Appel à communication : « Les Peintres et la Première Guerre mondiale : commandes, productions, collections, vers une histoire comparative »

Les Peintres et la Première Guerre mondiale : commandes, productions,
collections, vers une histoire comparative

Université Paris Ouest-Nanterre – Musée de l’Armée (4-6 décembre 2014)

Colloque international organisé par le CREA-EA 370, la BDIC et le Musée
de l’Armée

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En Grande-Bretagne, en France, et en Allemagne, pendant la Première Guerre mondiale et les années de l’immédiat après-guerre, des milliers d’œuvres d’art ont vu le jour, par lesquelles les artistes ont cherché à représenter le conflit. Les unes s’attachent à la figuration des combats sur les différents fronts, à la vie dans les tranchées, aux destructions humaines et matérielles, à la dévastation du paysage, les autres se concentrent sur l’arrière, le « front domestique » et les réorganisations de la société ; certaines, enfin, optent pour une approche plus elliptique, voire allégorique du conflit et de ses conséquences. Tableaux, dessins, gravures réalisés par des artistes de
toutes tendances, renommés ou moins connus, engagés volontaires, mobilisés, missionnés aux armées, ou non-combattants : les conditions de production de ces œuvres varient; celles de leur diffusion et de leur réception, au cours du conflit, des années d’après-guerre, et du siècle qui suit, également.

En Grande-Bretagne, les représentations de la Grande Guerre par les peintres constituent un champ bien étudié qui, outre des chapitres de monographies consacrées à des artistes individuels ayant vécu le conflit, a donné lieu à des travaux  où sont examinées les conditions de leur émergence, notamment dans le cadre de programmes officiels de commandes (Harries & Harries, Malvern, Viney). De nombreux peintres ont en effet été recrutés comme « war artists » dans des programmes
gouvernementaux qui se sont poursuivis dans l’après-guerre, et ont débouché sur la constitution de collections publiques d’envergure. Ainsi, l’Imperial War Museum, créé en 1917, et qui ouvre ses portes au public en 1920, deviendra-t-il un organe majeur de diffusion de ces œuvres ; œuvres auxquelles certains artistes, comme Paul Nash, ou Christopher Nevinson, doivent en partie leur célébrité.

Les missions d’artistes aux armées ont existé aussi en France et en Allemagne, fonctionnant selon des modalités différentes, et spécifiques à chaque pays. La Bibliothèque-Musée de la Guerre (actuelle BDIC) et le Musée de l’Armée sont dépositaires d’un nombre important de toiles, estampes et dessins acquis par l’Etat français ou reçus en don à l’armistice, réalisés par des artistes missionnés (comme Denis, Vallotton, Bonnard ou Vuillard) ou mobilisés (Léger, Dunoyer de Segonzac, Friesz, entre autres). Nombre d’œuvres demeurent encore dans des collections privées.

En Allemagne, la peinture est mise à contribution pour vanter les mérites de la culture allemande, avec l’organisation, entre autres manifestations culturelles, d’expositions dans les pays neutres. Les
représentations du front par des peintres de guerre officiels ont fait l’objet d’une redécouverte au musée d’Oldenbourg en 2008 (catal. Bernd Küster). Plus étudiées sont les dénonciations de l’horreur des tranchées par les expressionnistes (Beckmann et Dix notamment) ou la
critique des valeurs de l’État portée par le projet artistique Dada mené depuis Zurich. Abordée principalement dans le cadre de monographies d’artistes, la peinture allemande de la Première Guerre a fait également l’objet de plusieurs ouvrages généraux (Gerster et Helbling, Gölss, Jürgens-Kirchhoff). Nombre d’œuvres se trouvent dans les différents musées de la guerre ou de l’armée, notamment au Musée bavarois de l’Armée à Ingolstadt, d’autres, dans les musées d’art et dans des collections privées.

La participation ou non des grands noms de la peinture moderne, et, tout particulièrement, des artistes liés aux mouvements d’avant-garde, à la représentation du conflit, à titre privé ou dans le cadre de commandes, puis l’accès aux œuvres qu’ils ont produites sur ce thème ont joué un rôle majeur dans l’interprétation contemporaine des rapports des peintres à la guerre. Dès lors, le constat fait par Philippe Dagen d’un « silence », en France, de ces artistes, au sujet de la Grande Guerre s’explique-t-il surtout par l’inadéquation des ressources picturales au sujet, la nature irreprésentable de cette guerre, la fragmentation des avant-gardes, ou faut-il s’interroger davantage sur les commandes, les conditions de la réception et de la constitution des collections publiques dans les différents pays, et sur le statut accordé aux avant-gardes dans chacun d’entre eux?

Ce colloque international, consacré aux représentations de la Première Guerre mondiale par les peintres qui l’ont vécue, s’intéressera aux œuvres réalisées et aux conditions de leur production, de leur diffusion et de leur réception. Centré sur la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, il sera ouvert à la possibilité de comparaisons plus larges, avec d’autres pays engagés dans le conflit (l’Italie, la Russie, la Belgique, l’Autriche, les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie, par exemple). Le contexte institutionnel de la production et de la diffusion des œuvres en constituera une voie d’approche privilégiée, mais non la seule, en lien avec d’autres thématiques.

Les propositions de communication pourront être faites, notamment, mais de manière non exclusive, sur les thèmes suivants :

• Usages et finalités des représentations de la guerre par les artistes – usages privés / usages publics ; réalisations spontanées / œuvres de commandes ; documentation, commentaire, censure et propagande;
pacifisme ; attentes collectives ; témoignage et construction du souvenir
• Transcrire l’expérience de l’extrême
• Regard porté par l’artiste sur son travail ; journaux et écrits
d’artistes
• Contraintes matérielles, contraintes politiques, et temporalité de la
création
• Approche comparative des divers programmes de commandes et missions
d’artistes aux armées, rôle de l’Etat
• Rapports à la tradition, aux mouvements et aux affiliations ; la
possibilité d’une peinture d’histoire moderne ?
• Vecteurs de diffusion – les galeries, la diffusion par le livre et la
presse, les collections publiques…; les politiques de constitution des
collections

Les propositions de communications, en français ou en anglais et d’une longueur d’environ 300 mots, sont à faire parvenir avant le 15 janvier 2014, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, à :Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, mailto:anne-pascale.bruneau@u-paris10.fr et Séverine Letalleur-Sommer mailto:severineletalleur@gmail.com. La décision du comité scientifique sera communiquée le 28 février 2014.

Les communications et les discussions auront lieu en français et en anglais.

Il est prévu de publier un volume collectif regroupant une sélection des communications après examen par le comité scientifique.

Comité d’organisation :
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey MCF Etudes anglophones, Nanterre, CREA–EA370
Séverine Letalleur-Sommer, MCF Etudes anglophones, Nanterre, CREA–EA370
Dominique Bouchery, Resp. secteur germanique, BDIC
Benjamin Gilles, Resp. périodiques & documents électroniques, BDIC
François Lagrange, Chef de la division de la recherche historique et de
l’action pédagogique du Musée de l’Armée

Comité scientifique :
Annette Becker, Pr. Histoire, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Anne-Pascale Bruneau-Rumsey, MCF Etudes anglophones, Paris
Ouest-Nanterre, CREA–EA370
Cornelius Crowley, Pr. Etudes anglophones, Paris Ouest-Nanterre,
Directeur du CREA–EA370
David Guillet, Directeur adjoint du Musée de l’Armée
Juliane Haubold-Stolle, Deutsches Historisches Museum, Berlin
Ségolène Le Men, Pr. Histoire de l’Art, Paris Ouest-Nanterre, HAR–EA4414
Marielle Silhouette, Pr. Etudes théâtrales, Paris Ouest-Nanterre, HAR,
CEREG–EA4223
Valérie Tesnière, Directrice de la BDIC, Directrice d’études à l’EHESS

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