Dans le cadre du séminaire de recherche de la Villa Médicis, Céline Bonnot-Diconne, pensionnaire restauratrice, invite Jean-Pierre Fournet, historien d’art et spécialiste des décors en cuir doré.
Les cuirs dorés (souvent appelés de façon ambiguë « cuirs de Cordoue » en France) sont de luxueux décors qui furent utilisés dans toute l’Europe, surtout du XVIe siècle à la fin du XVIIIe siècle, pour orner l’intérieur des plus riches demeures. On les employa pour confectionner des tentures murales mais aussi des paravents, des sièges et des coussins. Les cuirs dorés ne se définissent pas par la présence d’or dans le décor mais par l’existence, collée sur le cuir, d’une feuille d’argent qui prenait un aspect doré après l’application sur sa surface d’un vernis jaune obtenu en chauffant des résines végétales dans de l’huile de lin. De façon paradoxale, c’est la présence de la feuille d’argent qui définit le cuir doré.
La restauration des cuirs dorés anciens est une entreprise délicate qui requiert des connaissances touchant des domaines très variés. Il est essentiel de prendre en compte l’histoire de ces remarquables décors mais il faut aussi en connaître les techniques de fabrication. Ces notions indispensables doivent être complétées par les acquis scientifiques des dernières décennies concernant la dégradation des matériaux en présence (cuir, argent, vernis et matière picturale). Le séminaire évoquera l’intérêt de mêler les disciplines et l’importance du dialogue entre spécialistes pour aboutir à une meilleure connaissance des oeuvres.
09h30 – 1. Jean-Pierre Fournet, « Histoire et iconographie des décors en cuir doré » – 2. Céline Bonnot-Diconne, « Technique de fabrication et problèmes de restauration » – 3. Table-ronde : « Apport des analyses scientifiques pour l’étude des œuvres en cuir doré : institutions, moyens et méthodes »
Jean-Pierre Fournet est docteur en médecine et diplômé d’Etudes Supérieures de l’Ecole du Louvre. Il a consacré son travail de recherche de troisième cycle à l’étude des cuirs dorés anciens en France ; en procédant à une exploration systématique et méthodique du territoire national, ses investigations lui ont permis de retrouver et de documenter plus d’un millier de ces œuvres encore conservées. La plupart des décors relevant du domaine public ont ainsi pu être répertoriés ; les œuvres privées sont plus difficiles à inventorier, mais de nombreuses collections, souvent toujours exposées, ont cependant pu être identifiées et étudiées. Il a pu replacer l’analyse de cet ensemble français dans le contexte européen de l’époque, notamment grâce à sa collaboration avec les spécialistes étrangers actuels, notamment aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie. Il a publié de nombreux articles sur le sujet et donné plusieurs conférences ; il participe aux réunions du groupe « cuir » de l’ICOM-CC. Il prépare actuellement un ouvrage sur les cuirs dorés français dans le contexte européen des XVIIe et XVIIIe siècles.
Céline Bonnot-Diconne. Restauratrice de formation, titulaire d’une Maîtrise d’Archéologie (Lyon II) et d’un Master 2 en Conservation-Restauration (Paris I), elle est pensionnaire de l’Académie de France à Rome. Spécialiste du matériau cuir, elle a créé en 2002 le Centre de Conservation et de Restauration du Cuir, structure unique en France, exclusivement dédiée à la restauration de ce patrimoine. Elle a suivi des stages de perfectionnement au Canada et en Grande-Bretagne, notamment au Leather Conservation Centre (Northampton, Grande-Bretagne) et à l’Institut Canadien de Conservation (Ottawa, Canada) et au Museum of Anthropology (Vancouver, Canada). Particulièrement intéressée par la conservation-restauration des cuirs dorés polychromes, elle a publié plusieurs articles et donné des conférences sur ce sujet. Elle est coordinatrice du groupe « Cuir » de l’ICOM- CC (Conseil International des Musées – Comité pour la Conservation) et milite pour la reconnaissance de l’intérêt patrimonial artistique et historique des collections d’objets en cuir.
Table-ronde en présence de Madame Claire Pacheco, ingénieur au Centre de Recherche des Musées de France et chargée de recherches sur Aglaé (Louvre, Paris), de Madame Laurianne Robinet (ingénieur au Centre de Recherche sur la Conservation des Collections, Paris) et de Mesdames Mariabianca Paris et Marcella Ioele (Istituto Superiore per la Conservazione ed il Restauro, Rome).
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