Appel à communication : « La violence guerrière : de l’Antiquité au Moyen Âge » (Journées jeunes chercheurs Janua, Poitiers, 26 avril 2018)
Date limite de candidature : 1er février 2018
Janua, association des étudiants en Master et des doctorants de l’Université de Poitiers antiquisants et médiévistes, rattachés respectivement aux laboratoires HeRMA (Hellénisation et Romanisation dans le Monde Antique) et CESCM (Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale), organise le 26 avril 2018 une journée d’étude à destination des jeunes chercheurs (de l’inscription en master aux trois ans écoulés après la soutenance de thèse), elle sera consacrée au thème de la ‘violence guerrière’. Son objectif est de présenter des travaux, achevés ou en cours, sur l’usage et la représentation de cette dernière. Dans une perspective transdisciplinaire, le choix de ce thème questionne la richesse de ses appréhensions et ouvre des discussions sur les divergences et les similarités de celles-ci à travers des sources (textes, images, architectures, musiques et objets mobiliers) et des périodes diverses (Antiquité et Moyen Âge).
De par son étymologie, la notion de violence (violentia) possède une connotation péjorative. Elle qualifie l’absence de contrôle, l’emportement. Dérivée du concept mélioratif de vis (vigueur, force), sa définition repose avant tout sur le principe d’outrance. Dans l’Antiquité comme au Moyen Âge, la violence de la nature et des colères divines est essentiellement perçue comme juste, bien qu’insaisissable pour l’homme. Au contraire, la ‘violence humaine’ suppose que la force employée se déploie hors de son cadre moral ou de ses limites sociales et institutionnelles. La violence individuelle, non contrôlée par la raison, est brute voire brutale (brutalis) et renvoie à la démesure (hubris). Elle est, de fait, condamnable et son contrôle constitue l’un des enjeux politiques majeurs des institutions.
La sécurité intérieure est le socle de la prospérité d’un territoire et du bien-être d’une communauté. Toutefois, le maintien de cette stabilité implique paradoxalement l’usage de la violence par l’institution qui en est la garante. L’accroissement d’un pouvoir, la défense de ses frontières et de ses règles ne peuvent se faire sans le recours à la fonction militaire. S’intéresser à la violence guerrière nécessite alors d’envisager toute l’ambiguïté supportée par cette expression.
Cette journée d’étude se trouvera découpée en trois axes. Le premier sera l’occasion d’aborder la ‘violence guerrière’ via ses représentations (historiques, iconographiques, philosophiques, musicales et littéraires) et leurs dépendances au contexte historique et social dans lequel elles ont été exprimées. Le second regroupera les études (archéologiques et historiques) de la réalité concrète de la pratique guerrière. Le troisième axe rassemblera quant à lui les interventions qui porteront sur les sources théoriques des rapports entre le concept de ‘guerre’ et celui de ‘violence’.
Axe 1 : Quels discours ?
La représentation, visuelle ou textuelle, de la ‘violence guerrière’ est un témoignage de sa réalité. Elle suppose aussi de considérer un autre niveau de lecture. En donnant à voir ou en décrivant celle-ci, on révèle une idéologie. La légitimé de la ‘violence guerrière’ reflète celle de l’autorité qui la commande et la régule. Exalter les qualités des figures de cette violence ou condamner leurs démérites n’est jamais neutre et s’inscrit en parallèle avec les rapports de force qui en motivent le discours.
Sa dénonciation insiste généralement sur le caractère irréfléchi et déloyal du combat. Elle fait écho, pour ces critiques, à la déviance morale individuelle de son représentant. Au contraire, la valorisation de cette violence est légitimée par le caractère transcendant de la mission qui lui est assignée. Son acteur n’est que le médiateur d’une justice qui le dépasse, le bras armé du divin ou le garant de la paix et de la prospérité dont la guerre est la promesse. En ayant recours à ce ‘mal nécessaire’, on justifie les desseins qui sont profitables à une communauté, au-delà de l’individu.
Axe 2 : Quelles réalités ?
Les sources textuelles, les images et la littérature sont des reconstructions qui permettent d’éclairer sur la réalité de la pratique martiale. Toutefois, à ce titre, les vestiges archéologiques sont primordiaux en tant que témoins objectifs et matériels. Ils sont les traces d’une réalité complexe. Le statut du guerrier, par exemple, dépend pour une grande part de sa place dans la hiérarchie militaire. Il est perceptible dans la qualité de son armement et par sa situation lors du combat.
La valeur donnée, souvent a posteriori, à la ‘violence guerrière’ repose entièrement sur les causes, les conditions et les conséquences de son exercice. La longueur des hostilités et le nombre de vies sacrifiées, l’attaque de la population civile sont autant de propriétés d’une guerre néfaste. Souvent mises en exergue par les sources littéraires et iconographiques, ces données formelles ne sont vérifiables que par la recherche archéologique.
Axe 3 : Quelles définitions ?
Ce troisième axe est orienté vers une appréhension de la ‘violence guerrière’ au niveau spéculatif. Il s’agit de saisir comment penser la guerre comme concept. Ces études sont possibles par le biais des sources philosophiques notamment mais aussi des arts lorsque, par exemple, la guerre y est personnifiée.
Entre celle du dernier recours par une posture uniquement défensive telle qu’elle est prônée par Platon et celle de la démesure inévitable d’un gouvernement réaliste selon Machiavel, la définition intellectuelle du bon usage du fait guerrier reçoit une acceptation flexible et généreuse en réflexions. Ces dernières, nous l’espérerons, feront naître de nombreux échanges à propos de la ‘violence guerrière’ au cours de cette journée qui lui sera dédiée.
Tout jeune chercheur spécialisé dans l’étude des civilisations antique et médiévale peut faire une proposition de communication. Les contributions apportées lors de cette journée ont vocation à être publiées l’année suivante dans les Annales de Janua.
Les propositions de communication peuvent être rédigées en français et doivent être envoyées avant le jeudi 1er février 2018 (inclus), accompagnées d’un curriculum vitae, à l’adresse association.janua@gmail.com sous la forme d’un résumé d’environ 500 mots.
Elles seront soumises au conseil scientifique qui donnera une réponse autour du 1er mars 2018. La JJC aura lieu le 26 avril 2018 au CESCM de Poitiers.
L’hébergement et la restauration seront pris en charge par JANUA, ainsi qu’une partie des frais de transport (pour ces derniers, les intervenants seront remboursés sur justificatif et dans la limite de 80 euros par personne). N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse email de l’association pour toute information complémentaire.
Comité scientifique
Nadine Dieudonné-Glad (Professeure d’Archéologie antique, directrice de l’EA 3811 HeRMA)
Martin Aurell (Professeur d’Histoire médiévale, directeur de l’UMR 7302 CESCM)
Cécile Voyer (Professeure d’Histoire de l’art du Moyen Âge)
Claudio Galderisi (Professeur de Lettres médiévales)
Alexandre Vincent (Maître de conférences en Histoire romaine)
Nicolas Prouteau (Maître de conférences en Archéologie médiévale)
Mathilde Carrive (Maître de conférences en Histoire de l’Art de l’Antiquité romaine)
Source : http://cescm.hypotheses.org/category/appels-a-communication
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