Appel à communication : « Gossuin de Metz : L’image d’un monde. L’encyclopédisme au Moyen-Âge (XIIIe-XVe siècles) » (Novembre 2015, Aix-en-Provence)

Gossuin de Metz, illustration de l'Image du mondeLe désir de savoir, d’explorer l’univers, d’en connaître la forme et la structure, l’origine et les fins trouve son apogée au XIIIe siècle, le « siècle de l’encyclopédisme » comme l’écrit Jacques Le Goff. Savoir por quoi il i a mons et vaus, savoir des estoilles quel chose c’est, étudier l’arc du ciel qui coulor rent, autant de questions posées par Gossuin de Metz qui témoignent de l’intérêt pour la connaissance qu’il expose en 1245 dans son poème scientifique, L’Image du monde, le premier du genre en langue vernaculaire. Un intérêt, un désir de savoir se communiquent à travers une œuvre de vulgarisation du savoir scientifique qui s’adresse aux laïcs de la haute société, seigneuriale et bourgeoise. Le nombre élevé de manuscrits conservés – plus de 100 – témoigne du succès immédiat de ce texte qui fut aussitôt traduit en plusieurs langues (en anglais, en allemand, en hébreu), mis en prose et même récrit en une nouvelle version en vers. De plus, il figure au nombre des premiers livres imprimés en France et en Angleterre. La beauté de certains manuscrits, ornés de riches enluminures, atteste également l’intérêt qu’il a suscité auprès de grands princes et rois bibliophiles.

L’Image du monde a fondé un genre, celui de la poésie scientifique en langue vulgaire. À ce titre, elle se trouve pour le chercheur au carrefour de plusieurs disciplines : langue et littérature du Moyen Âge, histoire des sciences, épistémologie, philosophie, histoire, histoire de l’art, sociologie, théologie… S’il est un monde dont ce colloque voudrait dessiner l’image, c’est donc celui, foisonnant et éclectique, du savoir et de la connaissance tel que l’esprit et la plume de Gossuin de Metz l’ont créé et formulé dans son œuvre.

Les communications pourront porter sur des aspects très divers de l’œuvre de Gossuin :

– le contenu scientifique du poème et sa volonté de faire œuvre de vulgarisation intéressent au premier chef les philosophes, les historiens des sciences et les scientifiques.

– L’Image du monde est bien entendu une œuvre littéraire : le choix d’écrire en français, mais aussi la forme-vers adoptée par le texte dans sa version première, rappellent que Gossuin est un poète qui utilise les ressources de la langue et du discours pour assurer la transmission de son propos. Les récritures médiévales du poème, en prose puis de nouveau en vers, pourront également faire débat.

– La richesse iconographique des manuscrits de L’Image du monde est aussi un trésor pour les historiens de l’art, notamment en ce qui concerne la problématique de la mise en image du savoir.

– L’étude de la tradition manuscrite, et en particulier des mises en recueil à l’époque médiévale, pourra faire l’objet d’une approche sociologique de la lecture.

– On pourra aussi élargir l’étude de l’œuvre de Gossuin à travers ses liens intertextuels avec d’autres œuvres encyclopédiques en français comme le Tresor de Brunetto Latini, le Livre de SydrachLe Dialogue de Placides et Timeo, ou en latin comme les sommes de Vincent de Beauvais ou de Barthelemy l’Anglais pour ne citer que quelques exemples parmi les plus célèbres, en vue d’approfondir notre connaissance sur l’esprit encyclopédique au Moyen Âge et la vulgarisation du savoir.

– Enfin, notre colloque permettra également une ouverture vers la Renaissance et sa conception de l’encyclopédisme puisque L’Image du monde a été publiée dans de nombreux incunables largement repris au XVIe siècle par des imprimeurs parisiens, londoniens ou genevois.

Cette manifestation autour de l’œuvre pionnière qu’est L’Image du monde est prévue pour accompagner la sortie de l’édition qu’en prépare Chantal Connochie-Bourgne. Le colloque international, organisé par  le CUER MA / CIELAM Université d’Aix-Marseille Maison de la Recherche d’Aix-en-Provence, sera donc l’occasion de rendre hommage aux travaux scientifiques de notre collègue dont l’engagement à tous les niveaux de la communauté des médiévistes ne s’est jamais démenti.

Les projets de communication sont à envoyer avant le 15 janvier 2015 à Valérie Naudet et à Sébastien Douchet.

Valérie Naudet : valerie.naudet@gmail.com
Sébastien Douchet : sebastien.douchet@gmail.com

Les rencontres se dérouleront du 18 novembre 2015 au 20 novembre 2015 à l’Université d’Aix-Marseille à Aix-en-Provence.

Comité scientifique

Joëlle Ducos, Professeur de langue du Moyen Âge, Paris IV-Sorbonne
Denis Hüe, Professeur de langue et de littérature du Moyen Âge, Rennes II
Bernard Ribemont, Professeur d’histoire littéraire du Moyen Âge, Orléans
Bruno Roy, Professeur émérite de littérature du Moyen Âge, UQAM-Montréal (Canada), docteur Honoris Causa, AMU
Ernstpeter Ruhe, Professeur émérite de philologie romane, Würzburg (Allemagne)
Baudouin Van Den Abeele, Professeur d’Histoire du Moyen Âge, UCL, Louvain (Belgique)

 Comité d’organisation

Valérie Naudet, Professeur de langue et de littérature du Moyen Âge, CIELAM/ CUER MA, AMU
Elodie Burle-Errecade, Maître de conférences de langue et de littérature du Moyen Âge, CIELAM/ CUER MA, AMU
Denis Collomp, Maître de conférences de langue du Moyen Âge, CIELAM/ CUER MA, AMU
Sébastien Douchet, Maître de conférences de langue et de littérature du Moyen Âge, CIELAM/ CUER MA, AMU
Valérie Lauze, Maître de conférences de langue et de littérature du Moyen Âge, CIELAM/ CUER  MA, AMU

 

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