Appel à communication : « De la Reconstruction au renouveau esthétique : Rêves et réalités des Ateliers d’art sacré (1919-1947) » (Paris, 29-30 novembre 2019 )

Appel à communication : « De la Reconstruction au renouveau esthétique : Rêves et réalités des Ateliers d’art sacré (1919-1947) » (Paris, 29-30 novembre 2019 )

HISTARA (EPHE, PSL)

Le renouveau historiographique suscité par le centenaire de la Première Guerre mondiale a remis en lumière l’ampleur des destructions patrimoniales et l’enjeu de la Reconstruction. Derrière le prestige d’un édifice martyr tel que la cathédrale de Reims, ce sont d’innombrables églises rurales et urbaines qui furent en tout ou partie dévastées. Si la cathédrale gothique doit être relevée à l’identique, ne faut-il pas, pour les édifices plus modestes, profiter de l’occasion pour adapter l’ensemble du décor, les vitraux et le mobilier liturgique aux évolutions esthétiques et offrir ainsi de nouveaux chantiers aux artistes ?

Ce fut, en 1919, le rêve des Ateliers d’art sacré. Former des artistes chrétiens et combattre les fadeurs des productions industrielles par des œuvres authentiques. L’idée en était déjà venue à George Desvallières dès 1912, alors qu’à cette date Maurice Denis n’en voyait pas les conditions de réalisation, elle renaît au lendemain de la guerre. Denis et Desvallières en formulent les premiers objectifs : « 1° former des artistes et des artisans à la pratique de l’art chrétien. 2° fournir aux églises, et spécialement aux églises dévastées par la guerre, des œuvres religieuses d’un caractère à la fois esthétique, traditionnel et moderne». Une transmission de savoirs de maîtres à apprentis est proposée sur le modèle des corporations médiévales, avec également des enseignements théoriques non seulement d’histoire de l’art mais encore de dogmatique, de philosophie thomiste et de liturgie.

D’autres groupements d’artistes ont partagé une telle ambition qui anime depuis le début du XIXe siècle la quête d’un idéal de l’art chrétien (la Société de Saint-Jean, les Catholiques des Beaux-Arts, L’Arche, etc.) mais la dimension pratique et pédagogique va distinguer particulièrement les Ateliers d’art sacré. Les deux parrains ont alors pour eux une notoriété déjà grande et un réel réseau de relations et d’élèves notamment par l’Académie Ranson où enseigne Denis. Ils partagent également la conviction, inspirée des positions de Jacques Maritain, qu’il n’y pas un style ou une technique propres à l’art chrétien. Il en est résulté un indéniable éclectisme et des œuvres d’inégale valeur. Cependant, parmi les nombreuses utopies qui marquent les tentatives de rénovation de l’art religieux dans les deux derniers siècles, les Ateliers furent certainement l’une des plus concrètes et des plus fécondes quel que soit le jugement contrasté que l’on peut porter sur les réalisations. La tension entre tradition et modernité, qui transparaît dès les origines du projet, a pu conduire à le juger parfois trop audacieux pour les commandes d’églises, ou au contraire d’une modernité trop sage et convenue aux yeux de la critique esthétique. Aussi, alors que la période la plus riche de ces activités se trouve principalement cantonnée à l’Entre-deux-guerres, la place des Ateliers d’art sacré dans la postérité a suscité moins de travaux de recherche et s’est vite trouvée minorée par le renouveau qui marque les lendemains de la Seconde Guerre mondiale.

Cependant la création du label « Patrimoine du XXe siècle », l’inscription ou le classement à l’Inventaire d’églises des années vingt et trente, comme l’attention portée aux Chantiers du Cardinal, auxquels les membres des Ateliers ont souvent participé, ont contribué à éclairer un pan négligé du patrimoine contemporain. Dans la foulée d’un intérêt renouvelé porté aux artistes de la première moitié du XXe siècle, George Desvallières, dont le catalogue raisonné est paru en 2016, a fait l’objet d’une rétrospective majeure au Petit Palais, alors que le musée départemental Maurice Denis est en cours de rénovation. Une récente exposition a été consacrée au peintre Henri de Maistre (musée de Bernay), auquel Denis et Desvallières avaient confié l’animation des Ateliers. Les conditions sont ainsi réunies pour faire, d’une part, le bilan des différents apports historiographiques et pour lancer, d’autre part, des travaux plus approfondis afin de préciser tant le rêve des origines que la réalité des productions et l’état actuel de leur conservation.

Cerner les contours de l’ambition des Ateliers d’art sacré, sa portée comme ses limites, apprécier de manière tangible les résultats de l’entreprise, mesurer l’importance effective des commandes et des chantiers tant en France qu’à l’étranger, évaluer la dimension internationale du projet et son impact sur les relations entre l’art et l’Église, tels sont les objectifs que se donne cette mise en perspective un siècle après la création. Aux approches monographiques, qui pourront donner lieu ultérieurement à une base de données sur les élèves, seront privilégiées, dans le cadre du colloque, les communications de synthèse qui pourront s’inscrire de manière non limitative dans les thématiques suivantes :

 

1 – Genèse et affirmation : organisation des ateliers, modalités d’enseignement

2 – Principaux acteurs et réalisations phares (origines des élèves, place des femmes, parcours de carrière ultérieurs…)

3 – L’union des arts au service de Dieu (peinture, sculpture, vitrail, tapisserie, broderie, ferronnerie d’art…)

4 – Le rayonnement en région, état des lieux des chantiers réalisés, distribution géographique, évaluation par l’inscription ou le classement …

5 – La portée internationale : commandes d’église et relation avec les missions étrangères, notamment dans la francophonie (Belgique, Canada, Suisse), mais aussi aux Etats-Unis, au Japon…

 

Les propositions (autour de 1500 signes) assorties d’une bio-bibliographie sont à envoyer à : Isabelle Saint-Martin (ism@ephe.psl.eu) et Fabienne Stahl (fab.stahl@free.fr) avant le 30 mars 2019.

Colloque organisé par l’équipe HISTARA de l’Ecole pratique des Hautes Etudes (EPHE, PSL)

29 – 30 novembre 2019, Paris, INHA

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