Colloque : « Critique création » (Paris, 10-12 décembre 2015)

Paul  Klee,  Analÿse  verschiedener  Perversitäten  (Analyse  des  perversités  diverses),  1922, détailQu’elle l’inspire, l’accompagne ou l’éclaire, la critique entretient des relations intimes avec la création artistique. Loin de se résumer à une articulation entre théorie et pratique – la première dominant la seconde ou se pliant au contraire à son service – leurs rapports affectent les conditions d’élaboration et d’appréciation des œuvres, donc la mise en forme de la pensée sur l’art. Aujourd’hui, la question se pose néanmoins de savoir si l’apologie de la création, à laquelle les politiques culturelles, la chronique journalistique et la production savante ont concouru dans les dernières décennies, n’a pas contribué à affaiblir certaines exigences de la critique.

À l’initiative de l’équipe de recherche « Histoire des arts et des représentations » (HAR, EA4414) de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, avec le concours de ses partenaires de l’Université Paris 8 Saint-Denis, du Labex Arts-H2H et l’aide de l’Agence nationale de la recherche (ANR-10-LABX-80-01) au titre du programme Investissements d’avenir.

Argumentaire et programme en PDFcritique creation programme

PROGRAMME

Chaque séance, comprenant plusieurs contributions de chercheurs, artistes ou critiques, est suivie d’un temps de discussion approfondie permettant de croiser les différentes approches et disciplines.

[séance 1] Jeudi 10 décembre

9h30-13h : Histoires, figures, objets (Théâtre des Abbesses).

Historiquement, la fonction critique a conquis son autonomie au fur et à mesure que s’affirmait la figure du critique, intermédiaire entre l’œuvre et son public, chargé de guider ce dernier dans la jungle des signes, voire délégué de la postérité ayant mission d’évaluer au présent les objets que la mémoire mérite de conserver. Dans une époque où la critique de presse n’impose plus son jugement, à la fois contesté par l’analyse universitaire et concurrencé par les commentaires d’internautes, il importe de revenir sur le rôle que certains critiques – de profession ou non – ont joué pour formuler des règles de l’art en intelligence avec leurs auteurs de prédilection.

  • Rémi Labrusse (Université Paris Ouest), président de séance
  • Dominique Vaugeois (Université de Pau) : « L’écrivain critique d’art au XXe siècle : l’épreuve de la subjectivité. »
  • Stéphanie Marchal (Ruhr-Universität Bochum) : « De l’histoire de l’art à la construction d’un espace critique : exercices de réflexivité. »
  • Giuliano Sergio (Accademia di Belle Arti di Urbino): « La critique face à l’art éphémère : interprétation, autocritique, document »,
  • Cécile Sorin (Université Paris 8) : « Fonctions critiques de la parodie et du pastiche cinématographiques ».
  • David Buxton (Université Paris Ouest) : « Genèse de la critique des séries télévisées en France ».
  • Jean-Pierre Thibaudat (critique de théâtre), discutant : « Il n’y a pas d’objet étranger au critique ».

[séance 2] Jeudi 10 décembre

14h30-18h : Champs, instances et espaces (Théâtre des Abbesses).

En se spécialisant, la critique a contribué à délimiter différents champs disciplinaires au sein dans lesquels elle exerce ses prérogatives, ne serait-ce qu’en élisant les éléments dignes de son attention. Elle participe à l’arbitrage des conflits au sein de ces mondes de l’art, validant les choix esthétiques, établissant les réputations, soutenant telle audace ou soulignant tel échec. Les échelles de valeur qu’elle tend à consacrer sous la pression des professions, des puissances publiques et des marchés, et que reflètent aussi la hiérarchie de ses instances et de ses supports, (de la revue savante au blog personnel), sont aujourd’hui remises en cause par plusieurs phénomènes conjugués : l’éclatement du cadre national de référence, la multiplication des démarches transdisciplinaires, l’engouement pour les expériences participatives lancent autant de défis aux définitions en usage.

  • Hervé Joubert-Laurencin (Université Paris Ouest), président de séance.
  • Tania Brandao (Universidade Federal do Rio de Janeiro) : « Le théâtre de papier et la critique fantôme: formes de la critique théâtrale dans le Brésil contemporain. »
  • Georges Banu (Université Paris 3), discutant : « Le spectateur-critique – ou l’ombre de la scène. »
  • Claire Fagnart (Université Paris 8) : « De quelques discours sur la critique. Vers une post-critique? »
  • Emmanuel Wallon (Université Paris Ouest) : « Pour une sociologie politique de la critique. »
  • Timothée Picard (Université Rennes 2, IUF), discutant : « Discours sur la musique : des critiques en quête de légitimité. »

Discussion avec un groupe de doctorants.

[séance 3] Vendredi 11 décembre

9h30-13h : Écritures et procédés (Théâtre des Abbesses).

Selon les apparences, seule la critique littéraire partagerait avec son objet d’étude une identité de procédé : l’écriture. Il s’avère à l’examen que les discours sur l’art ont en fait bien des analogies (y compris de forme) avec les auteurs et les œuvres qu’ils commentent. La constante refonte de principes, de processus et de dispositifs dont la création contemporaine donne le spectacle n’engage-t-elle pas la critique à réinventer elle-même ses procédures ?

  • Deolinda Catarina França de Vilhena (Universidade Federal da Bahia), présidente de séance.
  • Isabelle Ginot (Université Paris 8) : « Danse : pour une critique (du) trouble.»
  • Claude Burgelin (Université Lyon 2) : « La critique littéraire désenchantée: perspectives après la bataille. »
  • Jean-Michel Frodon (Sciences Po, University of St Andrews) : « La critique de cinéma et ses mauvais maîtres. »
  • Michael Newman (Goldsmiths, University of London): « Writing in and as art: Coleman, Tuerlinckx, Vo. »
  • Jean-Philippe Antoine, discutant (Université Paris 8) : « Dire la critique avec Broodthaers : retour sur Moule, muse, méduse et autres sirènes. »

Discussion avec un groupe de doctorants.

[séance 4] Vendredi 11 décembre

14h30-18h : Cadres, modèles, concepts (Théâtre des Abbesses).

Qu’elle en ait découlé dans son domaine d’application spécifique, ou qu’elle ait elle-même pris part à leur construction, la critique d’art a toujours entretenu des liens étroits avec des systèmes d’interprétation globale des faits historiques, économiques, politiques, sociaux ou culturels : le matérialisme dialectique, l’anthropologie structurale, la psychanalyse, la sociologie critique notamment. À la fin du XXe siècle, l’ébranlement de ces modèles a paru ouvrir la voie à l’élaboration de corps de doctrine indépendants, épousant de façon plus intime des objets qui relèvent de la perception sensible. Cela ne signifie pas pour autant que l’esthétique puisse se passer d’une confrontation avec des travaux théoriques qui, à la périphérie de son domaine, éclairent les transformations de la création et de ses modes d’appropriation.

  • Antoine de Baecque (École normale supérieure), président de séance
  • Anne Sauvagnargues (Université Paris Ouest) : « Blocs de sensations : les concepts de Gilles Deleuze à l’épreuve des environnements d’aujourd’hui. »
  • Jacinto Lageira (Université Paris 1) : « Critique, criticisme et critique de la société. »
  • Michel Deguy (poète, philosophe, Université Paris 8) : « Critique du culturel élargi / Ambition d’une poétique philosophique. »
  • Philippe Ivernel (Université Paris 8), discutant : « Actualité critique de Walter Benjamin. »

Discussion avec un groupe de doctorants.

[séance 5] Samedi 12 décembre

9h30-13h : Critique créative vs création critique.
à l’Institut national d’histoire de l’art – Entrée libre

Tandis qu’un nombre croissant d’artistes sortent des formations supérieures lestés d’un bagage théorique, les chercheurs s’aventurent plus souvent hors des amphithéâtres et des salles de colloques. Il arrive ainsi que les discours se croisent ou que les positions s’intervertissent, entre une critique savante qui met ses paradigmes à l’épreuve de la pratique et une création artistique nourrie d’ambitions critiques.

  • Christian Biet (Université Paris Ouest, IUF), président de séance.
  • Stephen Wright (critique et théoricien de l’art contemporain) : « Pratiquer la théorie. »
  • Agnès Gayraud (philosophe, musicienne et critique), « Faire de la pop contre elle-même. »
  • Nicolas Bouchaud (comédien) : « L’exercice a été profitable, monsieur. »
  • Nicolas Klotz & Elisabeth Perceval (cinéastes) : « Pour une critique filmée. »
  • François Tanguy (metteur en scène) : Critique et utopie, lecture commentée de Walter Benjamin et Ernst Bloch.
  • Fabienne Radi (artiste plasticienne et auteur) : « Oh là un titre ! » (lecture-performance avec projections).
  • Patrick Bouchain (architecte) et Emmanuel Wallon (Université Paris Ouest), discutants.

Comité scientifique

  • Antoine de Baecque (PR), École normale supérieure (rue d’Ulm), Thalim/Arias.
  • Christian Biet (PR), Université Paris Ouest Nanterre, IUF, HAR.
  • David Buxton (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.
  • Marianne Cojannot-Le Blanc (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.
  • Thierry Dufrêne (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.
  • Claire Fagnart (MCF), Université de Paris 8 Saint-Denis, EPHA.
  • Deolinda Catarina França de Vilhena (PR), Université Fédérale de Bahia (UFBA), Ecole doctorale et Ecole de théâtre.
  • Shintaro Fujii (PR), Université Waseda (Tokyo), chef du Département des études théâtrales et cinématographiques.
  • Anne-Violaine Houcke, résidente à la Villa Médicis (Rome), HAR.
  • Hervé Joubert-Laurencin (PR), Université Paris Ouest Nanterre, codirecteur de HAR.
  • Patrice Maniglier (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.
  • Rémi Labrusse (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.
  • Ségolène Le Men (PR), Université Paris Ouest Nanterre, codirectrice de HAR.
  • Anne Sauvagnargues (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.                  .
  • Cécile Sorin (MCF), Université Paris 8 Saint-Denis, ESTCA.                  .
  • Peter Szendy (MCF), Université Paris Ouest Nanterre, HAR, Cité de la musique.
  • Emmanuel Wallon (PR), Université Paris Ouest Nanterre, HAR.

Coordination : Emmanuel Wallon

Publication : Le colloque sera suivi d’une publication scientifique en 2016.

Entrée libre à toutes les séances dans la limite des places disponibles. Pour les 10 et 11 décembre au Théâtre des Abbesses, réservation gratuite conseillée sur www.theatredelaville-paris.com/rencontres-theatreouvertsurlaville-15
Remerciements au Théâtre de la Ville et à l’équipe du Théâtre des Abbesses pour leur accueil.

Les 10 décembre et 11 décembre 2015 au Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses, Paris 18e.

Le 12 décembre, L’Institut national d’histoire de l’art
Auditorium de l’INHA,
Galerie Colbert,
2 rue Vivienne, 75002 Paris.

Contact : Nathalie Cau (hargestionnaire@gmail.com)

 

 

 

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