Appel à communication : « L’engagement : quelles formes pour quels enjeux ? » (Dijon, 2 février 2023)

Appel à communication : « L’engagement : quelles formes pour quels enjeux ? » (Dijon, 2 février 2023)

Séminaire doctoral Transversales, LIR3S, Université de Bourgogne

Organisateurs :

Lucie ROUSSEAUX – doctorante en littérature française des XVIe et XVIIe siècles

Sophie-Andréa LAGRANGE – doctorante en sociologie

Harmonie MARIETTE – doctorante en histoire contemporaine

Sonia MHEDHBI-SORET – doctorante en histoire contemporaine

 

Date et lieu :

2 février 2023, salle Georges Chevrier (salle 319) – Bâtiment Droit-Lettres, uB.

Date limite de proposition :

25 novembre 2022. La proposition est composée du titre de l’intervention et d’un résumé d’une page maximum.

 

Cette journée est ouverte à tous les doctorant(es) et docteur(es) intéressé(es) par ce sujet. Les communications donneront lieu à une publication dans la revue électronique Transversales.

Pour toute question ou renseignement : lucie.rousseaux@u-bourgogne.fr sophie.lagrange80@gmail.com Harmonie.Mariette@u-bourgogne.fr sonia.mhedhbi.soret@gmail.com

 

L’engagement revêt des formes multiples, diverses, individuelles ou collectives, qu’il s’agisse d’un engagement civil, par le travail, les arts (expression artistique sous toutes ses formes, formes d’engagement des artistes et intégration de celles-ci dans leur création), l’action militante ou militaire, dans le cadre d’un conflit armé. Jean-Marc Glénat1 écrit : « L’engagement, c’est se résoudre un jour, pour une raison ou une autre, à ne pas accepter le destin aussi contraire fut-il. C’est le choix de dire « oui » ou de dire « non » et d’assumer cette voie ; c’est surtout celui de dire « je », de s’exposer à la face du monde. C’est refuser la souffrance, celle des femmes, des enfants, des hommes où qu’ils soient ». Émanation profondément intime, l’engagement s’envisage malgré tout dans un ancrage souvent public et politique, en réponse à des institutions, des gouvernements et plus largement, des États. Mais il touche également à des sphères plus sensibles telles que la recherche scientifique, l’éthique ou encore le travail social. Cette notion de l’engagement est d’autant plus importante qu’elle nous plonge dans une actualité brûlante où tout un chacun est confronté à des enjeux cruciaux et vitaux, qu’il s’agisse de l’urgence climatique, de la crise liée au Covid-19, de l’accroissement des inégalités et des propositions politiques et sociales de plus en plus anxiogènes. L’engagement a toujours existé, sous des formes qui s’adaptent à leur contexte, de la transmission d’un message christique aux mécanismes actuels induits par la démocratie. On peut d’ailleurs se demander si la peur est un moteur à l’action et quelles en sont les limites rationnelles pour l’être humain, notamment face aux enjeux climatiques qui touchent notre époque2.

À travers ces premières idées, nous percevons la définition de l’engagement comme inhérente à l’action, au passage à l’acte, à l’implication de l’individualité dans quelque chose de plus large qui parfois nous dépasse. Le terme lui-même révèle la nécessité de mettre quelque chose « en gage », et donc inéluctablement, sa propre personne, son temps, ses compétences, autrement dit, sa liberté. L’engagement subit également les limites liées à ce que l’on perçoit de lui, à ce qui paraît nécessaire et inévitable, à ce « gage » qui montre que l’engagement n’est pas gratuit et qu’il a un coût. Ainsi, l’engagement et la relation à celui-ci évoluent constamment, se pensent à travers le renouvellement et l’adaptation au contexte social, politique, économique dans lequel ils s’inscrivent.

Ces pistes de réflexion sur le renouvellement de l’engagement montrent que celui-ci n’est pas irréversible et son évolution peut aussi impliquer d’en sortir ou du moins de le réorienter, voire de le remettre en question. Mathieu Blesson3 évoque la question du désengagement comme un phénomène contemporain, aujourd’hui particulièrement lié à l’angoisse du passage à l’acte face à un avenir incertain, notamment sur le plan écologique. Jean-Philippe Pierron4 n’est pas sans rappeler que l’engagement n’offre plus les mêmes postures, les codes ont changé et l’effet communautaire de celui-ci a laissé la place, malgré tout à quelque chose de très individuel. Ainsi, l’engagement tend à sortir d’une action collective prédéfinie et la défense de toute forme de liberté s’implique dans l’intuition, la motivation personnelle. C’est finalement dans ce paradoxe qu’évolue l’engagement, coincé entre une volonté de changer les choses, voire le monde tout en se heurtant à des tendances individualistes (résultant parfois de la peur de la répression étatique) qui modifient les fonctionnements collectifs. Il s’agit surtout de comprendre que l’individu veut continuer d’exister à travers l’engagement collectif, sans sacrifier sa subjectivité à une organisation ou une idéologie.

Nous constatons que l’engagement a connu et connaît aujourd’hui de nombreuses évolutions, modifiant ses contours et son histoire. Mais il est fondamental de comprendre précisément les motivations de l’engagement, pourquoi s’engage-t-on, que défendons-nous ? L’artiste engagé participe ou bouleverse même la vie politique et sociale de son temps. Que souhaitons-nous préserver ? Autrement dit, pouvons-nous établir des valeurs communes à l’engagement, quelles que soient ses formes ? L’engagement, qui semble indéniablement lié à la lutte, peut-il s’envisager et se penser autrement ?

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