Appel à communication : « Les états du corps en images », treizièmes rencontres du GRIM (Paris, INHA, 12 mai 2022).
Le GRIM – Groupe de Recherches en iconographie médiévale – est un collectif académique fondé par Christian Heck, qui s’intéresse à l’analyse et l’interprétation des œuvres du Moyen Age, mais aussi aux corpus et bases d’images qui les rendent possibles. Il est dorénavant lié à IMAGO, association d’historiens de l’art sise au CESCM de Poitiers, et porté par un nouveau comité scientifique (Isabelle Marchesin, conseillère scientifique du domaine histoire de l’art médiéval, INHA ; Charlotte Denoël, Conservateur en chef, service des manuscrits médiévaux, BnF ; Anne-Orange Poilpré, MCF, Université Paris 1/HiCSA ; Cécile Voyer, Pr, Université de Poitiers/CESCM).
Le GRIM organise des conférences ponctuelles (Les rencontres Imago, au CESCM de Poitiers) et des journées d’études (à l’Institut national d’histoire de l’art, à Paris), qui sont ouvertes à tous, tout en donnant une place notable aux doctorants et aux jeunes chercheurs (dès le Master 2).
Comme pour les précédentes journées du GRIM, les communications dureront 20 mn. Elles seront dédiées aux questions de méthodologie et d’historiographie, et non à la présentation générale des fruits d’une recherche. Elles éviteront les longues descriptions énumératives, pour se concentrer sur des dossiers précis, et s’attacheront à en expliciter les cadres théoriques.
La journée d’étude du 12 mai 2022, qui aura lieu à l’INHA (salle Demargne), s’intitule : « Les états du corps en images »« la chair est le gond du Salut »
Depuis les deux dernières décennies, les historiographies médiévistes anglo-américaine et européenne se sont emparées de la question de la matérialité et de la perception sensible des œuvres.
Au-delà de la matérialité et de la sensorialité, une question mérite d’être explorée, dont l’horizon d’anthropologie religieuse est fondamental pour la compréhension des images et des comportements : celui des états du corps, rendus visibles par des ornements, des traits anatomiques des mouvements spécifiques, et par des situations singulières dans les lieux et les espaces des images. Or, figurer le corps suppose un recours à une grande variété d’approches et de moyens plastiques : dissimulé par son vêtement ou révélé par la nudité, montré entièrement ou partiellement, marqué ou non par des caractères sexués, exalté dans sa chair et son volume par un rendu tridimensionnel, ou sublimé par l’abstraction. Bien qu’ayant renoncé un temps à la représentation en ronde-bosse, l’art médiéval repense la représentation du corps, autorisant une forme de séduction physique à travers la figuration, notamment à partir de la fin du XIIe siècle.
Le corps est omniprésent dans les images médiévales car son intérêt est sans cesse renouvelé par l’éventail de possibles presque infini qu’il offre. Il est en effet considéré comme un instrument dont le chrétien dispose. Autrement dit, il est neutre et peut conduire au meilleur comme au pire, siège des faiblesses humaines, mais aussi voie du Salut. Le refus du dualisme entre corps et âme – contre toute la tradition antique – s’explique par la revalorisation de la chair liée à l’incarnation du Christ (« la chair est le gond du Salut » explique Tertullien). Toutes ces manières de concevoir le corps en image renvoient bien sûr à sa valeur anthropologique, mais aussi à une capacité à traduire, par le travail plastique et visuel, différents niveaux de conscience, de connaissance ou d’ignorance. Au-delà de sa présence, on s’interrogera sur ce que le figuré exprime de l’état du corps tour à tour pécheur, souffrant, contraint, martyrisé, transcendé par l’esprit, ressuscité, glorieux, divin, objet d’adoration dont la substance se manifeste dans les espèces eucharistiques.
Ces corps en images sont à considérer en fonction de l’environnement iconique qu’ils peuplent, mais aussi en tenant compte du contexte, notamment celle de la mise en visibilité des images. En outre, cette journée permettra d’aborder les questions de simulacre, de séduction, d’imaginatio, propres aux imagesmais aussi de mesurer l’apport des études comportementales à notre discipline. À partir d’études de cas, il s’agira donc de considérer la rencontre entre la représentation et son support, et de rendre compte des méthodes d’analyse engagées dans l’étude.
Les propositions de communications se feront par retour du formulaire ci-joint en courrier attaché avant le vendredi 21 janvier 2022, à l’adresse suivante : imago.grim.contact@gmail.com
L’accès aux Rencontres du GRIM est ouvert à tous, et les étudiants de licence et de Master sont cordialement invités à venir écouter les conférenciers. Le GRIM ne disposant d’aucun budget, les intervenants et les auditeurs s’adresseront aux centres de recherche dont ils dépendent pour une éventuelle prise en charge des frais.
Le programme définitif sera établi et diffusé mi-avril, envoyé par e-mail à toutes les personnes inscrites, et également disponible sur le site du CESCM : https://cescm.labo.univ-poitiers.fr/la-formation/grim-imago/
Source : CESCM
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