Appel à communication : colloque international « Gustave Geffroy (1855-1926) : critique d’art et acteur de la vie culturelle » (Rennes,10 et 11 septembre 2020)

 

Appel à communication : colloque international « Gustave Geffroy (1855-1926) : critique d’art et acteur de la vie culturelle » (Rennes,10 et 11 septembre 2020)

Université Rennes 2. Place du Recteur Henri Le Moal, Rennes.

EA 1279  Histoire et critique des arts – Université Rennes 2. En partenariat avec les Archives de la Critique d’Art.

Format : les propositions de communication (2000 signes maximum), seront accompagnées d’un titre et d’une note bio-bibliographique, et seront envoyées à : patricia.dilhuit@univ-rennes2.fr. Avant le 31 mars 2020.

Ce colloque sera le premier consacré à Gustave Geffroy (1855-1926). Bien qu’ayant été une personnalité majeure du monde des arts et des lettres entre 1880 et 1926, Gustave Geffroy ne bénéficie que d’une notoriété confidentielle et parcellaire, souvent réduite à ses seuls écrits en faveur de l’impressionnisme. Or cette réduction doit être corrigée au regard de l’ensemble de ses écrits sur l’art, de l’ampleur et de la complexité de ses multiples activités, de ses prises de positions enfin. Issu d’une modeste famille bretonne, il est un autodidacte qui parvient à intégrer les milieux de la presse, devenant à partir de 1880 un proche collaborateur et un ami de Georges Clemenceau dont il est le premier biographe. Ses engagements d’homme de gauche s’affirment dans ses chroniques quasi quotidiennes pendant les deux dernières décennies du XIXe siècle, au sein de sa critique d’art, de son œuvre littéraire et de ses relations avec artistes, hommes de lettres et l’ensemble de vie culturelle française. Très rapidement reconnu comme un critique d’art incontournable,  il a aussi été critique littéraire et théâtral. Sa production personnelle reste longtemps celle d’un nouvelliste, alors qu’il consacre de longues années à écrire L’Enfermé, la biographie d’Auguste Blanqui. Au début du XXe siècle, il publie quelques romans et des ouvrages consacrés à l’histoire de l’art et à la Bretagne ;  il assure la présidence de l’académie Goncourt et il est nommé à la direction de la Manufacture des Gobelins. Ce colloque se propose donc d’approfondir les connaissances sur sa production de critique d’art, mais aussi d’appréhender les différentes facettes de la carrière et de l’œuvre de Gustave Geffroy. Celui qui fut surnommé le « juste de la Justice » par Jules Barbey d’Aurevilly, fut pour certains, comme le dit si bien Claudie Judrin, une « ombre tutélaire ». Sa critique sensible et « généreuse » pour reprendre une expression de Jean-Paul Bouillon, et servie par une « langue colorée » qu’admirait Edmond de Goncourt, offre un témoignage exemplaire d’une période historique mouvementée. Par ses audaces et ses timidités, par ses rejets et souvent par sa clairvoyance, par la diversité des dimensions de son œuvre, Gustave Geffroy mérite l’approche pluridisciplinaire qui sera celle de ce colloque.

 

Les propositions s’inscriront de préférence dans l’un des axes suivants :

Amitiés et stratégies : parcourir la biographie de Geffroy montre combien il a été un homme pour lequel les amitiés – et les inimitiés – ont compté. Cet « amiteux » comme le note Alphonse Daudet a créé d’importants réseaux de sociabilité dont beaucoup restent à préciser. C’est sur ces réseaux qu’il appuie ses convictions et son œuvre, construisant, non sans difficultés parfois, sa carrière. La presse est son principal terrain d’action. Il y affirme ses positions d’homme de gauche engagé dans des causes sociétales, artistiques et littéraires qu’il faudra préciser. Son intérêt et son engagement pour la culture Bretagne, jamais démenti, sera à examiner.

Le critique d’art : si la critique d’art apporte la notoriété à Geffroy, c’est parce qu’il a su développer un regard singulier et sensible, enrichi par l’écoute attentive qu’il a accordée à ses amis artistes : Rodin, Bracquemond, Monet et Carrière notamment. Il a engagé avec eux un véritable dialogue dont ses écrits portent la présence. Chroniqueur de presse, Geffroy est salonnier par obligation. Maniant les topoi du genre, il rend compte de toute l’actualité artistique. Face aux nouvelles tendances, il se révèle séduit ou agacé voire bousculé dans ses convictions, tout à tour audacieux ou réfractaire, notamment devant les productions de certains artistes symbolistes, notamment de ceux qui participent aux expositions de la Rose+Croix, mais aussi de Gauguin. La construction de son discours, souvent nuancé, témoigne d’un regard parfois obscurci par des refus idéologiques. Ce regard sait cependant se modifier en réponse aux débats esthétiques qui animent la période, sur la question du naturalisme pictural, sur la définition du symbolisme, sur la porosité des frontières entre impressionnisme et symbolisme. Ce second axe abordera la critique d’art de Geffroy sous tous ses aspects, et notamment celui de sa réception par ses contemporains, confrères, artistes ou acteurs institutionnels.

L’art, au-delà de la critique : le titre que Geffroy donne à la série des huit ouvrages réunissant certaines de ses chroniques d’art, La Vie artistique, est programmatique. Geffroy a en effet mis sa plume et ses relations au service de cette vie artistique : au service des artistes, des œuvres d’art et du patrimoine (acquisitions, préservation, restauration), et des initiatives en faveur de l’Art social. Il s’implique dans la  défense des arts de l’estampe, collaborant avec certains artistes tel Toulouse-Lautrec par exemple. Très soucieux du développement des arts décoratifs, il trouve dans sa direction de la manufacture des Gobelins l’opportunité de mettre en œuvre ses convictions. Il consacre aussi des publications à l’art ancien, entretenant des relations privilégiées avec certaines grandes figures de l’histoire de l’art comme Elie Faure et surtout son grand ami Henri Focillon.

Geffroy et les milieux littéraires : si l’œuvre littéraire de Geffroy n’est pas passée à la postérité, ses écrits n’en restent pas moins importants. Ses nouvelles et ses romans, ses critiques littéraires et de théâtre, ses rapports avec le milieu littéraire ou cinématographique ont été peu étudiés. Le soutien qu’il apporte aux hommes de lettres, ses activités dans les milieux de l’édition, des sociétés et des associations littéraires, lui apportent la reconnaissance de ses pairs mais restent presque entièrement méconnus. N’ont pas non plus été étudiées ses actions animées par son souci de démocratisation et de diffusion du savoir – par exemple celles en faveur du théâtre populaire ou des universités populaires – qui témoignent de la vision humaniste qui l’a toujours portée, et dont il nourrit l’ensemble de son œuvre.

 

 

 

 

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