Appel à communication : Colloque international « Créer et après ? Postérité et fortune critique des artistes européens des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles » (Paris, 7-8 novembre 2025)
The English version follows.
Appel à communication : 28 juin 2025, date limite d’envoi
Colloque : 7 et 8 novembre 2025, Salle Vasari, Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Argumentaire :
« Aller à contre-courant des négligences et de l’oubli », telle est, selon Antoine Schnapper, l’une des tâches de l’historien de l’art. L’histoire de l’art s’est construite à travers une sélection d’œuvres et d’événements jugés dignes de mémoire. A l’inverse, les artistes, artefacts et autres objets jugés indignes d’une époque, d’un courant, d’un discours, ont été négligés ou occultés. Les notions de « fortune critique », de « postérité » et de « réception » mettent en lumière cette dynamique. Les artistes du XVIIe et du XVIIIe siècle et leurs œuvres qui bénéficient d’une reconnaissance durable échappent à l’oubli, tandis que d’autres, moins valorisés, disparaissent des récits. Ces destins contrastés trouvent leurs racines dans des facteurs divers : l’évolution des sensibilités esthétiques, la nature matérielle des œuvres, les bouleversements historiques ou encore leur visibilité au sein des collections muséales.
L’histoire de l’art européen trouve ses origines, en effet, dans l’écriture des biographies d’artistes, de Vasari à Dezallier d’Argenville en passant par Félibien. Elle ne repose pas uniquement sur l’appréciation objective des œuvres, mais aussi sur les jugements portés par les artistes, le public, les critiques, les historiens et le marché de l’art, qui peuvent altérer ou renforcer la place d’un artiste. Depuis la fin du XIXᵉ siècle et la naissance de l’histoire de l’art comme discipline, des historiens comme Henry Jouin (1878 ; 1888 ; 1890), Jules Guiffrey (1877 ; 1882), Pierre Marcel (1914 ; 1924), ou Jean Locquin (1912 ; 1933) ont entrepris de combler ces lacunes en éclairant les mécanismes ayant conduit à l’oubli de certains artistes. Cependant, ces premières études, souvent basées sur des cas spécifiques, n’ont pas permis de développer une analyse globale de l’oubli ou de la marginalisation d’artistes. Depuis les années 1960, de nombreux artistes des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles ont été redécouverts ou réévalués grâce à des monographies accompagnées de catalogues raisonnés. De nouvelles méthodologies et l’accès facilité aux sources ont enrichi ces recherches, notamment grâce aux technologies numériques qui permettent de mettre en lumière des informations inédites sur les parcours des artistes et leurs influences. L’essor de l’histoire sociale de l’art et des gender studies a permis de replacer l’artiste dans des contextes plus larges, et l’étude des matériaux et techniques offre de nouvelles perspectives sur la création artistique. Ces outils ont considérablement renouvelé l’approche des monographies, apportant une lecture plus nuancée des parcours des artistes. Cependant, la monographie traditionnelle, même accompagnée d’un catalogue raisonné, ne suffit pas toujours à éclairer de manière globale la fortune critique des artistes.
Si les artistes oubliés ou négligés sont encore nombreux, la richesse des publications des dernières décennies offre une matière féconde à de nouvelles réflexions générales, étoffées par les nouvelles approches de la discipline. Ce colloque se propose donc de questionner la notion de postérité, de réception et de fortune critique, non seulement du point de vue de l’artiste, mais aussi de l’amateur, des institutions culturelles et du grand public aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles. Il s’intéressera aux facteurs et mécanismes ayant contribué à l’ascension ou à l’oubli de certains artistes. Il se veut donc être une réflexion autour de l’épreuve que doivent surmonter tous les artistes : le temps. Quel rôle ont joué les critiques, les académies, les salons, le public et les institutions culturelles dans cette dynamique ? Quelle influence le marché de l’art et les collectionneurs ont-ils eue sur la reconnaissance des artistes ? En outre, ce colloque s’intéressera aux défis rencontrés par les historiens de l’art face aux lacunes matérielles : comment traiter un artiste ou une œuvre dont les sources sont rares ou absentes ?
Le premier axe de ce colloque sera concentré sur la notion de postérité. Dans son Salon de 1765, Diderot affirmait : « Il faut que l’artiste, dans son atelier, sente autour de lui les regards d’une postérité sévère et incorruptible ». Il souligne ainsi la nécessité pour l’artiste de ne pas travailler « pour son siècle » mais bien pour la constitution d’un héritage futur. Emprunté du latin posteritas, la postérité désigne le temps qui vient après, l’avenir. Dès le XVIIᵉ siècle, le dictionnaire de Furetière témoigne de cette conception selon laquelle il incombe à l’artiste de veiller à sa postérité. C’est à lui de s’assurer qu’on se souviendra de lui. Nombreux sont les artistes, aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, qui dirigent leur carrière en ce sens. Cet axe du colloque cherchera donc à explorer les moyens mis en place par les artistes pour assurer leur postérité. En quoi les stratégies personnelles des artistes — qu’il s’agisse de la construction de leur image, de leur gestion des relations avec les mécènes, la critique, ou les institutions — ont-elles influencé leur postérité ? Par ailleurs, nous souhaitons encourager des communications portant sur les moyens matériels qu’ont déployés certains artistes pour garantir la pérennité de leurs œuvres. Cela inclut, par exemple, une certaine maîtrise technique afin de s’assurer de la pérennité et de la transmission de leurs œuvres.
Axes privilégiés :
- Usages des écrits dans la construction de la postérité : analyse des stratégies mémorielles des artistes
- Analyse de l’usage de l’estampe dans la promotion et la diffusion d’un œuvre
- Construction d’un héritage : transmission au sein des familles et des ateliers d’artiste
- Absence, indifférence et refus de la postérité
- Incidence de la matérialité des œuvres d’art sur la postérité : créations éphémères, techniques à l’épreuve du temps
Le deuxième axe du colloque sera dirigé vers la question de la réception. Ce terme désigne la manière dont une œuvre ou un artiste est perçu et apprécié par le public, qui constitue ici l’acteur principal. La réception est subjective, sensible et dépendante du goût d’une époque, ainsi que des influences sociales et politiques du moment. En s’assurant d’être bien reçu de son vivant, l’artiste s’assure un pas vers le succès et l’immortalité. Le goût évoluant régulièrement, les œuvres sont sans cesse réévaluées, à l’aune du regard d’un artiste, d’un public, d’une époque sur une autre. Les critères diffèrent selon les espaces géographiques et temporels et peuvent ainsi être reçus différemment à chaque siècle et à chaque nouvelle génération. Parfois, ce sont les œuvres elles-mêmes qui sont victimes de ce processus notamment lors de restaurations altérant l’aspect original des objets. Cette constante remise en question du goût peut donc être dommageable pour certains artistes mais profitable à d’autres. Ainsi, il s’agira d’étudier comment ces contextes ont influencé la critique artistique et la fortune des artistes. De quelle manière les événements politiques et sociaux ont-ils modifié les critères de jugement des œuvres ? Comment l’état matériel d’une œuvre est-il susceptible de modifier sa réception ?
Axes privilégiés :
- Usages et rôles des écrits dans la réception des artistes et de leurs œuvres : articles de presse, comptes-rendus critiques des Salons, conférences de l’Académie, traités…
- L’influence du goût sur la réception des artistes selon le contexte spatio-temporel
- Le désintérêt pour un artiste, facteur de destruction des œuvres
- La disparition des œuvres, facteur d’oubli des artistes
- Conséquence de la naissance du concept de génie au XVIIIe siècle sur la réception des artistes et de leurs œuvres
Le dernier axe de ce colloque portera sur la notion de la fortune critique et sur sa nature. Cet examen méthodique de la réception d’un artiste permet de refléter non seulement le jugement esthétique et intellectuel porté sur leurs œuvres, mais aussi l’évolution de leur réputation et de leur influence dans l’histoire de l’art. La fortune critique agit ainsi comme une mémoire sélective, déterminant quels artistes sont conservés dans l’histoire et quels autres sombrent dans l’oubli. Elle influence non seulement les trajectoires individuelles des artistes, mais aussi notre compréhension de l’évolution des styles et des débats esthétiques à travers le temps. En ce sens, la fortune critique devient un filtre essentiel dans l’écriture de l’histoire de l’art, structurée par les choix de ce qui est valorisé et de ce qui est omis. Une fortune critique favorable peut propulser un artiste au rang de “maître”, tandis qu’une fortune défavorable peut le condamner à l’indifférence. Toutefois, cette fortune est souvent instable, soumise aux fluctuations des modes, des contextes sociaux et des dynamiques de pouvoir dans le monde de l’art. Cet axe permettra d’explorer les transformations de la perception des artistes : comment certains artistes ont-ils été réévalués au XIXᵉ siècle et au XXᵉ siècle ? Quelles sont les raisons de ces révisions critiques, et comment ces réévaluations ont-elles modifié leur place dans l’histoire de l’art ? Écrire la fortune critique suscite ainsi le renouvellement du discours autour d’un artiste pour les générations à venir.
Axes privilégiés :
- Le rôle joué par la monographie dans la construction de la fortune critique des artistes hier et aujourd’hui.
- L’importance du vocabulaire choisi dans la désignation des artistes : “maître”, “petit”, “grand”, “artiste mineur”, “artiste majeur”…
- L’influence des institutions muséales (muséographie, expositions…) et universitaires (colloques, séminaires, publications…) et du marché de l’art, ainsi que de la presse
- Nouvelles méthodologies : quel apport pour l’écriture de la fortune critique ?
- Les régimes d’historicité : l’influence du contexte socio-historique sur l’écriture de l’histoire de l’art et sur les enjeux patrimoniaux.
Modalités de soumission
Les communications, d’une durée de 20 minutes, prendront la forme d’études de cas individuels et collectifs, portant, entre autres, sur les axes listés dans l’appel.
Les propositions de communication (entre 600 et 700 mots) doivent être envoyées, accompagnées d’une courte biographie, à l’adresse suivante :
fortunecritique@gmail.com
La date limite d’envoi est fixée au : 28 juin 2025.
Une publication sera envisagée à l’issue du colloque.
Comité organisateur
- Élisa Bérard, doctorante en histoire de l’art, Sorbonne Université, Centre André-Chastel
- Romane Delsinne, doctorante en histoire de l’art, Sorbonne Université, Centre André-Chastel
- Enzo Menuge, doctorant en histoire de l’art, Sorbonne Université, CNRS, Centre André-Chastel
Comité scientifique
- Christine Gouzi, professeur en histoire de l’art moderne, Sorbonne Université, Centre André Chastel.
- Étienne Jollet, professeur en histoire de l’art moderne, Paris I Panthéon Sorbonne.
Bibliographie indicative
BARBILLON, Claire, CHEVILLOT Catherine, MARTIN, François-René, Histoire de l’art du XIXe siècle, 1848-1914 : bilans et perspectives, actes du colloque École du Louvre-musée d’Orsay, 13-15 septembre 2007, Paris, École du Louvre, 2012.
BARTHES Roland, « La mort de l’auteur », In : Manteia, n°5, 4e trimestre, 1968, p. 12-17.
BONFAIT Olivier, « Réception et diffusion. Orientations de la recherche sur les artistes de la période moderne », In: Histoire de l’art, n°35-36, 1996, p. 101-114.
BONFAIT Olivier, « Conclusion : une génération La Fosse ? Nouveaux lieux et paradigmes de la peinture en France autour de 1700 », In : Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 15, 2018.
BRISAC Anne-Laure (dir.), Perspective : la monographie d’artiste. 4/2006, [revue], Paris, Armand Colin – La revue de l’INHA, 2007.
BOURDIEU Pierre, « L’illusion biographique », In : Actes de la recherche en sciences sociales, n°66-67, 1987, p. 95-104.
CHASTAGNOL, Karen, « Charles de La Fosse et la peinture d’histoire autour de 1700 », In : Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 15, 2018.
DIDEROT Denist, Salons, vol. 1 (1759-1761-1763), texte établi et présenté par J. Seznec et J. Adhémar, 2nde édition, Londres, Oxford Clarendon Press, [1957] 1975.
DIMIER Louis, Histoire de la peinture française du retour de Vouet à la mort de Le Brun, Paris et Bruxelles, 2 vol., 1926-1927.
DOSSE François, Le Pari biographique. Écrire une vie, Paris, La Découverte, 2005.
FEBVRE Lucien, « Penser l’histoire de l’art », In : Annales, économies, sociétés, civilisations, n°5/1, janvier-mars 1950, p. 134-136.
FEBVRE Lucien, « Résurrection d’un peintre : à propos de Georges de La Tour », In : Annales. Économies, sociétés, civilisations, t. 5, 1950, n°1, p. 129-134 ; rééd. Par Brigitte Mazon dans Lucien Febvre. Vivre l’histoire, Paris, R. Lafont/A. Colin, coll. « Bouquins », 2009, p. 260-265.
GOUZI Christine, « L’histoire de l’art selon Antoine Schnapper », in Commentaire, Numéro 129 (1), 2010, p. 151-158.
GOUZI Christine, « Préface », In : Antoine Schnapper, Jean Jouvenet 1644-1717 et la peinture d’histoire à Paris, Paris, Arthena, [1974] 2010.
GOUZI Christine, « L’histoire dans les règles de l’art : la monographie », In : actes du colloque Artistes, collections et musées : hommage à Antoine Schnapper, Paris, Inha, 2009, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2016.
GOUZI Christine, « Préface », In : Nicolas-Guy Brenet. 1728-1792, Paris, ARTHENA, 2023.
JOLLET Etienne, « La temporalité dans les arts visuels : l’exemple des Temps modernes », in Revue de l’art, N° 178(4), 2012, p. 49-64.
JOUIN Henry, Charles Le Brun et les Arts sous Louis XIV, Paris, Imprimerie nationale, 1889.
LOCQUIN Jean, La peinture d’Histoire en France de 1747 à 1785, Paris, 1912 (rééd. 1978).
MARCEL Pierre, La Peinture Française au début du XVIIIᵉ siècle. 1690-1721, Paris, Ancienne maison Quantin, 1906.
PASSINI, Michela, L’oeil et l’archive : une histoire de l’histoire de l’art, Paris, La Découverte, 2017.
RIS (de) CLÉMENT, Les Amateurs d’autrefois, Paris, E. Plon & Cie, 1877.
ROSENBERG, Pierre, « Roberto Longhi et le XVIIᵉ siècle français », In : De Raphaël à la Révolution, les relations artistiques entre l’Italie et la France, Paris, Skira, 2005, p. 27-36 (1ère éd. dans G. Previtali [dir.], L’Arte di scrivere sull’arte. Roberto Longhi nella cultura del nostro tempo, Roma, Editori riuniti, 1982).
SCHNAPPER Antoine, « Les tâches de l’historien de l’art. », In : Contrepoint, n°2, 1973, p. 161-172.
SHAFTESBURY, Characteristics of Men, Manners, Opinions, Times, réédité par Lawrence E. Klein, University of Nevada, Las Vegas, [1711], 2000.
THUILLIER Jacques, CHÂTELET, Albert, La peinture française. De Le Nain à Fragonard, Genève, Skira, 1964.
THUILLIER Jacques, La peinture française au XVIIe siècle, vol. 2., Genève, Skira, 1992.
VAISSE Pierre, « Du rôle de la réception dans l’histoire de l’art », in Histoire de l’art, n°35-36, 1996, p. 3-8.
WARESQUIEL (de) Emmanuel, Il nous fallait des mythes : La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours, Paris, Tallandier, 2024.
WOOD, Christopher, A History of Art History, Princeton, University Press, 2019.
Expositions
Dunkerque, Lille, Valenciennes, 1980 : La Peinture française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Dunkerque, musée des Beaux-Arts, Valenciennes, musée des Beaux-Arts, Lille, Palais des Beaux-Arts, 1980, Dunkerque, musée des Beaux-Arts, 1980 (dir. Jacques Kuhnmünche et Hervé Oursel).
Ottawa, 1976 : Le siècle de Louis XV : peinture française de 1710 à 1774, Ottawa, musée des Beaux-Arts du Canada, 19 mars – 2 mai 1976, Ottawa, Galerie nationale du Canada, 1976 (dir. Pierre Rosenberg).
Sceaux, 2013 : 1704, Le Salon, les Arts et le Roi, Sceaux, domaine départemental, musée de l’Île-de-France, 22 mars-30 juin 2013, Milan, Silvana Editoriale, 2013 (dir. Dominique Brême et Frédérique Lanoë).
Tours, Toulouse, 2000 : Les Peintres du roi, 1648-1783, Tours, musée des Beaux-Arts, 18 mars-18 juin 2000 ; Toulouse, musée des Augustins, 30 juin-2 octobre 2000, Paris, Réunion des musées nationaux, 2000.
English version
Create and after? Posterity and Critical Fortune of 17th and 18th Century European Artists
Submission deadline : June 28, 2025
Symposium dates : November 7 and 8, 2025, Salle Vasari, Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris.
Arguments :
According to Antoine Schnapper, one of the tasks of the art historian is to ‘go against the tide of neglect and oblivion’. Art history has been built on a selection of works and events deemed worthy of remembrance. Conversely, artists, artefacts and other objects deemed unworthy of an era, a trend or a discourse have been neglected or obscured. The notions of ‘critical fortune’, ‘posterity’ and ‘reception’ highlight this dynamic. The artists of the seventeenth and eighteenth centuries and their works who enjoy lasting recognition escape oblivion, while others, less valued, disappear from the narrative. These contrasting fates are rooted in a variety of factors: changing aesthetic sensibilities, the material nature of the works, historical upheavals and their visibility in museum collections.
The history of European art has its origins in the writing of artists’ biographies, from Vasari to Félibien to Dezallier d’Argenville. It is based not only on the objective appreciation of works, but also on the judgements made by artists, the public, critics, historians and the art market, which can alter or reinforce an artist’s position. Since the end of the 19th century and the birth of art history as a discipline, historians such as Henry Jouin (1878 ; 1888; 1890), Jules Guiffrey (1877) ; Pierre Marcel (1914 ; 1924) and Jean Locquin (1912 ; 1933) have set out to fill these gaps by shedding light on the mechanisms that led to certain artists being forgotten. However, these early studies, which were often based on specific cases, did not provide an overall analysis of the oblivion or marginalisation of artists. Since the 1960s, many artists of the 17th and 18th centuries have been rediscovered or reassessed thanks to monographs accompanied by catalogues raisonnés. New methodologies and easier access to sources have enriched this research, thanks to digital technologies that bring to light previously unpublished information on artists’ careers and their influences. The rise of social history and gender studies has made it possible to place artists in broader contexts, and the study of materials and techniques offers new perspectives on artistic creation. These tools have considerably renewed the approach to monographs, providing a more nuanced reading of artists’ careers. However, the traditional monograph, even when accompanied by a catalogue raisonné, is not always sufficient to provide a comprehensive overview of the critical fortunes of artists.
While there are still many forgotten or neglected artists, the wealth of publications in recent decades provides fertile material for new general reflections, fleshed out by new approaches to the discipline, such as studies. This colloquium therefore proposes to question the notion of posterity, reception and critical fortune, not only from the point of view of the artist, but also from that of the amateur, cultural institutions and the public in the 17th and 18th centuries. It will look at the factors and mechanisms that contributed to the rise or fall of certain artists. It is therefore intended to be a reflection on the test that all artists must overcome : time. What role have critics, academies, Salons, the public and cultural institutions played in this dynamic ? What influence have the art market and collectors had on the recognition of artists ? In addition, this symposium will look at the challenges faced by art historians when faced with material gaps : how do we deal with an artist or a work for which sources are rare or absent ?
The first theme of this colloquium will focus on the notion of posterity. In his Salon of 1765, Diderot stated : ‘The artist, in his studio, must feel around him the gaze of a severe and incorruptible posterity’. In so doing, he emphasised the need for artists not to work ‘for their own century’, but to create a future legacy. Taken from the Latin posteritas, posterity refers to the time that comes after, the future. As early as the 17th century, Furetière’s dictionary bears witness to this conception that it is the artist’s responsibility to look after his posterity. It was up to him to ensure that he would be remembered. Many artists in the 17th and 18th centuries directed their careers in this direction. This focus of the symposium will therefore seek to explore the means put in place by artists to ensure their posterity. How did artists’ personal strategies – whether in terms of constructing their image or managing their relations with patrons, critics or institutions – influence their posterity ? In addition, we would like to encourage papers on the material resources that certain artists have deployed to guarantee the longevity of their works. This includes, for example, a certain technical mastery to ensure the longevity and transmission of their works.
Preferred topics for submissions :
- The use of writing in the construction of posterity : analysis of artists’ memory strategies
- Analysis of the use of prints to promote and disseminate a work of art
- Building a legacy : transmission within families and artists’ studios
- Absence, indifference and refusal of posterity
- The impact of the materiality of works of art on posterity : ephemeral creations, time-tested techniques, etc.
The second theme of the colloquium will be reception. This term refers to the way in which a work or an artist is perceived and appreciated by the public, who are the main players here. Reception is subjective, sensitive and dependent on the tastes of an era, as well as the social and political influences of the time. By ensuring that his work is well received during his lifetime, the artist takes a step towards success and immortality. Tastes evolve regularly, and works are constantly re-evaluated in the light of one artist’s, one audience’s and one era’s view of another. Criteria differ according to time and place and can therefore be received differently by each century and each new generation. Sometimes it is the works themselves that fall victim to this process, particularly when restoration work alters the original appearance of the objects. This constant questioning of taste can be damaging for some artists, but beneficial for others. The aim is to study how these contexts have influenced artistic criticism and the fortunes of artists. How have political and social events altered the criteria by which works are judged? How does the material state of a work affect its reception ?
Preferred topics for submissions :
- The use and role of the written work in the reception of artists and their works : press articles, critical reviews of the Salons, Academy lectures, treatises, etc.
- The influence of taste on the reception of artists according to the context of space and time
- Lack of interest in an artist, a factor in the destruction of works
- The disappearance of works, a factor in the oblivion of artists
- Consequences of the emergence of the concept of genius in the 18th century on the reception of artists and their works
The final theme of this symposium will be the notion of critical fortune. This methodical examination of an artist’s reception reflects not only the aesthetic and intellectual judgements made about their work, but also the evolution of their reputation and influence in art history. Critical fortune thus acts as a selective memory, determining which artists are preserved in history and which others sink into oblivion. It influences not only the individual trajectories of artists, but also our understanding of the evolution of styles and aesthetic debates over time. In this sense, critical fortune becomes an essential filter in the writing of art history, structured by the choices of what is valued and what is omitted. Favourable critical fortune can propel an artist to the rank of ‘master’, while unfavourable fortune can condemn him or her to indifference. However, such fortunes are often unstable, subject to fluctuations in trends, social contexts and power dynamics in the art world. This focus will explore transformations in the perception of artists : how were certain artists revalued in the 19th and 20th centuries? What are the reasons for these critical revisions, and how have these reassessments altered their place in art history ? In this way, writing the critical fortune will renew the discourse on an artist for generations to come.
Preferred topics for submissions :
- The role played by monographs in building the critical fortunes of artists past and present.
- The importance of the vocabulary used to describe artists: ‘master’, “small”, ‘great’, ‘minor artist’, ‘major artist’, etc.
- The influence of museums (museography, exhibitions, etc.), universities (conferences, seminars, publications, etc.), the art market and the press.
- New methodologies : what contribution can they make to the writing of critical fortune ?
- Regimes of historicity: the influence of the socio-historical context on the writing of art history and on heritage issues.
Submission Guidelines
The proposals will last twenty minutes and will take the form of individual and collective case studies, focusing, among other things, on the themes listed in the call for papers.
Proposals for presentations (between 600 and 700 words) must be submitted, along with a short biography, to the following address:
fortunecritique@gmail.com
The submission deadline is set for : June 28, 2025.
A publication will be considered after the conference.
Organizing Committee
- Élisa Bérard, PhD candidate in Art History, Sorbonne University, Centre André-Chastel
- Romane Delsinne, PhD candidate in Art History, Sorbonne University, Centre André-Chastel
- Enzo Menuge, PhD candidate in Art History, Sorbonne University, CNRS, Centre André-Chastel
Scientific Committee
- Christine Gouzi, Professor of Modern Art History, Sorbonne University, Centre André-Chastel
- Étienne Jollet, Professor of Modern Art History, Paris I Panthéon-Sorbonne
Indicative bibliography
BARBILLON, Claire, CHEVILLOT Catherine, MARTIN, François-René, Histoire de l’art du XIXe siècle, 1848-1914 : bilans et perspectives, actes du colloque École du Louvre-musée d’Orsay, 13-15 septembre 2007, Paris, École du Louvre, 2012.
BARTHES Roland, « La mort de l’auteur », In : Manteia, n°5, 4e trimestre, 1968, p. 12-17.
BONFAIT Olivier, « Réception et diffusion. Orientations de la recherche sur les artistes de la période moderne », In: Histoire de l’art, n°35-36, 1996, p. 101-114.
BONFAIT Olivier, « Conclusion : une génération La Fosse ? Nouveaux lieux et paradigmes de la peinture en France autour de 1700 », In : Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 15, 2018.
BRISAC Anne-Laure (dir.), Perspective : la monographie d’artiste. 4/2006, [revue], Paris, Armand Colin – La revue de l’INHA, 2007.
BOURDIEU Pierre, « L’illusion biographique », In : Actes de la recherche en sciences sociales, n°66-67, 1987, p. 95-104.
CHASTAGNOL, Karen, « Charles de La Fosse et la peinture d’histoire autour de 1700 », In : Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 15, 2018.
DIDEROT Denist, Salons, vol. 1 (1759-1761-1763), texte établi et présenté par J. Seznec et J. Adhémar, 2nde édition, Londres, Oxford Clarendon Press, [1957] 1975.
DIMIER Louis, Histoire de la peinture française du retour de Vouet à la mort de Le Brun, Paris et Bruxelles, 2 vol., 1926-1927.
DOSSE François, Le Pari biographique. Écrire une vie, Paris, La Découverte, 2005.
FEBVRE Lucien, « Penser l’histoire de l’art », In : Annales, économies, sociétés, civilisations, n°5/1, janvier-mars 1950, p. 134-136.
FEBVRE Lucien, « Résurrection d’un peintre : à propos de Georges de La Tour », In : Annales. Économies, sociétés, civilisations, t. 5, 1950, n°1, p. 129-134 ; rééd. Par Brigitte Mazon dans Lucien Febvre. Vivre l’histoire, Paris, R. Lafont/A. Colin, coll. « Bouquins », 2009, p. 260-265.
GOUZI Christine, « L’histoire de l’art selon Antoine Schnapper », in Commentaire, Numéro 129 (1), 2010, p. 151-158.
GOUZI Christine, « Préface », In : Antoine Schnapper, Jean Jouvenet 1644-1717 et la peinture d’histoire à Paris, Paris, Arthena, [1974] 2010.
GOUZI Christine, « L’histoire dans les règles de l’art : la monographie », In : actes du colloque Artistes, collections et musées : hommage à Antoine Schnapper, Paris, Inha, 2009, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2016.
GOUZI Christine, « Préface », In : Nicolas-Guy Brenet. 1728-1792, Paris, ARTHENA, 2023.
JOLLET Etienne, « La temporalité dans les arts visuels : l’exemple des Temps modernes », in Revue de l’art, N° 178(4), 2012, p. 49-64.
JOUIN Henry, Charles Le Brun et les Arts sous Louis XIV, Paris, Imprimerie nationale, 1889.
LOCQUIN Jean, La peinture d’Histoire en France de 1747 à 1785, Paris, 1912 (rééd. 1978).
MARCEL Pierre, La Peinture Française au début du XVIIIᵉ siècle. 1690-1721, Paris, Ancienne maison Quantin, 1906.
PASSINI, Michela, L’oeil et l’archive : une histoire de l’histoire de l’art, Paris, La Découverte, 2017.
RIS (de) CLÉMENT, Les Amateurs d’autrefois, Paris, E. Plon & Cie, 1877.
ROSENBERG, Pierre, « Roberto Longhi et le XVIIᵉ siècle français », In : De Raphaël à la Révolution, les relations artistiques entre l’Italie et la France, Paris, Skira, 2005, p. 27-36 (1ère éd. dans G. Previtali [dir.], L’Arte di scrivere sull’arte. Roberto Longhi nella cultura del nostro tempo, Roma, Editori riuniti, 1982).
SCHNAPPER Antoine, « Les tâches de l’historien de l’art. », In : Contrepoint, n°2, 1973, p. 161-172.
SHAFTESBURY, Characteristics of Men, Manners, Opinions, Times, réédité par Lawrence E. Klein, University of Nevada, Las Vegas, [1711], 2000.
THUILLIER Jacques, CHÂTELET, Albert, La peinture française. De Le Nain à Fragonard, Genève, Skira, 1964.
THUILLIER Jacques, La peinture française au XVIIe siècle, vol. 2., Genève, Skira, 1992.
VAISSE Pierre, « Du rôle de la réception dans l’histoire de l’art », in Histoire de l’art, n°35-36, 1996, p. 3-8.
WARESQUIEL (de) Emmanuel, Il nous fallait des mythes : La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours, Paris, Tallandier, 2024.
WOOD, Christopher, A History of Art History, Princeton, University Press, 2019.
Exhibitions
Dunkerque, Lille, Valenciennes, 1980 : La Peinture française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Dunkerque, musée des Beaux-Arts, Valenciennes, musée des Beaux-Arts, Lille, Palais des Beaux-Arts, 1980, Dunkerque, musée des Beaux-Arts, 1980 (dir. Jacques Kuhnmünche et Hervé Oursel).
Ottawa, 1976 : Le siècle de Louis XV : peinture française de 1710 à 1774, Ottawa, musée des Beaux-Arts du Canada, 19 mars – 2 mai 1976, Ottawa, Galerie nationale du Canada, 1976 (dir. Pierre Rosenberg).
Sceaux, 2013 : 1704, Le Salon, les Arts et le Roi, Sceaux, domaine départemental, musée de l’Île-de-France, 22 mars-30 juin 2013, Milan, Silvana Editoriale, 2013 (dir. Dominique Brême et Frédérique Lanoë).
Tours, Toulouse, 2000 : Les Peintres du roi, 1648-1783, Tours, musée des Beaux-Arts, 18 mars-18 juin 2000 ; Toulouse, musée des Augustins, 30 juin-2 octobre 2000, Paris, Réunion des musées nationaux, 2000.
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