Alors que l’on observe depuis plusieurs années un rapprochement entre musicologues et historiens pour aborder la dimension spatiale et sociale des lieux de musique, les lieux de l’opéra n’ont guère fait l’objet d’une approche interdisciplinaire. Observés sous un angle unique, le plus souvent celui de l’architecture monumentale occupant une place à part dans l’espace urbain, ces lieux de spectacle méritent pourtant d’être abordés de façon plurielle. Ils doivent faire l’objet d’une réflexion prenant en compte la complexité des problématiques liées à ces espaces particuliers, qui sont eux-mêmes multiples. Destinés à accueillir des manifestations liant musique et théâtre, ils se prêtent également au jeu de la sociabilité aristocratique dans un premier temps, puis bourgeoise et, dans une certaine mesure, populaire. Intrinsèquement liés à la ville, ces lieux peuvent aussi être ceux offerts par une villa vénitienne, un manoir anglais ou un théâtre de verdure, reconsidérant l’image d’un espace perçu a priori comme essentiellement urbain. De même, si l’opéra est une forme lyrique traditionnellement représentée dans des lieux clos, de nombreuses expériences ont montré, dès le xviie siècle, qu’il pouvait s’épanouir en plein air, ce qui pose la question des rapports entre forme musicale et lieu d’exécution. Une étude des lieux de l’opéra permettra également de mener une réflexion sur la mutation des pratiques culturelles et sociales de la musique entre les XVIIe et XXe siècles, mutation en partie liée à la transformation des espaces qui hébergent et structurent l’activité musicale.
Résolument européen et interdisciplinaire, ce colloque s’organisera autour de quatre sessions thématiques, destinées à apporter à la question des lieux de l’opéra différents éclairages. La première session, consacrée à l’ « Histoire des salles d’opéra », a pour ambition d’offrir une approche comparatiste des lieux consacrés à l’art lyrique en Europe et à l’évolution de ces espaces spécifiques sur quatre siècles. Elle se déroulera en deux temps : une première réflexion sera menée sur la question des innovations apportées aux salles d’opéra européennes (électrification des salles, transformation de la fosse d’orchestre, place dévolue au public, etc.) ; les intervenants s’intéresseront ensuite aux lieux obscurs ou secondaires, situés en dehors de la scène mais essentiels au spectacle. La seconde session, intitulée « Hors les murs », abordera le phénomène des représentations d’opéra dans des lieux qui ne semblent pas destinés a priori à héberger ce type de spectacle (espaces ouverts, stades, etc.). La troisième session sera consacrée à la question des sons de l’opéra et de l’acoustique des lieux accueillant ces spectacles musicaux. La quatrième session, intitulée « Préserver, restaurer, conserver », s’intéressera tout particulièrement aux bâtiments conçus pour l’opéra et aux problématiques liées à la conservation de ces lieux, entre respect de l’intention originelle et adaptation aux besoins de l’époque actuelle.
Le colloque est ouvert à tous les chercheurs, doctorants, professionnels (musicologues et historiens, mais aussi architectes, acousticiens, historiens d’art, musiciens, etc.) intéressés par la problématique des lieux de l’opéra et souhaitant intervenir dans le cadre défini ci-dessus. Les propositions seront examinées par le comité scientifique.
Conditions de soumission
Les propositions devront parvenir aux organisatrices, Solveig Serre (solveig.serre@gmail.com) et Caroline Giron-Panel (caroline.panel@gmail.com), avant le 15 mai 2013.
http://solveigserre.free.fr
Comité d’organisation
- Caroline Giron-Panel (BnF)
- Solveig Serre (ARIAS, CNRS)
Comité scientifique
- Caroline Giron-Panel (BnF)
- Jean-Michel Leniaud (Ecole nationale des chartes)
- Olivier Lexa (Venetian Centre for Baroque Musique)
- Marie-Madeleine Mervant-Roux (ARIAS, CNRS)
- Jérôme Pesqué (ODB Opéra)
- Solveig Serre (ARIAS, CNRS)
- Agnès Terrier (Opéra-comique)
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