Appel à comminucation : « Micro-architecture et figures du bâti : l’échelle à l’épreuve de la matière »

D 6180Colloque 8-10 décembre 2014

MICROARCHITECTURE ET FIGURES DU BATI : L’ECHELLE A L’EPREUVE DE LA MATIERE

Depuis une quarantaine d’années, à la suite des travaux de François Bucher, les représentations miniatures de l’architecture ont retenu l’attention des historiens. La microarchitecture monumentale et celle de la production d’orfèvrerie ont fait l’objet de travaux remarquables qui ont permis d’établir des chronologies et des typologies fiables, aujourd’hui acceptées. S’agissant de l’irruption des formes architecturales contemporaines dans ces productions miniatures, Peter Kurmann puis à sa suite d’autres chercheurs ont mis en évidence l’importance du tournant de la décennie 1240 dans le foyer francilien et, particulièrement, le rôle des façades du transept de Notre-Dame de Paris. La valeur et l’usage symboliques de ces décors réduits d’architecture ont également été soulignés par Marie-Thérèse Gousset à propos des encensoirs romans et de la référence explicite qu’ils font à la Jérusalem céleste. Pour des périodes plus récentes, d’autres travaux, prolongeant le projet scientifique de Richard Krautheimer sont venus dessiner les contours d’une iconologie des décors de microarchitecture. Toutes ces questions ont été au cœur d’un important colloque, tenu à Nuremberg en 2005, de plusieurs thèses récentes ainsi que de travaux d’historiens de l’art médiévistes ou modernistes, tels qu’Achim Timmermann ou Ethan Matt Kavaler pour l’espace germanophone et plus globalement l’Europe centrale.

Tout dernièrement, Paul Binski s’inscrivant en faux contre la définition de la microarchitecture de Fr. Bucher, a dégagé la problématique de la seule question du rapport avec les constructions monumentales que celles-ci aient été contemporaines, plus anciennes ou imaginées. C’est un même déplacement que le présent colloque prétend conduire en introduisant dans la discussion de nouveaux corpus et, conséquemment, de nouveaux questionnements. Ainsi, les sceaux, vecteurs importants dans la diffusion des formes et des types architecturaux, constituent un vaste corpus n’ayant pas suffisamment attiré l’intérêt de la recherche qui ne s’est notamment pas interrogée sur le lien architecture/figure. Par ailleurs, le défi technique imposé par le changement d’échelle conduit les artisans du métal, du verre, de la pierre, du bois ou encore de l’ivoire, à inscrire dans leurs pratiques ces « technologies de l’enchantement » décrites par Alfred Gell. Au-delà de leurs rapports avec la syntaxe monumentale, ces prouesses techniques ont pu jouer le rôle d’une captatio benevolentiae destinée à introduire le spectateur dans un sublime microscopique.

Le colloque organisé par l’Institut national d’histoire de l’art, l’université de Nantes, l’Institut Universitaire de France et les Archives nationales a l’ambition d’aborder les problématiques liées à la représentation miniature de l’espace bâti dans une optique différente et complémentaire. Le phénomène d’ « architecturation » qui voit la prolifération du vocabulaire architectural dans toutes les formes d’art ne cesse en effet d’interroger les historiens du Moyen Âge. Or, ce phénomène ne peut être véritablement compris que si l’on prend en compte les transformations que le changement d’échelle implique pour le travail des artisans et dans la réception de leurs œuvres.

Les propositions de communication devront porter sur les modalités de la représentation de l’architecture et interroger notamment le concept de microarchitecture tout en restant attentives aux effets pratiques de la miniaturisation sur le travail des matériaux ainsi que, en retour, aux effets des contraintes matérielles sur les processus de la miniaturisation. Ce colloque sera aussi l’occasion de développer les questions liées à la mise en œuvre de la spatialité à échelle réduite et d’explorer dès lors les différentes relations qui lient la figure à l’architecture qui l’abrite. En sortant du cadre d’une histoire de l’art trop longtemps habituée à observer les mêmes supports, on espère comprendre par quels moyens les artistes médiévaux sont parvenus à restituer la cohérence spatiale. Ces observations pourront conduire à interroger les phénomènes du transfert des formes et des significations de la représentation architecturale et, à travers ce transfert de formes monumentales à l’échelle réduite, le transfert symbolique des mobiles spirituels. En définitive, autant que les œuvres de microarchitecture elles-mêmes, ce seront les procédures de la miniaturisation, leurs contraintes et leurs enjeux qui seront au cœur de nos débats.

Les propositions n’excéderont pas 3000 signes et devront être envoyées avant le 01 mai 2014, accompagnées d’un court curriculum vitae de deux pages maximum, aux adresses suivantes :

– Ambre Vilain de Bruyne (IRHIS et INHA) : ambre.vilain-de-bruyne@inha.fr
– Jean-Marie Guillouët (université de Nantes et IUF) : jmguillouet@gmail.com
– Clément Blanc-Riehl (Archives nationales) : clement.blanc@culture.gouv.fr

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