La Révolution française a opéré une profonde mutation dans la perception des genres, c’est-à-dire dans l’appréhension du masculin et du féminin comme construits sociaux. Le passage de l’Ancien régime à la France moderne opère une rupture épistémologique forte, laquelle permet de repenser les frontières entre masculin et féminin. Dans ce contexte de mutations sociales, culturelles, politiques et identitaires, c’est la figure du jeune homme qui retiendra notre attention.
Ainsi que le remarque Anne-Marie Sohn, « le lent processus qui, entre quatorze et vingt-cinq ans, conduit l’adolescent à l’âge d’homme reste encore largement inexploré. Il constitue pourtant une voie d’approche privilégiée pour comprendre les masculinités. » Être un homme ne va pas de soi, mais résulte d’un long apprentissage pour maîtriser l’habitus et les comportements masculins (ou perçus comme tels). La question du jeune homme au XIXe siècle rejoint donc le champ des gender studies, en s’attachant à la question de la représentation du masculin et de la virilité.
Le XIXe siècle consacre pour Alain Corbin « l’emprise maximale de la vertu de virilité ». Un système de valeurs, de représentations et de codes masculins s’impose alors avec force. Dès son plus jeune âge, le garçon doit s’endurcir. A l’adolescence, le jeune homme teste sa bravoure dans des rixes de groupes ou des duels singuliers, il éprouve sa résistance à l’alcool et au tabac (marqueurs sociaux de la masculinité), se laisse pousser barbe et moustache, cherche, en somme à se prouver homme. Toutefois, le XIXe siècle voit aussi se brouiller les frontières entre masculin et féminin ; les femmes investissent désormais des espaces familiaux, professionnels et artistiques qui étaient jusque là réservés aux seuls hommes.
Cette journée d’études vise à étudier la construction sociale et identitaire du jeune homme au XIXe siècle, d’un point de vue collectif ou individuel, dans ses rapports avec la femme mais aussi dans la perspective d’un conflit générationnel avec l’homme accompli (patron, ancêtre, professeur). Nous privilégierons une approche pluridisciplinaire : des contributions en histoire, histoire de l’art, sociologie, ethnologie, littérature et stylistique sont les bienvenues.
La journée d’études portera spécifiquement sur le jeune homme en France au XIXesiècle ; néanmoins, dans une perspective comparatiste, nous pourrons ponctuellement accepter une communication qui se proposera d’étudier la figure du jeune homme dans un autre pays ou à une autre période.
Nous pouvons d’ores et déjà esquisser quelques pistes de réflexion :
- Représentations de la virilité : la mode masculine (vêtements, chapeaux, pilosité, tatouages…) ; la crainte de la « dégénérescence » à la fin du siècle ; l’homosexualité (le mot est attesté pour la première fois en 1891)
- Déguisement et travestissement, notamment dans les arts scéniques
- Les personnages de jeune homme dans la littérature
- Les caricatures de jeunes hommes et les modèles picturaux (l’athlète, l’Hercule, l’androgyne…)
- Jeunesse et histoire : le jeune homme dans les révolutions du siècle ; les clivages générationnels ; l’enfant du siècle et la mélancolie
- Figures et clichés : le dandy, le bohème, le vagabond, le paysan, l’étudiant, l’arriviste, le soldat, le bleu, le séducteur, le comédien, le calicot…
- Rôle et place du jeune homme dans sa famille
- Lieux de l’entre-soi masculin : le pensionnat, le service militaire, le séminaire, le bordel, le fumoir, le cabaret
- Les rites de passages : le baccalauréat, le bordel, le service militaire, le duel…
Modalités de soumission
La journée d’études se déroulera à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le 17 avril 2015.
Les communications, en français ou en anglais, devront durer vingt minutes. Les propositions de communication (200 à 400 mots),
accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique, peuvent être envoyées aux organisateurs jusqu’au 10 mars 2015 :
pono.nathanael@courrier.uqam.ca et solene.thomas@univ-lyon3.fr
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