Appel à communication : « Objets nomades : circulations, appropriations et identités à l’époque moderne, XVI-XVIIIe siècles » (2-4 mars 2017, Paris & Ecouen)

Claude‑Guy Hallé, Réparation faite à Louis XIV par le doge de Gênes, le 15 mai 1685 (détail), 1710. VersaillesOrganisé par les universités Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Paris Diderot – Paris 7, Paris Ouest Nanterre La Défense, et Paris 13 en partenariat avec le musée national de la Renaissance d’Écouen et le musée Cognacq-Jay, et avec le soutien de la Région Ile-de-France, ce colloque pluridisciplinaire vise à confronter une approche historique des objets dans leur dimension sociale, économique et technique, à l’étude des objets dans l’art et la littérature, qui offrent autant de « traces » de la vie de ces objets nous permettant de définir leur trajectoire et les modalités de leurs appropriations. Les objets, entendus comme les biens matériels divers (vêtements et accessoires, objets du quotidien, instruments techniques, scientifiques ou de musique, objets d’art…) et leurs circulations seront étudiés pour comprendre les différents phénomènes d’appropriation, de transculturation ou d’hybridation qui animent et accompagnent ces mouvements à la fois dans l’espace européen et entre l’Europe et le reste du monde.

Porteurs et vecteurs de circulations culturelles et identitaires, les objets (qu’il s’agisse de biens de consommation, d’outils, d’objets de dévotion, ou d’objets d’art) traversent les espaces nationaux et interrogent par leur mobilité les frontières nationales, religieuses ou linguistiques alors en formation. L’époque moderne voit en effet se développer à travers l’Europe des tentatives de définition ou de consolidation d’espaces nationaux géographiques, linguistiques et religieux. Ces frontières, qui naissent en partie en opposition à une culture de Cour et une culture aristocratique Renaissante par définition nomades, sont le fruit d’une nouvelle philosophie politique (A. M. Thiesse, La Création des identités nationales, 1999). Suivre les trajectoires de ces objets permet, dès lors, de mettre au jour la tension entre sédentarité et mobilité que Daniel Roche a définie comme un enjeu majeur de la modernité (Humeurs vagabondes, 2003).

À cette intense circulation d’objets, qu’elle soit commerciale, diplomatique, liée aux voyages et déplacements de résidences aristocratiques, ou à des situations d’exil et de migration dans une Europe déchirée par les conflits religieux et politiques, s’ajoutent des trajectoires d’objets plus complexes encore. Dans le contexte de la première globalisation et de l’essor des compagnies commerciales, ces objets peuvent être issus d’espaces lointains et transitent souvent par plusieurs autres pays avant d’atteindre leur destination. Prises en charge et relayées dans les représentations artistiques et littéraires, ces circulations matérielles multiples en suscitent d’autres en retour qui interrogent la question de l’appropriation.
Les processus d’appropriation suscités par la circulation des objets seront étudiés tant du côté de la réception et de l’usage des objets dans la langue et dans les arts de la représentation, que du côté des modalités de leur fabrication et de leur consommation par l’étude des savoir-faire et des techniques auxquels ils font appel ou par celle des pratiques auxquelles ils donnent le jour. Autour de ces deux axes d’investigation, nous suggérons quelques pistes de recherche susceptibles d’orienter la réflexion. Les propositions pourront ainsi porter de manière non exclusive sur :

Les réseaux de circulation et modalités d’échange des objets, qu’ils soient commerciaux, économiques, ou personnels
Les réseaux de circulation légaux et illégaux (contrebande, trafic…)
Les dons et échanges diplomatiques
Les objets nomades dans la culture de cour
Les objets de l’exil et objets d’exilés
La transmission des savoir-faire et des techniques et leurs liens à des migrations humaines
Le transfert de motifs décoratifs, artistiques ou littéraires d’un pays à l’autre et les modalités de leur circulation
Le rôle et l’appropriation des objets dans les arts et la littérature
Les processus d’appropriation et de fertilisation linguistiques liés à des circulations matérielles
La notion de proto-globalisation et ses manifestations économiques, sociales, matérielles, culturelles et artistiques

Ce colloque sera l’occasion d’une rencontre de différentes méthodologies et d’un dialogue entre spécialistes issus de différents champs disciplinaires (histoire, histoire de l’art, littératures européennes, anthropologie, archéologie…). Les ateliers et tables-rondes qui seront tenus dans les musées partenaires à l’occasion du colloque seront ouverts à un plus large public.
Les organisateurs sollicitent des propositions émanant à la fois d’universitaires – enseignants-chercheurs confirmés et doctorants –, de conservateurs et de professionnels. Ils seront par ailleurs particulièrement sensibles aux propositions qui s’attacheront aux collections des musées partenaires.

Modalités et calendrier
Les propositions de communication, en français ou en anglais, d’environ 300 mots, ainsi qu’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 15 septembre 2016  à l’adresse suivante : objetsnomades2017@gmail.com

 

Objets nomades : circulations, appropriations et identités à l’époque moderne, XVI-XVIIIe siècles
Colloque international, Paris et Écouen, 2-4 mars 2017
Musée National de la Renaissance à Écouen, Musée Cognacq-Jay,
Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle

Comité organisateur : Line Cottegnies (Sorbonne Nouvelle – Paris3) ; Anne-Valérie Dulac (Paris 13) ; Ariane Fennetaux (Paris Diderot – Paris 7) ; Anne-Marie Miller-Blaise (Sorbonne Nouvelle – Paris 3) ; Nancy Oddo (Sorbonne Nouvelle – Paris 3) ; Sandrine Parageau (Paris Ouest Nanterre La Défense) ; Laetitia Sansonetti (Paris Ouest Nanterre La Défense) ; Jean-Paul Sermain (Sorbonne Nouvelle – Paris 3).

Comité scientifique : Muriel Barbier (Conservateur du patrimoine, Musée d’Ecouen) ; Pascale Gorguet-Ballesteros (Conservateur du patrimoine, Palais Galliera) ; Marie-Madeleine Fragonard (Professeur émérite, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) ; Rose-Marie Herda-Mousseaux (Conservatrice du Patrimoine, Musée Cognacq-Jay) ; Angela McShane (Head of Early Modern Studies, Victoria & Albert Museum) ; Alain Montandon (Professeur émérite, Université Blaise Pascal – Clermont II) ; Ladan Niayesh (Professeur, Université Paris Diderot – Paris 7) ; Isabelle Paresys (MCF, Université Lille 3) ; Joad Raymond (Professor, Queen Mary University of London) ; Helen Smith (Director of the Centre for Renaissance and Early Moden Studies University of York) ; Chantal Schütz (MCF, École Polytechnique).

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