Appel à communication : « Que la bête meure : l’animal et l’art contemporain »

« Je vais tuer un homme. Je ne connais ni son nom, ni son adresse, ni son aspect physique. Mais je vais le trouver et le tuer ».  Ainsi commence le journal de Felix Lane dans le roman policier de Cecil Day Lewis écrit sous le pseudonyme Nicholas Blake, The Beast Must Die (1938). Tuer l’assassin de son fils, abattre la bête, est la seule raison de vivre de ce personnage de fiction qui, face à l’incapacité de la police locale, décide lui-même de mener l’enquête, de traquer le meurtrier, de s’immiscer dans le quotidien de cette « créature monstrueuse » pour enfin l’éliminer. Ce dernier, incapable de remords, dépourvu de morale, perd dès les premières phrases, tout aspect humain pour se transformer en animal.

Le glissement de l’homme à l’animal exercé par le meurtrier, de la culture à la nature est évidemment caricatural. Néanmoins c’est bien la figure de l’animal et ses métamorphoses dont regorgent les productions littéraires et artistiques, qui permet, entre autres, de faire ressortir les caractéristiques de l’humanité. L’animal est alors perçu comme le contraire de l’homme, un être régi par son instinct, dépourvu de toute réflexion et donc à abattre. En partant de cette dichotomie nature/culture, ce colloque cherche à cartographier la figure animale dans la production artistique contemporaine, à en comprendre les raisons et les objectifs ; car il va sans dire que les expositions, les œuvres, les débats et les écrits se font de plus en plus nombreux autour de cette thématique dévoilant, de fait, un intérêt croissant pour la faune chez les artistes. Les animaux ont bien changé et les territoires qu’ils occupaient jadis sont aujourd’hui brouillés, imbriqués, voire confondus avec ceux de l’homme.

L’animal serait-il alors un refuge futur dans un monde qui va trop vite, un repère naturel face à l’accroissement exponentiel des artéfacts et de la société de consommation ? Serait-il là aussi pour mettre en valeur la barbarie de l’homme, son désir de puissance sans limite qui le mène tout droit à l’animalité ? Prendrait-il encore une nouvelle place dans les arts, l’imagerie et les cultures visuelles pour devenir post-moderne comme le propose Steve Baker dans son ouvrage The Postmodern Animal (Reaktion Books, 2001) ?

Du homard en aluminium de Jeff Koons aux vaches bien réelles conservées dans du formol de Damien Hirst, des peluches de Mike Kelley aux cabinets de curiosités de Marc Dion, la figure de l’animal est soumise à tous les médiums, à toutes les pratiques pour mieux rendre compte de notre condition d’humain. Telle la constitution d’un Wunderkammern moderne, il nous faudra, durant ces deux jours, naturaliser les œuvres et les courants de pensée, pour mieux analyser et les classifier afin de juger de la place qu’occupe la figure animale dans la production contemporaine, les interrogations qu’elle suscite et ses enjeux.

Ce colloque vient conclure le cycle de conférences Cas d’Espèce, De la figure animale dans les pratiques contemporaines, musée de la chasse et de la nature du 22 novembre 2011 au 20 mars 2012
http://www.chassenature.org/site_musee/actualite/anim-cult.html

Date limite d’envoi des propositions de communications : 31 janvier 2012 à marionduquerroy@yahoo.fr

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