Appel à communication : « A l’échelle du monde. La carte, objet culturel, social et politique, du Moyen Âge à nos jours » (Albi, octobre 2015)

Anonyme, Le Monde dans une tête de fou, vers 1590, Paris, BNF,En mars 2014, la Communauté d’agglomération de l’albigeois a déposé un dossier de demande d’inscription de la Mappa Mundi au registre de la mémoire du monde de l’UNESCO, dont la réponse est attendue courant 2016. Cette carte du monde provient d’un recueil de textes, miscellanea, où elle est suivie d’un Index des vents et des mers, le tout datant du VIIIème siècle. Elle a fait partie des manuscrits qui ont constitué la bibliothèque du chapitre de la cathédrale d’Albi, et est actuellement conservée dans les fonds de la médiathèque Pierre Amalric. Cette Mappa Mundi d’Albi est l’une des deux plus anciennes cartes connues représentant le monde dans sa globalité et de manière non abstraite, avec la Mappa Mundi du Vatican datant de la même époque.

Cette demande d’inscription au registre du patrimoine mondial de l’UNESCO sert de point de départ à une réflexion plus générale sur la carte à l’échelle monde comme objet culturel, social et politique, à travers les âges. A la différence du discours, la carte est rarement objet de critiques et de mise à distance. Elle est souvent considérée comme un outil, peut-être en raison de l’aspect technique (dessin, projection, repères…), auquel on attribue des vertus de transparence et de subjectivité. Pourtant, la carte, qui est une interprétation de la réalité, est avant tout un objet culturel, vecteur de représentations des sociétés sur le monde, ce qui en fait un outil géopolitique particulièrement efficace. Ainsi, une carte sert de nos jours aussi bien à se localiser qu’à comprendre des situations territoriales complexes ; elle peut expliquer des rapports de forces et des rivalités de pouvoirs, et contribuer à revendiquer des territoires. Elle laisse parfois une large place à l’imaginaire.

Ces questions sur la nature et les usages des cartes se posent également pour les siècles passés, quand les principes de composition et la diffusion des cartes étaient différents de ceux d’aujourd’hui. La Mappa Mundi d’Albi intrigue par sa forme inhabituelle et le mystère qui entoure sa réalisation. Quel était alors l’intérêt de représenter le monde dans son ensemble ? Quelles connaissances étaient mobilisées et selon quels choix ? Que nous apprend un tel objet sur les conceptions du monde par les sociétés anciennes en Europe ?

Représenter le monde en carte pose donc, depuis l’antiquité, un certain nombre de problèmes techniques, politiques, religieux ou sociaux. La carte n’est pas une photographie du monde mais son interprétation. Comment représenter le monde avec un minimum de déformations ? Et d’ailleurs, est-ce l’objectif des maîtres de cet ouvrage ? Quelle projection choisir ? A quelle échelle cartographique ? Avec quelle orientation ? Quels toponymes choisir ? Quelles sont les motivations de la production, les sous- tendus politiques, religieux, économiques ? Comment figer une réalité complexe qui est en constante évolution ? La carte représente t- elle uniquement l’espace ? Ne peut-on pas y voir également le temps ? Comment hiérarchiser les informations à cartographier ? A qui s’adresse la carte ? A toutes les époques et malgré les évolutions techniques, ces questions se posent et dresser une carte est donc nécessairement difficile voire complexe.

L’objectif de ce colloque est de répondre à ces questions tout en apportant le regard croisé d’historiens et de géographes sur la conception des cartes géographiques à travers les siècles et la spécificité de « l’échelle monde », hier comme aujourd’hui. Ce colloque complètera le séminaire organisé par le LAMOP (Paris I) : “Autour de la Mappa Mundi d’Albi : culture géographique et représentation du monde au haut Moyen-Âge”. La carte a été de tous temps un instrument de pouvoir et de persuasion, qu’il soit économique, politique ou militaire. Le but est donc de dresser, pour chacune des périodes, les enjeux des cartes et leurs influences.

Le colloque aura lieu à Albi les 17 et 18 octobre 2016. Il permettra de confronter le point de vue des historiens et celui des géographes sur les usages culturels, politiques et sociaux des cartes du monde jusqu’à nos jours. La première journée sera consacrée aux usages et à la signification des représentations du monde (mappemondes, planisphères, globes, atlas) au Moyen Âge et à la Renaissance. La deuxième journée, portera sur la cartographie moderne et contemporaine et la pertinence de l’échelle monde à l’âge de la globalisation.

Les propositions de communication devront comporter le nom et les fonctions de l’auteur, un titre et un résumé d’environ 500 signes. Elles seront envoyées avant le 1er décembre 2015 à l’adresse suivante colloquemappamundi@listes.univ-jfc.fr. Les communications retenues devront parvenir aux organisateurs dans leur forme définitive au plus tard le 1er septembre 2016.

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