À fleur de pierres, marques et traces – Regards croisés sur les signes lapidaires

PRÉSENTATION

L’incendie qui a frappé Notre-Dame de Paris en avril 2019 a créé une occasion unique de mieux comprendre le monument et son histoire mais aussi, plus largement, la relation passionnée et passionnelle que les sociétés contemporaines entretiennent avec les traces matérielles du passé. Une passion portée par la quête du savoir mais souvent aussi nourrie par le sentiment que certains artefacts permettent d’instaurer par-delà le temps, une relation avec ceux qui les ont créés et manipulés. Ces objets semblent ainsi offrir l’occasion de dépasser l’altérité irréductible qui sépare les vivants et les morts, tandis que le goût (voire le culte) du patrimoine pourrait bien se rapprocher, de ce fait, d’une forme d’ancestralité.

Parmi les traces que l’incendie de Notre-Dame a permis de rendre visibles, les signes lapidaires occupent une place particulière. Les travaux sur corde et les échafaudages, ont rendu accessibles des pans entiers de la cathédrale et révélé une abondance de signes qui, du cordiste à l’archéologue, ont éveillé l’intérêt de ceux qui gravitent autour du chantier.
Parmi d’autres, un projet a pris corps, aimantant les collaborations et les échanges de regards, faisant des signes lapidaires un objet-frontière, un lieu de confrontations et de rencontres dont cette journée d’étude portée par le groupe de travail « Émotions/Mobilisations » (Émobi) du Chantier scientifique Notre-Dame de Paris, veut être l’improbable chambre d’écho.

Mûri par Santiago Hardy, au cours de son travail de cordiste sur le chantier, ce projet, devenu depuis l’un des
terrains d’enquête des anthropologues du chantier scientifique, n’a cessé d’évoluer et de se complexifier.

S’il s’agissait initialement pour son auteur de trouver une manière de conserver l’empreinte de ces signes, d’en produire une trace unique, au plus près de la matérialité de la pierre, de ses aspérités, de son grain, et d’en faire le support poétique d’une réflexion sur le temps et l’espace, la rencontre avec une spécialiste en archéométrie, Delphine Syvilay, à l’occasion des travaux de déblaiement des décombres de l’incendie et du tri des vestiges métalliques susceptibles d’intéresser les scientifiques, allait produire un premier infléchissement. A côté du projet artistique, le besoin a émergé de mettre le corpus ainsi repéré à la disposition de la communauté scientifique. Un dialogue se noue avec les archéologues du groupe de travail « Pierre » et un programme d’inventaire se met en place, avec le soutien du LRMH, centré sur les signes lapidaires et laissant (temporairement) de côté les autres marques (des fossiles aux graffitis) qui faisaient partie du projet d’origine.

Cette journée d’étude présentera donc les premiers résultats de ce travail, les ouvrant à la discussion avec les autres groupes de travail du chantier scientifique tout en en revisitant la dimension artistique et en posant les bases d’une réflexion anthropologique sur les signes lapidaires comme objet-frontière. En effet, la journée sera l’occasion d’inviter d’autres acteurs du projet, qu’il s’agisse de ceux qui – collègues, compagnons, artistes, ethnographes… – l’ont accompagné dès le départ par leurs conseils ou leur intérêt, ou de ceux qui, sans le connaître l’ont nourri par leurs travaux, leurs ouvrages ou leurs réalisations. Loin de vouloir opposer les scientifiques aux amateurs (au sens premier du terme, ceux qui aiment) puisque la même passion les habite tous, cette journée d’étude permettra, tout en restant à distance d’un relativisme de principe, de confronter les regards, c’est-à-dire d’examiner les positions de chacun, comme autant de discours légitimes, obéissant à des logiques qui leur sont propres et peuvent venir se rencontrer autour d’un projet commun.

PROGRAMME

9h00-9h15 : Introduction
Claudie VOISENAT (Héritages, UMR 9022)

9h15-10h45 : Présentation du projet
Santiago HARDY (cordiste)
Jean-Christophe MONFERRAN (Héritages, UMR 9022)
Delphine SYVILAY (LRMH)

10h45-11h : Pause

11h-12h30 : Approches sensibles
Guillaume ANTOINE (Maison sennelier)
Bernard BRANGÉ (Guide agréé et conférencier)
Mathieu DELAIRE (cordiste, jarnais)
Patrick ZACHMANN (agence Magnum)
MODÉRATION Gaspard SALATKO (FSP)

12h30-13h30 : Pause déjeuner

13h30-15h : Relevés d’ici et d’ailleurs
Claude OBERLIN (musée de la glyptographie, Colmar)
Frédéric THIBAULT (union compagnonnique, atelier Chevalier)
Jean-Louis VAN BELLE (CIRG)
Thierry ZIMMER (LRMH)
MODÉRATION Dorothée CHAOUI-DERIEUX (DRAC IDF/SRA)

15h-16h15 : Le regard de l’archéologie du bâti
Andreas HARTMANN-VIRNICH (LA3M, UMR 7298, AMU)
Cédric MOULIS (HISCANT-MA, EA 1132, UL)
Bruno PHALIP (CHEC, EA 1001, UCA)
MODÉRATION Yves GALLET (Ausonius, UMR 5607, UBM)

16h15-16h30 : Pause

16h30-17h45 : Pour un atelier de spatialisation des regards
Livio DE LUCA (MAP, UMR 3495)
Discussion modérée par Aline MAGNIEN (LRMH)
avec Lise LEROUX (LRMH)
Et les participants de la journée

17h45- 18h: Conclusion
Jonathan TRUILLET (EPRNDP)

Modalités de participation :
Cette journée se déroulera, le vendredi 11 mars 2022, en vidéo-conférence.
https://cnrs.zoom.us/j/92731036221?pwd=WmdCU0pCT0pQQndUcUlnWHl5T1RSZz09
Comité d’organisation

Le groupe de travail Émotions/Mobilisations du chantier scientifique Notre-Dame de Paris (CNRS/Ministère de la Culture)
L’ UMR 9022, HÉRITAGES : CULTURE/S, PATRIMOINE/S, CRÉATION/S (CNRS/MC/CYU)
Santiago HARDY
Jean-Christophe MONFERRAN
Gaspard SALATKO
Delphine SYVILAY
Claudie VOISENAT

Avec le soutien de :
La Fondation des sciences du patrimoine
L’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

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