur la période contemporaine, en France et en Europe. Lauréat du grand prix historique de Provence, en 2002, pour un livre consacré à l’abbaye du Thoronet, il est directeur de collection aux Presses universitaires de Rennes. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreux articles et contributions, il a récemment publié L’abbaye de Sénanque : Berliet et l’invention du mécénat industriel (2005) ; L’architecture de la République : les lieux de pouvoir dans l’espace public en France, 1792-1981 (2009) ; L’architecte Arthur Regnault (1839-1932) : la quintessence de l’art sacré (2011) ; L’architecte Georges Maillols (1913-1998) (2013, avec Simon Letondu) ; Le patrimoine monumental : sources, objets et représentations (2014, avec Fabienne Chevallier) ; Villes de Bretagne : patrimoine et histoire (2014).
Fabienne Chevallier est administratrice civile et historienne de l’art (H.D.R.). Elle est membre associée du laboratoire histoire et critique des arts à l’université Rennes2. Elle a publié des ouvrages et des articles sur les styles nationaux, la modernité architecturale et urbaine, l’histoire de Paris au XIXe siècle, et sur le fait monumental. Présidente de DOCOMOMO France de 2002 à 2005, elle a fait partie du groupe d’experts créé par la Ville du Havre pour préparer la candidature du centre reconstruit par Auguste Perret à la Liste du patrimoine mondial. Depuis 2010, elle a fait paraître Le Paris moderne, histoire des politiques d’hygiène 1855-1898 (2010, ouvrage deux fois primé) ; La naissance du Paris moderne : l’essor des politiques d’hygiène (1788-1855) (2012) ; Le patrimoine monumental : sources, objets et représentations, co-écrit avec Jean-Yves Andrieux (2014). Elle a contribué à des catalogues d’expositions (Napoléon III et les principautés roumaines, au musée d’art de Bucarest et au musée de Compiègne, 2009 ; Akseli Gallen-Kallela : une passion finlandaise, Musée d’art de Helsinki, Musée d’Orsay, Museum Kunstpalast à Düsseldorf, 2012). Ses travaux les plus récents portent sur l’architecture et l’art chrétien en France au XIXe siècle.
Organisation : Stéphanie Quantin (pensionnaire, INHA)
8 septembre 2015 – 18h
Salle Vasari, Galerie Colbert, 1er étage
Entrée libre dans la limite des places disponibles
2, rue Vivienne
75002 Paris
Pour en savoir plus, cliquez ici.
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