Appel à publication pour le prochain numéro de la revue exPosition (n° 11)

« Montrer les collections médiévales »

En France, les événements révolutionnaires de 1789 ont accéléré une prise de conscience, dans les milieux érudits, de l’existence d’un patrimoine local, médiéval, dit « gothique ». Dès lors, des consignes ont été établies par le gouvernement révolutionnaire pour recenser les monuments et autres œuvres d’un passé jusque-là plutôt méprisé. ils étaient désormais considérés comme des supports à la connaissance de l’histoire nationale et comme des exemples pour les artisans et les artistes, notamment dans le cadre de projets de restauration. Parallèlement, des publications sous forme d’articles dans les revues des sociétés savantes ou de manuels se sont multipliées et ont réveillé la convoitise de collectionneurs vis-à-vis de pièces originales. Le cas d’Alexandre du Sommerard (1779-1842), évoqué dans l’ouvrage d’Honoré de Balzac, Le cousin Pons, est bien connu, puisqu’à l’origine du musée de Cluny, créé en 1844, actuel musée national du Moyen Âge à Paris. D’autres collections ont été créées au cours du XIXe siècle sur le territoire français, par des particuliers, souvent membres de ces sociétés savantes si florissantes, ou à l’occasion de restaurations. Certaines sont devenues des musées de site (musée de l’abbaye de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert, musée lapidaire de Vézelay etc.), d’autres sont entrées dans le commerce de l’art, non seulement national mais aussi international. Ainsi voit-on des sections entières dédiées au Moyen Âge dans les plus grands musées du monde, et même un musée entier, les Cloisters à New York, où des œuvres françaises côtoient des pièces issues d’autres pays européens. Ceux-ci n’échappèrent pas à ce même attrait pour le passé médiéval et ses objets, suivant des protocoles différents de ceux de la France, du moins en partie, mais aboutissant à des résultats semblables.

De nos jours, avec le recul et les questions d’appropriation culturelle et de restitution qui touchent d’autres types d’œuvres, provenant d’autres continents (notamment les biens africains accumulés dans les musées européens du temps des colonies), quel regard porte-t-on sur les collections médiévales créées en France et à l’étranger au cours des XIXe et XXe siècles ? Quel(s) discours a-t-on cherché(s) et cherche-t-on encore à proposer au(x) public(s) à travers leur mise en scène renouvelée ou des expositions temporaires ? Comme l’exprime Elsa Guyot en introduction de l’ouvrage, issu de sa thèse de doctorat en histoire de l’art, Rejouer l’histoire. Le Moyen Âge dans les musées du Québec (2021, p. 7) : « les musées et les expositions muséales sont loin d’être des espaces neutres : ils participent à la construction d’un discours sur l’art, sur l’histoire et sur la société ». Les propositions d’articles pourront porter tout à la fois sur les choix scénographiques, sur les formes et le contenu des outils de médiation, sur le propos des expositions (permanentes ou temporaires) et leur mise en perspective avec l’actualité de la recherche, etc.

Orientations bibliographiques :

– Carmen Berlabé Jové, Del Museu Diocesà al Museu de Lleida. Formació i legitimitat del seu patrimoni artístic, Lleida, Pagès Editors ; Museu de Lleida, 2018.

– Elsa Guyot, Rejouer l’histoire. Le Moyen Âge dans les musées du Québec, Montréal, Leméac éditeur, 2021.

– Elizabeth C. Parker (éd.), The Cloisters. Studies in Honor of the Fiftieth Anniversary, New York, The Metropolitan Museum of Art / The International Center of Medieval Art, 1992.

– Calvin Tomkins, Merchants and Masterpieces. The Story of the Metropolitan Museum of Art, New York, Henry Holt and Company, 1989 (1970).

– Alberto Velasco, A la recerca de l’obra perduda. Històric sobre el patrimoni artistic, Barcelone, Raval Edicions, 2023.

Les propositions pourront être soumises à Géraldine Mallet et Sylvain Demarthe, qui assurent la direction de ce dossier thématique, jusqu’au 30 juin 2024 aux adresses suivantes : geraldine.mallet@univ-montp3.fr ; sylvain.demarthe@univ-montp3.fr. Ces textes prendront la forme d’un résumé de 3000 signes maximum, contenant un titre – même provisoire – et une problématique précise.

En cas d’avis positif (courant juillet 2024), l’auteur·e s’engagera à remettre son article entièrement rédigé (30 000 signes maximum, espaces et notes incluses) en s’assurant impérativement du respect des normes de la revue pour le 28 octobre 2024.

Une fois reçu, le texte sera anonymisé et soumis à une évaluation en double aveugle assurée par les membres du comité de rédaction et les expert·es extérieur·es formant le comité de lecture propre à chaque numéro. À l’issue du processus d’évaluation, l’auteur·e recevra les avis argumentés de ses deux relecteurs et/ou relectrices, ainsi que celui des deux responsables du numéro. Son texte pourra être accepté, soumis à correction ou refusé.

Retour des évaluations : janvier 2025

Retouches des textes par les auteur·es : avant le 30 mars 2025

Dernières relectures et mise en ligne : entre avril et juin 2025

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