Cette manifestation scientifique s’adresse aux jeunes chercheurs (doctorants et jeunes docteurs) des différentes disciplines des sciences de l’Antiquité.
La notion de changement est un des principaux outils conceptuels dont disposent l’historien, le philologue ou encore l’archéologue pour rendre intelligibles les données du passé, notamment en distinguant des périodes historiques pour délimiter chronologiquement un champ d’étude. J. Le Goff, dans son livre Faut-il vraiment découper l’Histoire en tranches ?, remet en cause la séparation traditionnelle entre Moyen Âge et Renaissance, en montrant qu’on ne peut pas parler de mutation en Histoire sans préciser les catégories socioprofessionnelles qu’elle affecte. L’Antiquité, elle, reste corsetée par une périodisation rigide, confirmée par l’enseignement scolaire et universitaire : la Grèce archaïque, la Grèce classique des Ve et IVe siècles, la période hellénistique, la République romaine, le siècle d’Auguste, la Rome des Flaviens jusqu’à l’Antiquité tardive, dont le terme reste flou. Par conséquent, ce colloque interrogera la pertinence de notre vision des grands moments de changement dans l’Antiquité à la lumière des représentations des Anciens sur leur proprehistoire.
D’autre part, l’Antiquité gréco-romaine inclut nécessairement des phases de transformations et de mutations, à divers niveaux. L’objectif de ce colloque interdisciplinaire est d’étudier la manière dont les Anciens concevaient la notion de changement (transformation ponctuelle, passage d’un état à un autre, apparition, renouvellement) au niveau personnel, social, culturel ou historique, et d’analyser les représentations qu’ils en proposaient.
On s’attachera essentiellement au monde gréco-romain, de l’époque archaïque grecque (VIIIe siècle avant J.-C.) à l’Antiquité tardive (jusqu’au VIe siècle). La notion de changement, en tant qu’événement positif ou négatif, sera comprise comme modification ponctuelle plutôt que comme évolution à long terme. En effet, contrairement à la notion de progrès, le changement ne sous-entend pas nécessairement la continuité, et peut se présenter comme une rupture, sans cohérence ni but précis. Cette question pourra être étudiée au niveau historique, social ou politique, mais aussi, dans un sens plus technique, en philosophie, en littérature ou en linguistique.
L’objectif de ces deux journées est d’offrir un panorama de ces questions, en couvrant des domaines et des époques variées, afin de permettre une véritable réflexion interdisciplinaire sur la notion de changement et sur ses représentations dans le monde antique.
Axes de recherche possibles
Description et représentation du changement
On étudiera de quelle façon était perçu, décrit, accepté ou refusé le changement dans les domaines littéraire et artistique, mais également philosophique et politique. On s’interrogera sur le lexique gréco-romain du changement, qui opposait par exemple, dans la philosophie ancienne puis dans la pensée chrétienne, les notions de metanoia (changement de sentiments) et de metamorphosis (métamorphose physique) ; sur les récits fascinants de transformations et changements en novae et mutatae formae transmis surtout par les auteurs latins ; sur les histoires de déguisement et de changement temporaire d’apparence fournies par les textes littéraires ; sur les violentes et soudaines metabolai, les bouleversements politiques décrits par les historiens anciens ; sur les changements physiologiques, qui ont souvent servi de modèle pour penser les changements politiques.
Mutations culturelles et spirituelles
On étudiera la création de nouvelles identités, normes de comportement et valeurs morales, de nouvelles perceptions de l’être humain et leur expression dans la pensée philosophique et les rituels religieux. Dans le domaine philosophique, on pourra s’attacher aux transformations de la figure du philosophe et des positions des écoles, ou encore aux théories portant sur les métamorphoses de l’âme. Dans le domaine religieux, on réfléchira notamment à la question de la conversion et à l’impact de la diffusion du christianisme sur les rites, les pratiques, la mythologie et les systèmes religieux. De même, pourra être abordée la question des « rites de renversement » en tant que mutation ponctuelle et circonscrite de l’ordre habituel, comme l’inversion des rôles sexuels dans les cultes dionysiaques ou l’introduction de dieux étrangers dans le panthéon gréco-romain traditionnel.
Changements des styles et des techniques
Au niveau linguistique, il est possible d’analyser les réflexions sur les transformations dans la forme et l’usage de la langue : évolution de l’alphabet, changements phonétiques, mutations dans la grammaire, phénomènes variés de création lexicale, ou encore apparition de nouveaux modèles littéraires et linguistiques et transformation des canons littéraires. On pourra également traiter les changements dans les formes d’enseignement et de transmission des savoirs. Enfin, les discussions autour des changements stylistiques propres à l’art, l’architecture et l’urbanisme des poleis grecques et des cités de l’Empire romain seront les bienvenues.
Transformations sociales
Les contributions pourront envisager les changements de nature historique, économique, sociale et juridique. Pourront être présentées des analyses sur les conceptions anciennes du changement de statut social, qui se développent par exemple autour de l’acquisition de la citoyenneté ou de l’affranchissement des esclaves ; dans un cadre plus anthropologique, on pourra traiter des questions relatives aux rites de passage et au changement de condition sociale. Il sera aussi possible d’étudier les mutations dans les lois et le droit des cités, ainsi que dans les formes de gouvernement et d’organisation de l’État. Enfin, les nombreux éléments nouveaux introduits par les transformations du fait économique viendront également alimenter la discussion.
Modalités de soumission
Les propositions de communication (titre, résumé d’environ 300 mots en français et/ou en anglais) ainsi qu’un court CV sont à envoyer avant le 30 janvier 2016, à l’adresse suivante :
Une réponse définitive, après étude des propositions par le conseil scientifique, sera donnée en avril 2016. Le colloque Jeunes chercheurs aura lieu à l’université Paris-Sorbonne (Sorbonne Universités), les 14 et 15 octobre 2016.
Intervention
- Durée : 25-30 minutes
- Langues : français, anglais, espagnol, italien, allemand.
Prise en charge des frais
- Repas : 2 déjeuners, 1 dîner.
- Logement : possibilité de logement (chambre universitaire) pour deux nuits (merci de le préciser dans votre courriel).
Comité d’organisation
Les membres de l’association Antheia
Contact : colloqueantheia2016@gmail.com
Site internet : http://antheia.hypotheses.org/colloque
Membres du comité scientifique
- M. Alain Billault, Professeur, Littérature de la Grèce hellénistique et romaine, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), EA 1491-EDITTA.
- Mme Michèle Coltelloni-Trannoy, Professeur, Histoire de l’Antiquité romaine, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UMR 8167-Orient et Méditerranée.
- M. Paul Demont, Professeur, Littérature grecque, Histoire des idées dans la Grèce ancienne, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UMR 8167- Orient et Méditerranée.
- Mme Michèle Ducos, Professeur, Littérature latine, Droit et société à Rome, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), EA 1491-EDITTA.
- M. Alessandro Garcea, Professeur, Littérature latine, histoire des textes, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), EA 4081-Rome et ses renaissances.
- Mme Marie-Christine Marcellesi, Professeur, Histoire de la Grèce antique, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UMR 8167- Orient et Méditerranée, Labex RESMED.
- M. François Prost, Maître de conférence HDR, Philosophie et littérature latines, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), EA 4081-Rome et ses renaissances.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.