Ce colloque international a pour objectif d’engager une réflexion sur un phénomène majeur du temps présent : le street art, mouvement populaire mondial qui impose une nouvelle esthétique et interroge les politiques urbaines. Le colloque réunira des chercheurs en sciences humaines et sociales, des artistes et des professionnels de l’art contemporain urbain. On privilégiera le dialogue entre les approches de champs disciplinaires variés. À cette fin, une large place sera faite aux tables rondes à l’issue des plages réservées aux conférences et communications.
Le sujet étant particulièrement vaste, hétérogène et polémique, le colloque est conçu comme la première pierre d’un nouveau champ d’études universitaires du LIRCES en partenariat avec le CRHI et avec le soutien de la ligne de recherche Études de la Culture de l’Institut ACTE. On favorisera donc la participation des doctorants, sans pour autant exclure celle des chercheurs confirmés. On limitera par ailleurs le terrain d’investigation à certains aspects de la question, que l’on souhaite génériques et génétiques, réservant aux manifestions ultérieures le développement d’autres aspects. Ainsi, la réflexion s’engagera prioritairement sur les points suivants, étant entendu que les questions posées sont purement indicatives :
Contours artistiques
Il s’agira tout d’abord de cerner ce que l’on entend aujourd’hui par street art, le phénomène s’étant vertigineusement propagé et ayant sensiblement évolué ces dernières années. Nombreux sont ceux qui voient en Jean-Michel Basquiat et Keith Haring ses prédécesseurs. Aujourd’hui, le mouvement regroupe une nébuleuse de formes graphiques créatives qui vont de l’inscription anonyme à la fresque signée, sur des supports les plus variés, en deux et en trois dimensions.
Qu’est-ce donc que le street art ?
Fait-il partie de l’art contemporain ?
Si oui, tient-il davantage des arts plastiques ou de l’art contextuel ?
Dans les productions à deux dimensions, faut-il considérer à part égale les œuvres écrites, les œuvres figuratives et les œuvres combinant les deux types ?
Certaines œuvres officiellement inscrites dans le champ de l’art contemporain, comme celle de George Rousse, présentent de nombreuses caractéristiques du street art : ne faut-il pas reconsidérer les frontières entre les deux formes d’expression graphique ?
Contours géographiques
Issu des pratiques de graffiti, tag et slogans des mouvements contre-culturels américains et européens des années 1960-1970, le street art fait voler en éclat les axes nord-sud et est-ouest. Certains y voient aussi un bourgeon de la tradition des peintures murales. De plus, loin d’être l’apanage des métropoles occidentales, il fleurit aussi sur les murs des villes et villages des cinq continents.
Est-il géographiquement délimité ?
Est-ce un mouvement mondial ?
Contours et détours juridiques, économiques et politiques
Vandale ou révolté à ses origines, le street art fait maintenant l’objet de nombreuses reconnaissances officielles. On ne compte plus les festivals qui lui sont consacrés mais, alors que JR est invité à investir le Panthéon de Paris et que s’ouvrent chaque mois des galeries spécialisées dans le domaine, la plupart des artistes continuent à exercer dans l’illégalité sur les murs des villes. Procédant génétiquement d’une démarche illicite, l’art de rue viole les cadres imposés par les règles du code civil et les usages institutionnels, repousse les contours traditionnels de l’art, de la propriété, de l’espace public, détourne l’héritage de la tradition artistique et l’environnement urbain, mais bénéficie désormais d’un processus de légitimation grandissant à échelle mondiale.
Le street art doit-il être illégal pour être conçu comme tel ?
Qu’en est-il des productions marchandes des street artists ?
Le street art est-il encore un mouvement populaire et underground, à l’heure où la plupart des artistes de renommée internationale travaillent sur commande et voient leurs œuvres mobiles atteindre des prix de plus en plus élevés sur le marché de l’art ?
Certains artistes communiquent un message de nature ouvertement politique (comme ZEVS), contrairement à d’autres (Borondo, par exemple). Les uns et les autres font-ils partie du même mouvement ?
Contextes : la ville, l’espace public, le public
On s’interrogera enfin sur la place du street art dans la ville, à l’heure où, d’une part, les institutions tendent à englober le phénomène dans leur sphère d’action et de contrôle (musées, galeries, circuits commerciaux et politiques) et où, d’autre part, les politiques d’urbanisme placent de plus en plus les arts au coeur de leurs projets. Vice-versa, on pourra s’interroger sur la reconfiguration de la ville sous l’impulsion de l’occupation de l’espace public – occupation sauvage, légale ou légalisée – par le street art. Certaines œuvres, protégées par une plaque de plexiglas, sont maintenant officiellement intégrées au patrimoine des villes : Banksy à Londres, Miss Van à Rome, par exemple. Les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest à Naples, en revanche, ont toutes disparu, mais ont laissé une empreinte durable dans la mémoire des habitants.
Le street art est-il nécessairement un art éphémère ?
Le street art se déploie à la fois sur les lieux les plus en vue de l’espace public et dans ses recoins désertés (endroits désaffectés, terrains vagues, tunnels souterrains, etc.), investit tout autant les quartiers populaires que les quartiers riches : quel est donc alors son public ?
Modalités de soumission et calendrier
Les propositions de communication sont à adresser à Edwige Fusaro (fusaro@unice.fr) avant le 15 mars 2015. Rédigées en français, elles comprendront 500 mots maximum et seront accompagnées d’une courte bio-bibliographie de l’auteur.
Les communications, d’une durée de 30 minutes maximum, pourront être tenues en anglais ou en français.
Les propositions seront examinées par le comité scientifique, qui communiquera la sélection des propositions retenues pour le colloque le 30 mai 2015 au plus tard.
Les participants au colloque seront tenus de remettre leur texte, mis en forme conformément aux règles typographiques précisées sur le site du LIRCES et assorti d’un abstract rédigé en français et en anglais, avant le 15 novembre 2015.
Les actes seront publiés dans le numéro 30 des Cahiers de narratologie de juillet 2016 (www.narratologies.revue.org).
Street Art. Contours et détours
Colloque international et interdisciplinaire
LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures Et Sociétés)
CRHI (Centre de Recherche d’Histoire des Idées)
Institut ACTE, Études de la Culture
Nice, les 24, 25 et 26 septembre 2015
Université Nice Sophia Antipolis (UNS)
UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines
Comité scientifique
- Edwige FUSARO, maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Université Nice Sophia Antipolis
- Christophe GENIN, professeur des universités, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Chantal HELENBECK, directrice de la Helenbeck Gallery à Nice
- Norbert HILLAIRE, professeur des universités, Université Nice Sophia Antipolis
- Serge MILAN, maître de conférences, Université Nice Sophia Antipolis
- Carole TALON-HUGON, professeur des universités, Université Nice Sophia Antipolis, membre sénior de l’Institut Universitaire de France
Comité d’organisation
- Edwige FUSARO, maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Université Nice Sophia Antipolis
- Serge MILAN, maître de conférences, Université Nice Sophia Antipolis
- Carole TALON-HUGON, professeur des universités, Université Nice Sophia Antipolis, membre sénior de l’Institut Universitaire de France
Contact : Edwige Fusaro (fusaro@unice.fr)
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