Appel à communication : « Le Parfumeur : évolution d’une figure depuis la Renaissance » (28-29 janvier 2021, Versailles)

Appel à communication : « Le Parfumeur : évolution d’une figure depuis la Renaissance » (28-29 janvier 2021, Versailles)

 ***English follows*** 

Colloque international organisé par Alice Camus (Guerlain / CRCV) et Érika Wicky (Université Lumière Lyon 2 / LARHRA).

Fruit d’un savoir-faire qui s’est constitué dès l’Antiquité, la parfumerie détient une histoire riche et complexe dont de nombreux aspects restent à explorer, car son historiographie est récente et encore peu développée (Reinarz, 2014). La voie de la recherche sur ce sujet a été ouverte dans les années 1980 par des études menées tout d’abord sur le corps, ses soins et sa parure, telles celles de Georges Vigarello (1985) sur l’évolution des pratiques d’hygiène ou celles de Philippe Perrot (1984) sur les artifices utilisés pour conformer le corps à une image fantasmée. Ces analyses des pratiques de toilette, des accessoires de la parure et des produits de luxe ont mené à l’étude de l’histoire de la parfumerie. Pionniers dans ce domaine, les travaux d’Annick Le Guérer (1988 et 2005) ont été augmentés et approfondis par les recherches de Catherine Lanoë (2008), d’Eugénie Briot (2015) et de Rosine Lheureux (2016), centrées sur l’Ancien Régime et le XIXesiècle français. Holly Dugan (2011) s’est intéressée à la parfumerie de la période moderne en Angleterre tandis qu’Anna Messinis (2017) a choisi d’envisager dans l’histoire longue la parfumerie vénitienne. Située à la croisée de plusieurs champs d’études, dont l’histoire du corps, des sciences, du luxe et des pratiques de consommation (Roche, 1989), l’histoire de la parfumerie a bénéficié des avancées de la recherche dans de nombreux domaines. Elle s’est nourrie, en particulier, des travaux consacrés à l’histoire des sensibilités olfactives (Corbin, 1982 ; Halliday, 1999) et à l’anthropologie historique des sens (Classen et Howes, 1994) qui ont permis de déterminer les conditions de l’épanouissement de la parfumerie.

À partir de ces recherches antérieures, l’objet du colloque est d’étudier l’histoire de la figure du parfumeur, en analysant comment elle est apparue dès la Renaissance en Italie et s’est construite à partir du XVIIe siècle en France et en Angleterre. Sous l’Ancien régime, alors que le commerce, dans la plupart des pays d’Europe, était régulé par des corporations, l’affirmation de l’identité du parfumeur s’est souvent accompagnée d’une lutte menée sur le plan juridique pour s’ériger en seul détenteur du droit de fabrication et de vente des produits de parfumerie. Dès sa reconnaissance, ce métier a connu des métamorphoses dont il s’agira d’observer comment elles ont affecté chacune des trois opérations qui définissent le parfumeur à travers l’histoire : créer, fabriquer et vendre des parfums (Gobet et Le Gall, 2011). En effet, les parfumeurs ont dû s’adapter à l’évolution des pratiques et se distinguer de leurs concurrents en fabriquant et commercialisant à différents moments de leur histoire non seulement des eaux de senteur, mais aussi d’autres produits parfumés comme les gants, dont la création a été leur première vocation, puis des sachets, des cosmétiques, de la poudre pour les cheveux, des savons, voire, plus récemment, des bougies. L’évolution de l’usage des parfums, tantôt prophylactique, hygiénique ou hédonique a aussi affecté les parfumeurs qui se sont alliés à d’autres domaines d’activité, côtoyant de près apothicaires, coiffeurs, chimistes, puis artistes et grands couturiers. L’exigence de répondre à une demande croissante a également motivé la mise au point de nouveaux procédés et l’invention de nouvelles formules, transformant ainsi le travail du parfumeur.

L’industrialisation de la parfumerie au XIXe siècle marque un tournant majeur dans cette histoire, accélérant le rythme des innovations qui, telles l’extraction aux solvants volatils et l’apparition des matières premières de synthèse, ont révolutionné la parfumerie, transformant non seulement la pratique, mais aussi le statut social du parfumeur. Tout d’abord artisan, ce dernier pouvait devenir investisseur, voire notable (Briot, 2015). Le métier de parfumeur, exercé sous l’Ancien Régime dans le cadre d’établissements familiaux, s’est ensuite élargi à plus grande échelle, au XIXe siècle, dans des usines puis, aujourd’hui, dans les entreprises multinationales que nous connaissons. Ce métier s’est ainsi trouvé confronté à un accroissement des échelles de production conduisant à la fois à la multiplication des acteurs, notamment des ouvriers spécialisés puis des experts en marketing. L’essor, depuis les années 1990, de la parfumerie dite de niche, reposant sur une production très réduite et sur l’affirmation de la singularité du créateur, continue à faire évoluer l’histoire du parfumeur.

 

Ce colloque proposera une approche pluridisciplinaire de l’histoire du parfumeur, de son métier, de son statut social et de ses représentations, à travers les interventions de spécialistes d’horizons divers : historiens, historiens de l’art, littéraires, philosophes, parfumeurs et acteurs du monde contemporain de la parfumerie. L’approche pluridisciplinaire apportera une vision détaillée et nuancée de manière à dessiner les contours de la figure du parfumeur aux différents moments de son évolution historique en s’appuyant sur un large éventail de sources historiques (documents professionnels, juridiques, inventaires, etc.), littéraires et artistiques. Ce colloque s’efforcera également de saisir cet individu au cœur de son époque afin de mettre en lumière les liens entre l’exercice du métier de parfumeur et l’environnement socio-culturel de son temps.

 

L’exploration de l’histoire de la figure du parfumeur ouvre de nombreuses pistes de recherche dont voici quelques exemples :

  • La formation des parfumeurs : alors qu’ils étaient tout d’abord formés comme les autres artisans, en apprentissage, la création des écoles de parfumerie au début du XXe siècle s’est accompagnée d’une normalisation des méthodes de formation.
  • L’histoire institutionnelle : guildes, corporations, syndicats et sociétés ont joué un grand rôle dans la définition et la régularisation du métier dès le XVIe siècle. Il s’agira de mesurer leurs rôles dans les différentes étapes qui ont marqué l’évolution de cette profession. Se pencher sur ces questions permettra aussi de mettre en évidence les causes institutionnelles des différences dans l’évolution de la profession entre les divers pays d’Europe.
  • Les parfumeurs et les autres corps de métier : la définition du métier de parfumeur s’est aussi faite par l’exclusion d’autres pratiques professionnelles, mais elle a bénéficié de rivalités et d’associations avec d’autres corps de métier. Par exemple, l’ouverture au marché américain, à la fin du XIXe siècle, a bénéficié du développement des drugstores (Bogard, 1983). On pourra ainsi envisager l’histoire du parfumeur à travers ses rapports avec d’autres professions, comme celle de gantier ou de tanneur, mais aussi de chimiste, apothicaire, coiffeur, marchande de mode, couturier, etc.
  • Les clientèles : du parfumeur qui approvisionne les plus puissants, tel Pierre-François-Pascal Guerlain fournissant l’impératrice Eugénie, à celui qui vend ses produits à des anonymes, l’exercice du métier diffère. L’analyse des clientèles révèle des pratiques et des choix commerciaux et économiques multiples.
  • Les espaces du parfumeur : celui-ci se définit aussi par les espaces qu’il investit. Exerçant à Grasse, dès l’Ancien Régime, auprès de la culture des matières premières, à Londres, Milan, Paris ou Versailles dans des échoppes renommées (Coquery, 2011) pour vendre ses produits, le parfumeur investit les usines aux abords des grandes villes dans la seconde moitié du XIXe siècle pour la fabrication de ses produits.
  • Le parfumeur cosmopolite : au XVIe siècle, selon Holly Dugan, tous les parfumeurs, d’Angleterre étaient italiens ou français. Au XVIIIe siècle, l’histoire a retenu la figure de Jean-Marie Farina, parfumeur italien produisant en Allemagne la célèbre eau de Cologne. Bien d’autres parfumeurs ont ainsi franchi les frontières de sorte que l’on peut opposer aux rivalités nationales qui s’expriment notamment lors des expositions universelles du XIXe siècle, la figure d’un parfumeur cosmopolite.
  • Les parfumeurs empoisonneurs : un imaginaire bien ancré associe les parfumeurs de la Renaissance à des empoisonneurs. Par exemple, René Bianchi (aussi appelé René le Florentin), parfumeur de Catherine de Médicis, a été notamment accusé du meurtre de Jeanne d’Albret, mère d’Henri IV. De nombreux romans historiques du XIXe siècle comme La Reine Margot (1845) d’Alexandre Dumas, tirent profit dans leur narration de cette figure de parfumeur-empoisonneur et en renforcent l’image.
  • Les parfumeurs amateurs : en parallèle de la création professionnelle, la fabrication domestique de parfums coexiste, depuis les grandes familles nobiliaires de l’Ancien Régime jusqu’au dandy esthète Des Esseintes, personnage principal d’À rebours de Huysmans. Cette pratique non professionnelle trouvera aussi sa place dans nos réflexions.
  • Les parfumeurs historiens et théoriciens : au XIXe siècle, l’histoire du parfum était essentiellement rédigée par des parfumeurs qui, tel Eugène Rimmel, auteur du Livre des parfums (1867), lui dédiaient généralement un ou plusieurs chapitres d’introduction à leurs essais. Plusieurs parfumeurs se sont consacrés à théoriser leur pratique, comme Septimus Piesse (1856) qui a élaboré un système de création olfactive fondé sur le modèle du solfège ou Edmond Roudnitska, dont l’essai L’Esthétique en question : Introduction à une esthétique de l’odorat(1977) défend le caractère artistique du parfum.
  • Les stratégies de valorisation de l’activité du parfumeur : pour valoriser leur activité, les parfumeurs ont souvent insisté tantôt sur le caractère scientifique de leur pratique tantôt sur sa dimension artistique. Durant la période fin-de-siècle, l’intervention d’artistes reconnus, comme Mucha, pour réaliser des affiches publicitaires et des emballages, de même que la mise en avant de la dimension créative du métier de parfumeur semblent s’inscrire dans ce que Nathalie Heinich et Roberta Shapiro (2012) ont identifié comme un processus d’« artification ».
  • Les parfumeuses : si de grandes figures de l’industrie de la parfumerie telles qu’Helena Rubinstein (Fitoussi, 2019) et Estée Lauder ont récemment fait l’objet d’études historiques, les parfumeuses, telles Germaine Cellier, restent peu connues. Dans le sillage de la journée d’étude « Les femmes en parfumerie » organisée à Grasse en mars 2019, il s’agira de se pencher sur la féminisation du métier de parfumeur. On pourra aussi en retracer l’histoire en constatant que les parfumeuses n’ont pas toujours été marginales : on en aurait ainsi dénombré huit à Lisbonne en 1551 (Kennett, 1975).
  • Les parfumeurs et la notion de style : si la création de parfums peut à certains égards être considérée comme un art, chacun d’eux doit se distinguer par son style et affirmer sa singularité. On pourra ainsi tenter de déterminer ce que le parfum dit de son créateur, mais aussi observer comment certains parfumeurs articulent leur propre style avec une identité de marque. En abordant ces questions, on poursuivra certains aspects de la réflexion amorcée lors du colloque La création olfactive organisé en 2014 par Chantal Jaquet, Roland Salesse et Didier Trotier dans le cadre de l’ANR Kôdô.
  • Les parfumeurs et la politique : c’est un parfumeur dont le succès a été assuré par la Restauration, César Birotteau, que Balzac a choisi comme parangon de la vertu des bourgeois commerçants. Dans son roman Je suis un affreux bourgeois (1926), Clément Vautel met en scène les ridicules d’un parfumeur aux convictions ultra-conservatrices. Outre les représentations littéraires et la figure de François Coty qui a déjà fait l’objet de plusieurs études (Winock, 1994), il apparaît nécessaire de mettre en lumière la nature des liens spécifiques noués entre le métier de parfumeur et la politique.
  • Les figures singulières et exemplaires de parfumeurs : souvent érigées en modèles pour l’originalité de leur production, leur posture sociale, voire le rapport qu’ils ont entretenu avec une marque, plusieurs figures de parfumeurs, comme Aimé Guerlain ou Ernest Beaux, ont contribué à façonner leur profession. Bien au-delà de l’apologie et de la biographie, il s’agira d’analyser la nature de leur contribution à la construction de la figure du parfumeur.

 

Éléments de bibliographie :

Eugénie Briot, La Fabrique des parfums : naissance d’une industrie de luxe, Paris, Vendemiaire, 2015.

Aroma : The Cultural History of Smell, Constance Classen et David Howes (dir.), Londres, Routledge, 1994.

Natacha Coquery, Tenir boutique à Paris au XVIIIe siècle. Luxe et demi-luxe, Paris, CTHS, 2011.

Alain Corbin, Le miasme et la jonquille : l’odorat et l’imaginaire social XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Aubier, 1982.

Holly Dugan, The Ephemeral History of Perfume : Scent and Sense in Early Modern England, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2011.

Helena Rubinstein: l’aventure de la beauté, catalogue d’exposition, Michèle Fitoussi (dir.), Paris, Flammarion, 2019.

Magalie Gobet et Emmeline Le Gall, Le parfum, Paris, H. Champion, 2011.

Une histoire mondiale du parfum. Des origines à nos jours, Marie-Christine Grasse (dir.), Paris / Grasse, Somogy / Musée du parfum, 2007.

Stephen Halliday, The Great Stink of London : Sir Joseph Bazalgette and the Cleansing of the Victorian Metropolis, Stroud, The History Press, 1999.

De l’artification. Enquêtes sur le passage à l’art, Nathalie Heinich et Roberta Shapiro (dir.), Paris, EHESS, 2012.

Chantal Jaquet, Philosophie de l’odorat, Paris, Presses universitaires de France, 2010.

Frances Kennett, History of perfume, Londres, Harrap, 1975.

Catherine Lanoë, La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières, Seyssel, Champ Vallon, 2008.

Rosine Lheureux, Une histoire des parfumeurs : France 1850-1910, Paris, Champ Vallon, 2016.

Annick Le Guérer, Le Parfum : des origines à nos jours, Paris, Odile Jacob, 2005.

Annick Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, Paris, F. Bourin, 1988.

Anna Messinis, Storia del profumo a Venezia, Venise, Lineadacqua, 2017.

Brigitte Munier, Odeurs et parfums en Occident : qui fait l’ange fait la bête, Paris, le Félin, 2017.

Philippe Perrot, Le travail des apparences ou les transformations du corps féminin, XVIIIe-XIXe siècle, Paris, Seuil, 1984.

Jonathan Reinarz, Past Scents: Historical Perspectives on Smell, Urbana, University of Illinois Press, 2014.

Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1989.

Georges Vigarello, Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen-Age, Paris, Seuil, 1985.

 

Codirection scientifique :

Alice Camus, doctorante en histoire moderne à Sorbonne Université, attachée de recherche chez Guerlain, chercheur invité au Centre de recherche du château de Versailles.

Érika Wicky, Marie Sklodowska-Curie Fellow, Université Lumière Lyon 2 / LARHRA.

 

Comité scientifique :

Eugénie Briot (Givaudan), Natacha Coquery (Université Lumière Lyon 2 / LARHRA), Chantal Jaquet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Cheryl Krueger (University of Virginia), Catherine Lanoë (Université d’Orléans), Rosine Lheureux (Archives départementales du Val-de-Marne), Jean-Alexandre Perras (Voltaire Foundation).

Date : 28-29 janvier 2021, sur deux journées.

Lieu : auditorium du château de Versailles.

Entrée gratuite sur inscription préalable.

 

Les propositions de communication, en Français ou en Anglais, d’environ 3 000 signes, sont à adresser à Alice Camus (acamus@guerlain.fr) et Érika Wicky (erika.wicky@univ-lyon2.fr), avant le 15 juin 2020. Elles doivent être accompagnées d’une courte bio-bibliographie.

Ce colloque fera l’objet d’une publication ultérieure, sous la forme d’ouvrage collectif.

 

 

The Perfumer: The evolution of a figure since the Renaissance

January 28 – 29, 2021

Palace of Versailles Research Centre

 

International conference organized by Alice Camus (Guerlain/CRCV) and Érika Wicky (Université Lumière Lyon 2/LARHRA).

 

A culmination of knowledge and practices documented since Antiquity, perfumery (the art and process of making perfume) has a rich and complex history, many aspects of which remain to be explored, because its historiography is still relatively recent and still in the process of development (Reinarz, 2014). Research on this subject opened up in the 1980s in studies focused on the body, its care, and its adornment, such as those of Georges Vigarello (1985) on the evolution of hygiene practices and those of Philippe Perrot (1984) on the artifices used on the body to conform various socially constructed images. These analyses of hygienic practices, cosmetics, dress accessories, and luxury goods led to the study of the history of perfumery. Annick Le Guérer’s pioneering work on the history of perfume and perfumery (1988 and 2005) has been expanded and deepened in studies by Catherine Lanoë (2008), Eugénie Briot (2015) and Rosine Lheureux (2016), centered on the Ancien Régime and the nineteenth century in France. Holly Dugan’s work (2011) focuses on the perfumes of the modern period in England, while Anna Messinis (2017) explores the long history of Venetian perfumery. Located at the crossroads of several fields of study, including the history of the body, science, luxury and consumer practices (Roche, 1989), the history of perfumery has benefited from advances in research in many areas. It was nurtured in particular by works devoted to the history of olfactory sensitivities (Corbin, 1982, Halliday, 1999) and to the historical anthropology of the senses (Classen and Howes, 1994), which shed light on the social and cultural conditions that led to the development of perfumery as a craft and an industry.

Drawing from this growing field of research, the purpose of the conference is to study the history of the professional perfumer, analyzing how the image of the perfumer emerged during the Renaissance in Italy, how it was further constructed during the seventeenth century in France and England, and how it continued to evolve to the present day. Under the Ancien Régime, when trade in most European countries was regulated by corporations and states, the assertion of the perfumer’s identity was often undermined by a legal struggle to become the sole holder of the right to manufacture and sell perfume products. Since its recognition, this profession has undergone metamorphoses evident in the way they affected each of three operations that have defined the perfumer throughout history: creating, manufacturing and selling perfumes (Gobet and Le Gall, 2011). Indeed, perfumers have had to adapt to changing trends in fragrance use and to distinguish themselves from their competitors at different times in their history by manufacturing and marketing not only scented waters, but also other perfumed products such as gloves, the creation of which was their first vocation, then sachets, cosmetics, hair powders, soaps, and even more recently, scented candles. The evolution of the use of perfumes, sometimes prophylactic, hygienic or hedonistic, also affected perfumers, who in turn allied themselves with other areas of activity, collaborating with apothecaries, hairdressers and chemists, followed by artists and fashion designers. The need to meet a growing demand also motivated the development of new processes and the invention of new formulas, transforming the perfumer’s work.

The industrialization of perfumery in the nineteenth century marked a major turning point in this history, accelerating the pace of innovations that, like the extraction of volatile solvent and the emergence of synthetic raw materials, revolutionized perfumery, transforming not only the practical, but also the social status of the perfumer. First a craftsman, he could become an investor, even a public figure (Briot, 2015). The profession of perfumer, exercised under the Ancien Régime in the context of family establishments, then expanded on a larger scale to factories in the nineteenth century and lastly to the multinational companies we know today. This profession was thus confronted with an increase in the scale of production, leading to the multiplication of actors, including specialized workers and marketing experts. The boom since the 1990s in so-called niche perfumery, based on a very limited production and the assertion of the creator’s uniqueness, contributes to the on-going history of the perfumer.

 

This conference will offer a multidisciplinary approach to the history of perfumers, their profession, their social status and their representations, through the presentations of specialists from diverse backgrounds: historians, art historians, literary scholars, philosophers, perfumers and professional in the contemporary world of perfumery. The multidisciplinary approach will provide a detailed and nuanced vision of the figure of the perfumer at different moments in his historical evolution by drawing on a wide range of historical, literary and artistic sources (professional documents, legal documents, inventories, etc.). This conference also seeks to highlight the links between the exercise of the profession of perfumer and the socio-cultural environment of his or her time.

 

Exploring the history of the figure of the perfumer opens up many avenues of research, for which the following are some examples:

  • The training of perfumers: whereas perfumers were once, like other craftsmen, trained as apprentices, the creation of schools of perfumery in the early twentieth century entailed a standardization of training methods and the development of a specific pedagogy.
  • The institutional history of perfumers: guilds, corporations, unions and companies played a significant role in defining and regulating the trade as of the sixteenth century. Addressing the role of the perfumer at various turning points of the profession highlights the institutional causes of differences in the profession among the various European countries.
  • The perfumer and other professionals: while the definition of the perfumer’s profession was built in part by excluding other professional practices, it also benefited from rivalries and associations with other professions. For example, the expansion of the American market at the end of the nineteenth century benefited from the popularity of drugstores (Bogard, 1983). We can thus consider the history of the perfumer through his relationships with other professions, such as the glove-makers and the tanners, but also the chemists, apothecaries, hairdressers, milliners, designers, etc.
  • The perfumer’s clientele: some perfumers served powerful customers; Pierre-François-Pascal Guerlain, for example, supplied the Empress Eugénie. Others sold fragrance products to anonymous customers. Client analysis reveals multiple commercial and economic choices and practices.
  • The perfumer’s location: the perfumer is also defined by the areas where he practiced, from cultivating raw materials in Grasse during the Ancien Régime, to selling his products in famous shops in London, Milan, Paris or Versailles (Coquery, 2011), then moving to factories near big cities to manufacture his products in the second half of the nineteenth century.
  • The cosmopolitan perfumer: in the sixteenth century all perfumers in England were Italian or French (Dugan, 2011). In the eighteenth century, Italian perfumer Jean-Marie Farina, produced the famous Eau de Cologne in Germany. Since many other perfumers have crossed borders in this way, the national rivalries that were expressed especially at the Universal Exhibitions of the nineteenth century can be contrasted with the figure of a cosmopolitan perfumer.
  • The perfumer-poisoners: a well-anchored image associates the perfumers of the Renaissance with poisoners. For example, René Bianchi (also known as René le Florentin), who was the perfumer for Catherine de Medici, was notably accused of the murder of Jeanne d’Albret, mother of Henry IV. Many historical novels of the nineteenth century, such as La Reine Margot [Queen Margot] by Alexandre Dumas (1845), took advantage in their stories of this figure of perfumer-poisoner and reinforced the image.
  • The amateur perfumers: in parallel with professional creation, the domestic manufacture of perfumes coexisted, from the great noble families of the Ancien Régime to the dandy aesthete Des Esseintes, the main character in Huysmans’ novel À rebours [Against Nature].
  • The perfumer as historian and theorist: in the nineteenth century, the history of perfume was essentially written by perfumers who, like Eugène Rimmel, author of the Livre des parfums [Book of Perfumes] (1867), usually dedicated one or more introductory chapters to their essays. Several perfumers devoted themselves to theorizing on their practices, such as Septimus Piesse (1856), who developed a system of olfactory creation based on the model of music theory and Edmond Roudnitska, whose essay L’Esthétique en question : Introduction à une esthétique de l’odorat [Aesthetics in question: Introduction to the aesthetics of smell] (1977) defends the artistic character of perfume.
  • Strategies for enhancing the value of the perfumer’s activity: to enhance the value of their activity, perfumers have often insisted on the scientific nature of their practice and sometimes on its artistic dimension. A fin-de-siècle emphasis on the creative dimension of the perfumer’s profession, reinforced in advertising posters and packages designed by recognized artists like Alphons Mucha, seems to be part of what Nathalie Heinich and Roberta Shapiro (2012) have identified as a process of “artification”.
  • Women as perfumers: Although leading figures in the perfume industry, such as Helena Rubinstein (Fitoussi, 2019) and Estée Lauder, for example, have recently been the subject of historical studies, other women perfumers, such as Germaine Cellier, remain little known. In the wake of the colloquium on the theme “Women in perfumery”, held in Grasse in March 2019, we will look at the feminization of the profession of perfumer. We can also trace their history in noting that women who were perfumers have not always been marginalized: there were eight in Lisbon in 1551 (Kennett, 1975).
  • Perfumers and the idea of style: if the creation of perfumes can in some ways be considered an art, each perfumer can be distinguished by his individual style and originality. We will thus try to determine what the perfume says about its creator, and how some perfumers articulate their own style with a brand identity. In addressing these issues, we will continue some aspects of the reflection initiated at the 2014 Symposium, La création olfactive[Olfactory Creation] organized by Chantal Jaquet, Roland Salesse and Didier Trotier as part of the Kôdô Program of the National Research Agency (ANR).
  • Perfumers and politics: Balzac explored the ambitions of bourgeois merchants during the Restoration in his story of the fictional perfumer, César Birotteau. In his novel, Je suis un affreux bourgeois [I am a frightful bourgeois](1926), Clement Vautel depicted the ridiculous behavior of a perfumer with ultra-conservative convictions. These literary representations of the perfumer, along with biographical studies of François Coty (Winock, 1994) and other perfumers, suggest there is more to be explored regarding links between perfumery and politics.
  • Singular and exemplary figures of perfumers: often erected as models for the originality of their products, their social positions, even the relationships they maintained with a brand, several perfumers, such as Aimé Guerlain and Ernest Beaux, have helped shape their profession. How will their contributions continue to shape the figure of the perfumer? Well beyond an apology or a biography, an analysis of the nature of their contributions to building the figure of the perfumer is necessary.

 

Selected bibliography :

Eugénie Briot, La Fabrique des parfums : naissance d’une industrie de luxe, Paris, Vendemiaire, 2015.

Aroma : The Cultural History of Smell, Constance Classen et David Howes (dir.), Londres, Routledge, 1994.

Natacha Coquery, Tenir boutique à Paris au XVIIIe siècle. Luxe et demi-luxe, Paris, CTHS, 2011.

Alain Corbin, Le miasme et la jonquille : l’odorat et l’imaginaire social XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Aubier, 1982.

Holly Dugan, The Ephemeral History of Perfume : Scent and Sense in Early Modern England, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2011.

Helena Rubinstein: l’aventure de la beauté, catalogue d’exposition, Michèle Fitoussi (dir.), Paris, Flammarion, 2019.

Magalie Gobet et Emmeline Le Gall, Le parfum, Paris, H. Champion, 2011.

Une histoire mondiale du parfum. Des origines à nos jours, Marie-Christine Grasse (dir.), Paris / Grasse, Somogy / Musée du parfum, 2007.

Stephen Halliday, The Great Stink of London : Sir Joseph Bazalgette and the Cleansing of the Victorian Metropolis, Stroud, The History Press, 1999.

De l’artification. Enquêtes sur le passage à l’art, Nathalie Heinich et Roberta Shapiro (dir.), Paris, EHESS, 2012.

Chantal Jaquet, Philosophie de l’odorat, Paris, Presses universitaires de France, 2010.

Frances Kennett, History of perfume, Londres, Harrap, 1975.

Catherine Lanoë, La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières, Seyssel, Champ Vallon, 2008.

Rosine Lheureux, Une histoire des parfumeurs : France 1850-1910, Paris, Champ Vallon, 2016.

Annick Le Guérer, Le Parfum : des origines à nos jours, Paris, Odile Jacob, 2005.

Annick Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, Paris, F. Bourin, 1988.

Anna Messinis, Storia del profumo a Venezia, Venise, Lineadacqua, 2017.

Brigitte Munier, Odeurs et parfums en Occident : qui fait l’ange fait la bête, Paris, le Félin, 2017.

Philippe Perrot, Le travail des apparences ou les transformations du corps féminin, XVIIIe-XIXe siècle, Paris, Seuil, 1984.

Jonathan Reinarz, Past Scents: Historical Perspectives on Smell, Urbana, University of Illinois Press, 2014.

Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1989.

Georges Vigarello, Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen-Age, Paris, Seuil, 1985.

 

Scientific comitee : Eugénie Briot (Givaudan), Natacha Coquery (Université Lumière Lyon 2 / LARHRA), Chantal Jaquet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Cheryl Krueger (University of Virginia), Catherine Lanoë (Université d’Orléans), Rosine Lheureux (Archives départementales du Val-de-Marne), Jean-Alexandre Perras (Voltaire Foundation).

 

Date : 28-29 January 2021

Place : Auditorium of the Palace of Versailles.

Admission is free, but registration required

 

Proposals for papers, in French or in English, of about 3,000 characters, should be sent to Alice Camus (acamus@guerlain.fr) and Érika Wicky (erika.wicky@univ-lyon2.fr), before June 15, 2020. They must be accompanied by a short bio-bibliography.

This Symposium will be the subject of a later publication, in the form of a collection of works.

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