Appel à contribution : « Hybridation(s). Texte/image »

En 2010, l’équipe de recherche InTRu a ouvert un nouvel axe de recherche sur le rapport entre image et texte, intitulé Iconotextes.  Ce nouvel axe s’intéresse aux objets hybrides dans lesquels l’interaction du texte et de l’image est seule apte à produire le sens, l’émotion, la valeur esthétique et, le cas échéant, la narration. Les réflexions menées dans cet axe recoupent nombre des préoccupations de l’InTRu, l’interaction entre texte et image résultant de processus d’intermédialités et de transferts entre registres, modes, techniques d’expression. La circulation des modèles, l’appropriation de standards de production, les sources esthétiques et les contours politiques de la géographie artistique permettent également de s’interroger sur les questions de transferts, réception et influence en jeu dans la pratique du livre illustré, du dessin animé, de la bande dessinée, de la pratique iconotextuelle. Enfin, le format des objets étudiés, dans la tension entre le populaire et l’académique, le démotique et l’élitiste, entre de plus pleinement dans le champ de réflexion développé dans le premier axe « du banal à l’exceptionnel », l’iconotexte dans ses formes les plus courantes et les plus variables (livre illustré, bande dessinée, dessin animé, roman-photo, etc.) déjouant les canons sacrés de l’histoire de l’art. Pris au sérieux par la recherche, les auteurs/artistes développent à leur tour approches sérieuses de leur art, théorisent leur pratique au sein de leurs travaux tandis que l’approche historique développée par les historiens de l’art observe le lien qui se tisse de la tapisserie de Bayeux au comic strip du XXe siècle, des dioramas du début du XIXe siècle et des bandes dessinées de Rodolphe Töpffer aux images animées numériques. A l’issue du séminaire organisé en 2010-2011, l’équipe organise un colloque final du 11 au 13 mai 2011. Ce colloque clôturera également la résidence à l’université de Tours du dessinateur de Bande dessinée Marc-Antoine Mathieu.

APPEL A CONTRIBUTION

L’hybridation est d’abord le nom d’une catégorie biologique, ou plus exactement le nom d’une rupture ou d’une transgression des limites entre catégories biologiques : un hybride, c’est avant tout le produit d’un croisement, d’une greffe, d’une rencontre littéralement monstrueuse entre des espèces différentes. Etymologiquement, « hybride » renvoie au latin « ibrida », qui désigne le produit de l’union d’un sanglier et d’une truie ; puis le terme a été graphiquement contaminé par le grec « hybris », qui signifie l’excès ou la démesure, de sorte que le mot « hybride » est lui-même hybride.

Appliquée au domaine des arts et des lettres, l’idée d’hybridation semble principalement viser la porosité des registres d’énoncés et des ordres de la représentation. Théorisée dans les premiers ouvrages qui s’emploient à explorer les formes de la « condition postmoderne », qu’il s’agisse de la littérature, de l’architecture ou du fondement des sciences, l’hybridation y est caractérisée par la pratique du détournement, de la citation, du pastiche. Cependant, bien avant de devenir une des pièces du dispositif théorique et esthétique de la postmodernité, l’hybridation est présente dans toutes les œuvres qui se jouent des frontières génériques et artistiques pour construire des formes d’expression rétives à toute univocité et à toute totalisation.

En appliquant la notion d’hybridation aux formes de la rencontre en texte et image, il ne s’agit donc pas tant de vérifier la pertinence historique du « diagnostic » de la postmodernité prononcé dans les années 1970 par Hassan, Jencks ou Lyotard, que de reprendre l’étude de ces formes spécifiques de greffe et de croisement qui jouent dans les dispositifs iconotextuels.

Les rencontres du texte et de l’image fournissent une très belle occasion d’examiner la manière dont les frontières des arts, des genres, des techniques ou des supports s’échangent en permanence leurs déterminations. Des processus de l’adaptation à ceux de la traduction, des rencontres entre pratiques venues d’horizons différents aux interrogations sur les formes de la mémoire graphique des artistes, le champ des interrogations que l’on entend rassembler autour de l’idée d’hybridation est vaste.

L’étude des dispositifs iconotextuels concerne au premier chef la bande dessinée, mais aussi toutes les formes du récit illustré, de l’album pour enfant au roman-photo. La rencontre entre le texte et l’image constitue-t-elle par elle-même une « greffe », un « hybride » ? Détermine-t-elle le caractère « non légitimable » des discours qu’elle engendre ? Favorise-t-elle des formes narratives spécifiques ? Quelle place et quel rôle reconnaître aux formes de sur-hybridation à partir de l’hybridation iconotextuelle (adaptation des comics au cinéma, albums ou revues illustrées accompagnés d’objets, pop-ups, produits dérivés, etc.) ?

Le colloque « Hybridations » entend explorer ces questions, dont la liste est loin d’être exhaustive, en les appréhendant à travers des exemples précis : il ne s’agit pas tant d’élaborer un discours formel général sur le concept d’hybridation que d’en explorer la puissance heuristique en l’appliquant à des études d’œuvres déterminées.

Les propositions d’interventions (4000 signes + CV) sont à remettre par mail pour le 7 mars dernier délai aux organisateurs:
Cécile Boulaire (cecile.boulaire@univ-tours.fr)
Laurent Gerbier (laurent.gerbier@univ-tours.fr)
France Nerlich (france.nerlich@univ-tours.fr)

Organisation : Laboratoire InTRu (JE 2527, http://intru.univ-tours.fr/), Service Culturel de l’Université, avec le soutien du Conseil Scientifique

Comité scientifique : Cécile Boulaire, Pierre Fresnault-Deruelle, Laurent Gerbier, France Nerlich

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