Séminaire : « La statuaire et les dynamiques en oeuvre dans l’espace public » | 2024-2025
Depuis l’Antiquité, l’empreinte matérielle de la statuaire dans l’espace public soulève des réactions multiples. De leur conception dans un matériau défiant le temps (marbre, bronze, etc.), à leur installation à la vue de tous, aux réemplois marquant un changement d’affectation, jusqu’aux destructions et mutilations idéologiques, les sculptures apparaissent comme des marqueurs d’attentes et d’ambitions politiques, sociales, religieuses ou esthétiques.
Les inaugurations de statues et plus encore leurs déboulonnages et les dégradations plus ou moins irréversibles dont elles font l’objet – plus largement cet iconoclash dont parle Bruno Latour – constituent la partie la plus visible et la plus spectaculaire de la « vie » des statues dans l’espace public. Il est cependant à noter que toutes les statues, tous les monuments ne sont pas touchés et dégradés, ne l’ont pas été et ne le seront pas. Aussi, l’objectif de ce séminaire est-il de considérer les visées assignées à la statuaire dans l’espace public et, à rebours, de s’intéresser à « ce que font » les statues à l’espace public. Le terme d’« espace public » est ici entendu dans une acception large, celle de lieux accessibles à la population dans son ensemble, qu’ils soient couverts ou de plein air, en lien avec des pratiques urbaines diverses.
Pensé sur le temps long, mais avec un regard particulier porté sur la période moderne, ce séminaire cherchera à considérer les mouvements complexes qui sont à l’œuvre dans le dialogue entre la sculpture et son environnement. En regard des réflexions proposées en histoire, en sociologie et en anthropologie, l’enjeu de l’histoire de l’art est de participer à la réflexion sur la statuaire, de la considérer non pas seulement comme document, dans le sens de marqueurs de mouvements, mais comme monuments à part entière en interaction avec le monde qui les entoure ; de réunir approche sémiotique (s’intéressant aux signes et significations des oeuvres), études historique et culturelle, de leur création et de leur réception. Finalement prendre en compte les différents temps des œuvres et ce qu’elles produisent dans les sociétés en considérant également les effets positifs des controverses dont elles font l’objet et les formes de leur retour en grâce. Ces divers aspects trouvent leur prolongement dans les problématiques de conservation et de restauration dont se saisissent en particulier les conservateurs du patrimoine.
Contact :
Émilie Roffidal CR CNRS HDR (emilie.roffidal@cnrs.fr)
Lieu : Maison de la recherche, Université Toulouse-Jean Jaurès
Certaines séances sont organisées en duplex avec l’université de Montpellier, département d’histoire de l’art (Fabienne Sartre, MCF : fabienne.sartre@univ-montp3.fr), où d’autres séances sont également menées en parallèle.
Programme
– 28 janvier 2025 : 14h-16h
UT2J, ODG, GH 129
Émilie Roffidal (FRAMESPA) : séance introductive, Les enjeux de la statuaire dans l’espace public
– 11 février 2025 : 14h-16h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
Tomas Macsotay (Universitat Pompeu Fabra) : Autour de “Toppling Things as Memorial Contestation: Spectacle and Affect of Monument Removal” (2024)
– 18 février 2025 : 10h-18h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
Tomas Macsotay (Universitat Pompeu Fabra) avec la participation de Simon Colombo, Tara Cruzol, Émilie Ginestet, Laure Heurtin, Hugo Tardy, Caroline Ruiz, Juliette Souperbie (FRAMESPA), Camille Dody (CRISES) : Formes, usages et devenir des œuvres dans la sphère publique
-18 mars 2025 : 14h-16h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
Pascal Julien (UT2J) : L’obélisque d’Arles : fortune de l’aura antique dans l’espace public
– 1er avril 2025 : 14h-16h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
Juliette Souperbie, Émilie Ginestet et Hugo Tardy (laboratoire FRAMESPA) : La sculpture publique, une historiographie plurielle
– 8 avril 2025 : 14h-16h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
Claire Maingon (Université de Rouen), La sculpture d’architecture est-elle un crime ? Réflexions sur le décor sculpté dans la ville au XXe siècle
– 29 avril 2025 : 14h-16h
UT2J, MDR, salle E 412 (accessible en distanciel)
François Blanchetière (musée d’Orsay), Les statues et nous. Face à la présence physique des monuments dans l’espace public.
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