Appel à communication : « Littérature et Arts » (Beni Mellal (Maroc), 16-17 mai 2017)

auger-lucas-allegorie-de-la-poesie-xviie-siecle-localisation-sur-le-marche-de-lartCe colloque a pour objet l’étude des interactions thématiques et formelles entre le texte littéraire francophone – classique et contemporain – (français, maghrébin, négro-africain, canadien, belge, etc.) et les expressions artistiques, notamment la peinture et le cinéma. En effet, la littérature française classique est l’espace d’une intertextualité foisonnante entre l’écriture, la peinture et parfois même la sculpture. Au XVIe et au XVIIe siècles, les gravures, qui ornent les frontispices des fabliers et servent à en préciser le projet et les ambitions, attestent de la complicité effective entre le texte et l’image.

Antoine Caron, peintre de l’école de Fontainebleau, dont les dessins seront investis au début du XVIIe siècle par Léonard Gaultier, pour illustrer Les images, ou Tableaux de platte peinture de Philostrate Lemnien, mis en français par Blaise de Vigenère, figera définitivement l’iconographie des frontispices dans une représentation allégorique riche en perspectives. Il s’agit donc d’une relation à la fois de complémentarité et d’émulation qui s’instaure entre le texte et l’image. Le texte est nécessairement amené à rivaliser avec l’image – l’inverse n’est pas faux non plus – pour accéder à un certain degré d’évocation et d’efficience. A l’autre bout du siècle, André Félibien met en scène en 1683 dans le Songe de Philomathe l’« ut pictura poesis» à travers la dispute entre deux sœurs – la poésie et la peinture –, la première s’exprime en vers, la seconde en prose. La poésie muette (muta poesis) et la peinture parlante (Pictura loquens) sont, certes, deux sœurs de proche parenté mais aussi deux sœurs rivales.

Paradoxalement, dans son ut pictura theatrum théâtre et peinture de la renaissance italienne au classicisme français, Emmanuelle Hénin défend opiniâtrement l’idée de la préexistence de l’idée de l’« ut pictura theatrum » par rapport à celle de l’« ut pictura poesis », devenue une notion rigide, soumise à controverse depuis la Renaissance et repensée  par l’académisme français des XVIIe et XVIIIe siècles et nous invite, par conséquent, à relire la Poétique d’Aristote à partir du paragone entre peinture et théâtre. En effet, la création dramatique, qui interroge les différents domaines artistiques, s’inscrit dans l’histoire des arts. Depuis sa création, la Comédie-Française a toujours contribué au dialogue des arts, tant sur scène que dans les rapports qu’elle a su nouer avec d’autres disciplines : Le Serment des Horaces peint par Jacques-Louis David, achevé en 1785, ne s’est pas directement inspiré de la tragédie de Corneille, Horace, composée en 1640, puisée à son tour de la légende rapportée par Tite-Live et pourtant le tableau laisse évoquer dans ses infimes replis l’art de la scène.

De surcroît, Jean Baptiste Isabey – dont la notoriété est conquise spécialement par la finesse de ses ivoires peints à la gouache – parvient, quant à lui, à confectionner des costumes avec des pans de toiles peintes. Inversement, le succès de certains tableaux a influencé certaines représentations : Voltaire ira même jusqu’à modifier le dénouement de Brutus (1731) pour y incérer la scène imaginée par David. Le théâtre est donc un art majeur dont l’influence sur la peinture est manifeste : Watteau, sous l’influence de Claude Gillot, prend goût au théâtre et parvient à le retranscrire soit sur les rideaux soit sur des toiles. A la période suivante, celle d’après 1830, la revue L’Artiste, dont la célèbre image en frontispice chante l’osmose entre les arts, contribue fortement à créer cette « fraternité des arts », notion chère à Sainte-Beuve.

Déjà, au début du XIXe siècle, Benjamin Constant de Rebecque a écrit Adolphe, un roman où il rallie littérature et peinture dans le but de dépeindre les remous tumultueux d’une âme langoureuse. Plus tard, des littérateurs tels que Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Émile Zola et Honoré de Balzac, entre autres, ainsi que des poètes comme Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Paul Valéry chanteront ce qu’on appellera, un siècle plus tard, la description-tableau.

De même, la littérature du XXe siècle a hérité de ces interactions entre texte et image. Marcel Proust noiera de nombreuses pages de À la Recherche du Temps perdu dans la peinture de Vermeer de Delft, d’Édouard Manet ou dans celle de Claude Monet. Il a fallu attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour lire des textes et des poèmes qui célèbrent des peintres et des cinéastes de renommée : les travaux théoriques de Le Clézio sur Modigliani, Diégo Rivera et Giacometti ainsi que ses articles sur le cinéma en témoigneraient.

Le colloque « Littérature et Arts » embrasse plusieurs grands domaines de recherche : théorie et histoire de l’art et de l’image – qu’elle soit fixe ou mouvante, littérature et textes, esthétique, etc. Les grands théoriciens de la relation texte/image tels que Roland Barthes, Umberto Eco, Christian Metz, Régis Debray etc. nous fournissent une méthodologie rigoureuse pour aborder l’aventure sémiologique au XXe siècle et ses liens avec la littérature. Certes, ces champs épistémologiques diffèrent par leurs objets comme par leurs méthodes de recherche. Toutefois, ils offrent aussi de véritables points de contact qu’il ne faudrait en aucun cas sous-estimer.

Il est possible que nous envisagions les questions soulevées par les organisateurs en nous appuyant sur l’un des axes ci-dessous :

* Histoire comparée des représentations (littérature et arts visuels)
* Intertextualité dans la littérature et dans les arts ;
* Rapports Textes/images ;
* Hybridations et dialogues des arts ;
* Esthétique et théorie des arts.
 
Soumission de participation : remplir le formulaire ici
Date limite d’envoi des propositions : 21 janvier 2017
Retour des propositions aux auteurs : 15 mars 2017
Envoi des communications complètes : 15 avril 2017
Dates du colloque : 16 et 17 mai 2017
Langues du colloque : français, arabe

Frais d’inscription au colloque
Chercheurs Marocains : 1000 DH.
Doctorants inscrits au Maroc : 500 DH.
Chercheurs étrangers : 150 euros.
Doctorants inscrits à l’étranger : 80 euros.

*Les frais d’inscription seront versés, le premier jour du colloque, à l’intendance de la Faculté d’accueil.
*Les participants étrangers à l’Université Sultan Moulay Slimane seront pris en charge.
*Pour toute information complémentaire, veuillez nous contacter à l’adresse mail suivante : litteratureetarts@gmail.com


Pour remplir le formulaire de participation au colloque, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous :

http://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScNh1QmSyqRr52fs0MEJXlHVDpitsTVxsHZA9ESDGiSLy_3WA/viewform?c=0&w=1

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