Cette manifestation scientifique s’adresse prioritairement aux doctorants et jeunes docteurs en Histoire, Histoire de l’Art et Archéologie.
Il ne sera pas question ici de Meursault, l’Étranger de Camus (1943), étranger à sa vie et au monde dans lequel il vit, mais d’individus ou de groupes définis comme tels, soit par autrui, soit par auto-désignation.
D’une part, la journée d’études cherchera à interroger la construction de la catégorie sociale « étranger ». Qui est-il ? Est-ce « celui qui vient aujourd’hui et reste demain » pour reprendre la définition proposée par Georg Simmel, c’est-à-dire celui qui vient d’un autre lieu, ou est-ce celui qui est différent d’un point de vue économique, culturel, religieux, générationnel ou sexuel ? Ce questionnement devra prendre en considération les « jeux d’échelles » (Jacques Revel) : est-on « étranger » de la même manière à la ville ou au village ? à l’échelle locale ou à l’échelle nationale ?
De même, une réflexion chronologique est à mener : est-on étranger de la même façon à différentes époques ou, suivant le stimulant débat entre Peter Sahlins et Simona Cerutti, existe-t-il un moment charnière où la définition de l’étranger évolue ? Passe-t-on d’une compréhension essentiellement locale de ces questions dans les sociétés d’Ancien Régime, à une conception davantage nationale au temps des Etats-nations, ou au contraire la manifeste « nationalisation » de ces questions dissimule-t-elle une forme de pérennité des représentations locales de l’extranéité ?
D’autre part, les participants seront amenés à étudier les enjeux de pouvoir, les enjeux de domination liés à cette définition de « l’étranger ». Qualifier quelqu’un ou un groupe d’ « étranger » (extraneus), c’est le mettre en dehors, l’exclure sémantiquement. De ce point de vue, il peut apparaître pertinent de s’interroger sur les discours et représentations mettant en scène l’ « étranger ». Comment perçoit-on celui qui nous est étranger ? Comment représente-t-on ou dit-on l’ « étranger » ? Suivant quels modèles et quelles modalités ? Comment et pourquoi fait-on ressortir l’altérité ? Ces questions se posent-elles à la fois pour l’étranger géographique et l’étranger socio-économique ou culturel ?
Enfin, force est de constater que cette exclusion n’est jamais totale et que l’ « étranger » est aussi, à bien des égards, « un élément du groupe social interne » (Moritz Lazarus), un élément structurel des sociétés. Cela doit tout particulièrement conduire à interroger la place accordée à l’ « étranger » dans les sociétés (et donc le « vivre en étranger »), les interstices dans lesquels il peut exister, les stratégies individuelles ou collectives adoptées par ceux qui sont ainsi qualifiés. Ces positions sociales évoluent-elles en temps de paix, de tensions ou de conflits ?
Modalités de soumission
Les propositions de communication pourront se faire par un résumé d’environ 500 mots, accompagné d’une courte biographie à envoyer à l’adresse suivante : colloque.etranger2015@laposte.net
Calendrier
- Date de clôture de l’appel : 31 janvier 2015
- Retour des avis : mars 2015
- Envoi du résumé de communication : 31 mai 2015
- Journée d’étude : 11 juin 2015
La présente journée d’études donnera lieu à une publication.
Comité d’organisation
- Stève BESSAC-VAURE, doctorant en Histoire contemporaine, UBP
- Lisa BOGANI, doctorante en Histoire contemporaine, UBP
- Camille PENET-MERAHI, doctorante en Histoire de l’Art contemporain, UBP
- Côme SIMIEN, doctorant en Histoire moderne, UBP
Comité scientifique
- Stéphanie MAILLOT, MCF en Histoire grecque à l’Université Blaise Pascal
- Jean-Luc FRAY, Professeur en Histoire médiévale à l’Université Blaise Pascal
- Simona CERUTTI, Directrice d’études à l’EHESS
- Natividad PLANAS, MCF en Histoire moderne à l’Université Blaise Pascal
- Jean-Claude CARON, Professeur en Histoire contemporaine à l’Université Blaise Pascal
- Marianne JAKOBI, Professeure en Histoire de l’Art contemporain à l’Université Blaise Pascal
Bibliographie indicative
- BASLEZ (Marie-Françoise), L’étranger dans la Grèce antique, Paris, Les Belles Lettres, 2008.
- BROGNIEZ (Laurence) (dir.), Écrits voyageurs : les artistes et l’ailleurs, Bruxelles, Peter Lang, 2012.
- CAPDETREY (Laurent), ZURBACH (Julien) (dir.), Mobilités grecques. Mouvements, réseaux, contacts en Méditerranée, de l’époque archaïque à l’époque hellénistique, Bordeaux, Ausonius, 2012.
- CERRUTTI (Simona), Étrangers. Étude d’une condition d’incertitude dans une société d’Ancien Régime, Paris, Bayard, 2012.
- CHAUDONNERET (Marie-Claude) (dir.), Les Artistes étrangers à Paris. De la fin du Moyen Âge aux années 1920, Bruxelles, Peter Lang, 2007.
- DORNEL (Laurent), La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie en France (1870-1914), Paris, Hachette, 2002.
- GUESLIN (André), KALIFA (Dominique) (dir.), Les exclus en Europe (1830-1930), Paris, Éditions de l’Atelier, 1999.
- MOAL (Laurence), L’étranger en Bretagne au Moyen Âge : présence, attitudes, perceptions, Rennes, 2008.
- NOIRIEL (Gérard), Le creuset français. Histoire de l’immigration (XIXe-XXe siècles), Paris, Seuil, 1988.
- PLANAS (Natividad), BERTRAND (Michel), Les espaces sociaux frontaliers. De la Méditerranée à l’Atlantique à partir du XVIe siècle, Madrid, Casa de Velazquez, 2010.
- SAHLINS (Peter), Unnaturally French. Foreign Citizens in the Old Regime and after, London, Cornell University Press, 2004.
- TRANCHANT (Mathias) (éd.), Au risque de l’étranger. Le protéger et s’en protéger dans les sociétés littorales de l’Europe atlantique du Moyen Âge à l’Epoque moderne, Rennes, 2010.
- WAHNICH (Sophie), L’impossible citoyen. L’étranger dans le discours de la Révolution française, Paris, Albin Michel, 1997.
- WEIL (Patrick), La France et ses étrangers : L’aventure d’une politique de l’immigration de 1938 à nos jours, Paris, Gallimard, 2005.
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