Appel à publication : « L’Allemagne : quelle(s) image(s) ? »

Pour son troisième appel à communication, la revue Comicalités entend explorer la bande dessinée et la production graphique d’outre-rhin et invite les chercheurs à s’inscrire dans trois axes de réflexion : le système éditorial de la bande dessinée allemande, la « culture graphique » allemande et l’image de l’Allemagne dans la bande dessinée.

L’Allemagne : quelle(s) image(s) ?

Comicalités. Études de culture graphique est une revue scientifique entendant interroger la spécificité ainsi que l’évolution des modes d’expression, de production et de réception de la bande dessinée, de l’illustration, de la caricature, du dessin animé… Après « La bande dessinée : un art sans mémoire ? » et « Représenter l’auteur de bande dessinée », nous lançons aujourd’hui un nouvel appel à communication intitulé « L’Allemagne : quelle(s) image(s) ? »

Argumentaire

Deuxième pays exportateur dans le monde, quatrième puissance économique, et le pays le plus peuplé de l’Union européenne, l’Allemagne peut être vue comme le pays du livre : lors des foires du livre de Francfort et de Leipzig, quelque 94000 nouvelles parutions ou rééditions sont présentés chaque année, dont presque 3000 bandes dessinées.

Décrit comme le pays de la musique et de l’hospitalité, des poètes et des penseurs (Dichter und Denker), comme celui des juges et des bourreaux (Richter und Henker), l’Allemagne d’aujourd’hui est le pays des idées, lit-on. Sa société, pour un moment « la plus heureuse du monde », se caractérise par le pluralisme des modes de vie et une grande diversité ethnique et culturelle.

Tous les faits et clichés portent à croire que le pays de Wilhelm Busch se range également parmi les « grandes puissances » du neuvième art et que celui-ci est un de ses modes d’expression de prédilection. On connaît certainement Ralf König, peut-être l’humoriste Walter Moers ou le « prix de l’audace » 2010 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (Jens Harder), et tout le monde a déjà feuilleté un tome d’une série lambda dont le héro a une mission en Allemagne… Autrement dit : on ne sait rien de l’Allemagne et de la bande dessinée !

Pourtant, il existe une recherche sur la bande dessinée : des magazines spécialisés tels Comixene ou Comic ! Jahrbuch, les travaux de la société pour la recherche en bande-dessinée Comfor, des portails comme Deutscher Comicguide ou la bibliographie spécialisée de l’université de Bonn montrent bien l’intérêt croissant des universitaires, et ce même si les œuvres scientifiques d’une portée internationale restent l’exception.

C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un appel à communication intitulé « L’Allemagne : quelle(s) image(s) ? » : nous espérons recevoir des articles s’inscrivant dans l’une des trois problématiques suivantes.

1. Quel système éditorial pour la bande dessinée allemande ?

Il serait intéressant d’analyser les tendances du marché et les caractéristiques économiques de la production de bande dessinée en langue allemande à travers l’analyse d’indicateurs (nombre de titres, volumes de vente…) et des comparaisons avec la France ou d’autres pays…

La production de bande dessinée en langue allemande pourrait également être étudiée en se focalisant sur la diversité des genres (place de la « franco-belge », du manga, des comics ?), la structuration de l’offre (collections, séries ?), la typologie des différents éditeurs (« indépendants », « groupes éditoriaux » ?)…

Les publics allemands de la bande dessinée pourraient être étudiés, que ce soit en terme de structuration du lectorat (répartition par âge, par classes sociales ?), de pratiques de lecture (fréquence, genres préférés ?), de diversité de modes d’acquisition (achats occasionnels, collection ?)…

Les processus de traduction de bandes dessinées posent nombre de problèmes, à commencer par celui des pays-sources (USA, Japon, France ?), des traducteurs (formation, rémunération) et des modes de diffusion (remontage ou respect du format original, place de l’album ?)…

Il en est de même du mode de diffusion, de commercialisation et de médiation : la place de la bande dessinée en librairie, sa présentation en bibliothèque, ses dispositifs de médiation (expositions, rencontres avec les auteurs, festivals ?), le discours des médias et/ou des intellectuels autour de la bande dessinée (et en particulier l’état de la critique) restent à expliciter.

La situation des auteurs pourrait également faire l’objet d’une étude : quid de leur formation (école d’art, université?), de leur mode de publication (à l’étranger, en Allemagne ?), de leurs conditions de travail et de rémunération ainsi que de leur statut social ?

2. Allemagne et culture graphique

L’identité de la bande dessinée allemande reste à cerner. Il serait sans doute intéressant de tenter une approche stylistique (graphisme et scénario) des productions allemandes, et de s’interroger sur les influences étrangères afin de questionner l’existence d’une « école allemande » de bande dessinée.

L’existence d’une tradition graphique propre à l’Allemagne pourraient faire l’objet d’un ou plusieurs articles, notamment pour déterminer quelles filiations, influences, proximités il est possible d’observer entre les actuelles propositions de bandes dessinées et la place de l’image narrative dans la presse imprimée et le livre (caricature, dessins de publicité, récit de guerre (« Kriegsbilderbogen »).

Le rôle pédagogique de l’image imprimée en Allemagne reste de même à expliciter : des travaux pourraient porter sur la place de la bande dessinée (voire de l’image dessinée) dans le système éducatif (en Allemagne ou pour l’étude de la langue allemande) ainsi que sur les techniques d’analyse et d’étude de la bande dessinée (par exemple à travers une comparaison avec d’autres pays européens).

3. L’Allemagne dans la bande dessinée

La représentation de l’Allemagne et des Allemands pose nombre de problèmes, et il serait intéressant de développer une approche critique des sujets et lieux fétiches de la bande dessinée (par exemple, qu’est-ce que Berlin pour les auteurs : la capitale de l’Empire, celle de la république de Weimar, « Germania », la ville divisée puis réunifié, la capitale de la musique électro, etc. ?)

L’évocation de l’histoire allemande dans la bande dessinée reste également à faire, notamment en s’interrogeant sur les époques ou événements du XXe siècle et des siècles précédents qui ont inspiré les auteurs ou les éditeurs : quelques tentatives d’explication et d’approche esthétique (styles graphiques, procédés narratifs) seraient les bienvenus…

Les années 1933-1945 ne constituent-elles pas la principale toile de fond de l’histoire allemande en bandes dessinées ? Il serait intéressant d’étudier les caractéristiques de la production centrée sur la période, la diversité des approches (polar, humour ?) et l’évolution de son traitement (comment la représentation de cette histoire difficile a-t-elle changée depuis La bête est morte ?).

L’analyse des « clichés » de l’Allemagne en bande dessinée pose également nombre de questions : qu’est-ce qui est typique de l’Allemand et de son pays ? Ne retrouve-t-on pas des procédés proches de la caricature (le casque à pointe dans Astérix chez les Goths, les crypto-allemands ou les « germanomorphes » dans QRN sur Bretzelburg de Franquin) ?

Modalités de soumission et de sélection

Nous ne pouvons malheureusement publier que des textes écrits en français ou en anglais, mais le présent appel à communication est ouvert à tous les chercheurs, quel que soit leur statut (universitaire ou non) et leur origine. Nous les invitons à nous répondre en nous soumettant deux documents :

  • Une fiche signalétique prenant la forme d’un court Curriculum Vitae exposant les axes de recherche du candidat.
  • Un texte anonyme de 3000 signes espaces compris, présenté sans aucun enrichissement autre que l’italique ou le caractère gras, et adoptant une présentation standardisée (Times New Roman 12 pts pour le corps de texte, 10 pts pour les notes, aucun alinéa ou retrait de paragraphe, interligne 1,5).

La proposition sera évaluée de façon anonyme par deux membres du comité scientifique de la revue : son acceptation vaudra encouragement et suggestions quant à un article d’une taille comprise entre 25000 et 50000 signes espaces compris. Elle doit nous parvenir aux adresses électroniques suivantes

avant le 1er mars 2012.

  • Marc Hieronimus, responsable de la « thématique » : marc.hieronimus@u-picardie.fr
  • Benoît Berthou, directeur de Comicalités : ben.berthou@orange.fr

http://carnetsbd.hypotheses.org/

http://comicalites.revues.org/

Source : http://calenda.revues.org/nouvelle22058.html

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