Appel à communication : « L’art de la distinction : uniforme et identité dans le portrait du XVe au XXe siècle », session pour le 3e Congrès suisse d’histoire de l’art (Bâle, juin 2016)

Du XVe au XXe siècle, les portraits en uniforme répondent, pour la plupart, à la nécessité d’exprimer visuellement la dignité d’une fonction mais aussi un état par le biais d’un habit règlementaire. Cette réduction d’une identité qui se construirait exclusivement sur des codes vestimentaires montre aussi combien, s’il est facteur de distinction, l’uniforme permet également d’aplanir les différences, d’uniformiser jusqu’à courir le risque de l’anonymat. Au-delà de cette standardisation de l’identité par l’apparence, se faire représenter en uniforme peut aussi être, dans le contexte des crises et des révolutions, un acte de contestation politique. Utilisé de façon anachronique, incongrue ou présenté sous une forme incomplète – sinon dégradée –, l’uniforme s’inscrit alors dans une logique de subversion des processus iconographiques traditionnels de la distinction. Dans le cadre plus léger du divertissement, de la mascarade, de la fiction ou du théâtre, on assiste en revanche à un détournement significatif voire à une forme de « désacralisation » de l’uniforme – l’humour ou la « décontextualisation » permettant ici la critique comme la célébration des valeurs du système en place.

Ces réflexions situent le portrait en uniforme entre l’idée platonicienne d’une identité qui n’existerait « qu’à la condition de la différence » (Le Parménide) et la conviction de Napoléon selon laquelle « on devient l’homme de son uniforme » (Maximes et pensées). De fait, l’art de la distinction implique qu’il faille envisager la distinction elle-même comme une notion polysémique : elle dénote la nécessité de promouvoir une identité magnifié ou souligne, au contraire, l’idée d’une conformité indispensable à l’incorporation du sujet dans un ordre social ou politique précis.

Ce panel entend donc interroger les ambiguïtés et paradoxes du portrait en uniforme en privilégiant une approche transdisciplinaire afin d’explorer les logiques de distinction (positives et négatives) qui sont à l’œuvre dans ces images, mais également les processus de construction ou de déconstruction des identités (individuelles comme collectives) par les conventions vestimentaires.

Nous sommes ouverts à toute proposition, s’inscrivant ou non, dans la liste des pistes de réflexions proposées ci-dessous. Les propositions de communication, en français, en allemand ou en anglais, comporteront un titre et un résumé (max. 1000 signes) ainsi qu’une courte biographie (max. 300 signes). Elles devront nous parvenir par courrier électronique, au plus tard le 10 juin 2015 aux adresses suivantes : cyril.lecosse@unil.ch et angela.benza@unige.ch.


Pistes de réflexion :

  • Portrait de fonction ou d’apparat
  • Usages diplomatiques du portrait
  • Théories et pratiques du portrait
  • Accrochage et exposition
  • Uniforme, déguisement, fiction et identité factice (théâtre, mascarade, fêtes, etc.)
  • Uniforme et contestation
  • Détournement, subversion et dégradation de l’uniforme.
  • Uniforme et mode dans le portrait (effet de mode, lois somptuaires)
  • Ambiguïtés de l’uniforme (sexuelles, sociales, idéologiques, etc.)
  • Portraits en série
  • Portrait en armure versus portrait en uniforme
  • Autoportrait en uniforme

Comité organisateur :

Cyril Lécosse (Maître assistant en histoire de l’art moderne, Université de Lausanne)
Angela Benza (Assistant en histoire de l’art moderne, Université de Genève)

Comité scientifique :

Andreas Beyer (Université de Bâle) ; Jan Blanc (Université de Genève) ; Angela Benza (Université de Genève) ; Bernhard Mendes Bürgi (Kunstmuseum Basel) ; Roger Fayet (SIK-ISEA) ; Cyril Lécosse (Université de Lausanne) ; Markus Rath (Université de Bâle) ; Barbara Schellewald (Université de Bâle) ; Daniel Schneller (Conservation des monuments historiques du canton de Bâle) ; Ralph Ubl (Université de Bâle).


Informations complémentaires sur le troisième Congrès suisse d’histoire de l’art

 

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