Préoccupés par la conservation de leur collection de peintures, les amateurs d’art parisiens font appel, entre 1789 et 1870, aux restaurateurs de tableaux, une profession qui, à la même époque, se définit indépendamment de celles du marchand, de l’expert ou même du peintre. Si le restaurateur intervient sur les œuvres, il joue aussi un rôle de guide auprès de ces amateurs dans leur connaissance, voire leur apprentissage, des procédés picturaux. Progressivement, cette prise en compte de la matérialité de l’œuvre contribue à l’intégration de l’amateur de tableaux au sein des commissions muséales en tant que conseiller, avant qu’il acquière un statut privilégié au musée à partir des années 1860 par le legs de ses œuvres. En abordant ainsi différents aspects de la collection privée au prisme des méthodes de restauration et des moyens de conservation des tableaux mis en œuvre au XIXe siècle, s’écrit ici une histoire des collections, de la restauration et de la conservation, mais aussi une histoire des pratiques, et avant tout une histoire de mouvement et de goût.
Sommaire
Préface — Thierry Lalot
Introduction
L’amateur confronté à la matérialité des œuvres d’art
Réactions et nouveaux modes d’acquisition
L’amateur et le vandalisme
Détruire les œuvres des maîtres
Mettre au ban le vandalisme restaurateur
Naissance des sociétés d’amateurs
Préserver l’œuvre en exposition et nouvelles formes d’acquisition
Les expositions réalisées à partir des œuvres des collections privées
L’apparition de problèmes de conservation
Louer un tableau
La personne, l’espace et l’œuvre
Les collections de tableaux à Paris
Identités et goûts des amateurs
Distributions des œuvres
L’esthétique du regard de l’amateur et la compréhension du geste du restaurateur
La préservation de l’objet dans l’espace particulier
L’ouverture des cabinets de tableaux
Les mouvements d’œuvres entre collections
Collectionner, synonyme de conserver ?
L’acquisition des peintures ou la formation du jugement
Le rôle capital du marché de l’art
Le marchand-expert : un acteur à plusieurs visages
Les liens entre négociants et amateurs
La connaissance matérielle de l’œuvre d’art
Approche sémantique de la matérialité dans les catalogues de ventes aux enchères
L’émergence d’un « discours marchand »
Le développement d’un vocabulaire technique
De l’influence de la critique et des restaurateurs sur le discours des experts
Crise de confiance
Le regard de l’amateur sur les expertises des marchands
La recherche d’authenticité
L’amateur face au brocantage
Restaurer les tableaux des collections privées
Professions et acteurs
Être peintre ou restaurateur de tableaux : un choix nécessaire ?
Cartographie des ateliers à Paris
Des spécialités affirmées
La valorisation des pratiques auprès d’une clientèle privée
L’implantation des ateliers
Se faire connaître auprès des amateurs
Privilégier le processus ou le résultat ?
Intervenir sur les collections de tableaux et former à la pratique
L’entretien de la collection
Être attaché à l’entretien d’une galerie
Une offre concurrentielle
Une centralisation parisienne
Des pratiques discutées
Harmoniser les formats
Le rôle de la critique
De la critique à la caricature
L’amateur-restaurateur
« Aujourd’hui qui ne se mêle pas de restaurer ? »
Du traité de peinture au traité de restauration
Enseigner la restauration des peintures
Paris-Oxford-Londres-Paris
L’amateur anglais et la préservation de ses œuvres
Regards anglais sur l’état des collections à Paris
Peintres, marchands et restaurateurs de tableaux à Londres
L’intérêt pour la préservation des tableaux : l’exemple de Chambers Hall
Entrée de la collection à l’Ashmolean Museum et ses restaurations
Le récit des voyages d’un tableau de Raphaël
Lord Hertford : « le plus grand collectionneur d’Europe »
L’amateur anglais confronté à l’altération de ses tableaux
Les restaurations des tableaux de la collection Hertford
Le cas des Batailles d’Horace Vernet
De la collection privée au musée : penser la conservation et la restauration des peintures
L’émergence d’une approche conservatrice de la collection
Une conception scientifique de l’œuvre d’art
La sensibilisation à la physique et à la chimie
L’apport des sciences : réflexion sur la pérennité de la peinture
D’une « conservation instructive » à la prévention de la collection
Des théories aux brevets
Le transport des tableaux
Agir sur l’environnement de la collection
Le rôle de l’amateur dans la préservation des tableaux des musées nationaux
Les modes d’acquisition des œuvres
L’aménagement des collections privées et l’essor des musées
Achats, dons et legs : problématiques matérielles
Les traitements des œuvres en musée
Les altérations dues au passage des tableaux en collections privées
Les restaurations pratiquées au Louvre
Les manipulations et déplacements des tableaux : de la réserve à la cimaise
L’intégration des amateurs dans les commissions de restauration
Les débats sur les restaurations pratiquées au Louvre
Les restaurations d’œuvres extérieures au fonds du musée
L’entrée des amateurs dans les jurys de commissions de restauration
Conclusion — De la collection privée au musée
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