Appel à communication : « Entreprendre dans les arts et les sciences en provinces (fin XVIIe- début XXe siècles) : pratiques, réseaux, acteurs » (Lille, 14 nov. 2025)

Appel à communication : « Entreprendre dans les arts et les sciences en provinces (fin XVIIe- début XXe siècles) : pratiques, réseaux, acteurs » (Villeneuve d’Ascq, Université de Lille, 14 nov. 2025)

De prime abord, croiser l’histoire des sciences et celle des arts peut sembler surprenant pour notre regard contemporain. Pourtant, jusqu’au XVIIIe siècle, il y avait encore une certaine porosité entre les théories et pratiques de ces deux champs (Cohen, 1981 ; Bret, 2017; Traversier, 2021). Puis, avec le développement et l’institutionnalisation des disciplines, les arts et les sciences ont eu tendance à s’autonomiser aux XIXe et XXe siècles. Reste que par-delà leurs spécialités, ces domaines ont fait l’objet d’un traitement historiographique similaire : les historiens ont longtemps considéré la réalité parisienne comme représentative de l’ensemble du territoire français. L’absence de prise en compte des sources relatives aux provinces semble encore présente, malgré les apports historiographiques récents, contribuant à une vision unilatérale et diffusionniste des savoirs et des pratiques. Mlle Montansier, célèbre entrepreneuse de spectacle active entre les années 1770 et 1810, a ainsi souvent été étudiée à l’aune de sa seule activité parisienne, occultant sa carrière en province où elle exploite son privilège dans les villes de Rouen, Caen, Orléans, Nantes et Le Havre. La passerelle de Louis Pasteur entre monde académique et monde industriel a pour origine son installation à Lille entre 1854 et 1857, où il prend ses premiers brevets d’invention sur les fermentations, élément marquant de la dimension entrepreneuriale de son activité. Ces deux exemples montrent que les villes de province peuvent être sources d’opportunités de carrières différentes de celles qu’offrent Paris et de la complexité des trajectoires de carrière dans les mondes savants et artistiques. Dès les années 1970, des travaux ont commencé à redonner leur place aux institutions provinciales, notamment ceux de Daniel Roche sur les académies au XVIIIe siècle (Roche, 1978) ou ceux de Mary Jo Nye sur les facultés des sciences à la fin du XIXe siècle (Nye, 1986).

La présente journée d’étude aura pour objectif de revenir sur la nature des initiatives entrepreneuriales artistiques et scientifiques dans les villes de provinces françaises entre la fin du XVIIe et le début du XXe siècle. Elle entend proposer un décloisonnement spatial, disciplinaire et périodique afin d’approcher sous un nouvel angle la question de l’entrepreneuriat.

Qu’ils soient savant.e.s, artisan.e.s, scientifiques, technicien.ne.s ou artistes, comment ces acteurs et actrices ont-ils mené à bien une « entreprise » dans le contexte socio-économique provincial ? À quels obstacles se sont-ils confrontés ? Quels réseaux ont-ils mobilisés ? Quelles stratégies adoptent-ils ? Dans une démarche historique, il s’agit de questionner la notion de « capitale culturelle » pour sortir d’une vision unilatérale des circulations (Paris-province) tout en envisageant les dynamiques inter-urbaines. Plus généralement, en quoi la dimension spatiale joue-t-elle sur le développement d’initiatives scientifiques et artistiques ?

Version complète de l’appel disponible à cette adresse.

Sans caractère limitatif, les propositions de communication pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants :

– Circulation des modèles et des pratiques : réflexions sur les particularités des entreprises savantes et artistiques en province, l’existence de réseaux d’organisations/d’institutions ou au contraire d’entités indépendantes, questionner le lien avec la capitale.

– Reconnaissance professionnelle : réflexions sur les systèmes de reconnaissance (privilèges, brevets, autorisations), les enjeux de légitimation professionnelle et de propriété intellectuelle, les stratégies d’insertion à l’échelle locale.

– Trajectoires individuelles : réflexions sur la figure de l’entrepreneur en province, interroger la place des trajectoires individuelles, les réseaux d’acteurs sur lesquels ils/elles s’appuient, les rapports de pouvoir avec les autorités locales et/ou nationales, capacité d’agency.

– Urbanité et spatialité : réflexion sur les conditions matérielles de l’entrepreneuriat en province, l’influence du contexte socio-économique sur les logiques entrepreneuriales, le rôle des autorités politiques locales, les systèmes d’encouragement aux sciences et aux arts.

Modalités de soumission et calendrier
Les propositions de communication (500 mots) doivent être envoyées, accompagnées d’une courte biographie à l’adresse suivante : valentin.meriaux@univ-lille.fr. La date limite d’envoi est fixée au 25 avril 2025 (inclus). Ces communications pourront se faire en anglais et en français dans la limite impartie de 25 minutes et seront suivies d’échanges avec le public. La journée d’étude est ouverte à tous.tes les chercheur.es, tous statuts et disciplines confondus.

Comité organisateur :
Valentin Mériaux, doctorant en histoire contemporaine (IRHiS – UMR 8529)
Ludivine Panzani, doctorante en histoire moderne (IRHiS – UMR 8529)

Comité scientifique :
Gabriel Galvez-Behar, professeur en histoire contemporaine à l’Université de Lille (IRHiS – UMR 8529) Mélanie Traversier, professeure en histoire moderne à l’Université de Lille (IRHiS – UMR 8529) Marie Glon, maîtresse de conférences en danse à l’Université de Lille (ULR 3587 –CEAC)

Source : IRHIS

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