Appel à communication : « Topiques érotiques » (Sfax, 4-6 juin 2014)

Ce colloque n’a pas pour but de se consacrer aux topoï amoureux ou sentimentaux qui  constituent la grande majorité des topoï recensés sur SATORBASE et n’est pas à comprendre au sens originaire de l’histoire du roman, telle qu’elle se constitue avec le logos erotikos grec. Il ne s’agit pas non plus de se concentrer uniquement sur les scénarios narratifs récurrents qui entourent, préparent et accompagnent les scénarios érotiques proprement dit mais qui peuvent tout autant relever de la  préparation et de l’accompagnement de scénarios amoureux et sentimentaux  comme c’est par exemple  le cas dans de nombreux topoï de ruse et de tromperie.

Par une première réduction, on filtrera la différence entre la topique érotique que l’on se propose d’analyser et une topique amoureuse en considérant la scène érotique comme une condition sine qua non de ce type de scénario  qui, bien que le plus souvent narratif, peut aussi relever d’une topographie érotique dont la poésie s’est fait le véhicule, de l’Antiquité au XVIIIe siècle.  Une seconde condition à apporter est que le contenu érotique de ces scènes pose la question de la scène et de l’ob-scène, du degré de provocation que la scène et le scénario apporte dans un ordre moral donné et cela  quelque soit le degré d’innocence, de perversion et de provocation de ces scènes et de ces  scénarios.

Si la  littérature libertine du XVIIIe siècle abonde en topoï répondant  à ces critères, elle est loin d’être le champ exclusif de leur apparition.   De telles topiques érotiques  sont présentes dans la mythologie gréco-latine,  chez Aristophane, Lucien,  Ovide, Tacite, Lucien, Apulée et tant d’autres auteurs grecs et  latins, elles abondent aussi dans les traditions orientales (indiennes, arabes, persanes), dans les Fabliaux, dans les Schwänke allemands, dans la tradition de la nouvelle européenne à partir de Boccace, dans les scénarios orientalisants du XVIIIe et pas seulement chez Galland… et même dans le roman populaire  aujourd’hui ou chez certains auteurs modernes comme Bataille, Sollers, Quignard…  La liste pourrait être longue des genres et traditions littéraires qui ont été le véhicule de ces épisodes érotiques qui sont une matière d’une richesse inouïe et dont la nature topique est évidente. Le travestissement de scénarios obscènes en scénarios amoureux, l’ambivalence de l’un et de l’autre…

Si l’on ajoute à la richesse et à  la diversité de ces scénarios l’entrelacs qui a toujours existé en Occident entre texte et image, entre scènes érotiques textuelles et scènes érotiques dans l’art, la matière devient alors infinie.

Mais rien n’empêche d’analyser la topique des postures amoureuses comme une topique propre, dont la nature transculturelle est indéniable. Historiens, sociologues anthropologues, stylisticiens, sémiologues, historiens de l’art peuvent largement contribuer à enrichir l’analyse proprement littéraire et à lui donner la dimension transdisciplinaire que le sujet mérite. Une part théorique non négligeable pourrait être consacrée aux relations entre les notions de scène et de topos.

 

Comité scientifique : Jean-Pierre Dubost, Kamel Gaha, Hafedh Gouia, Martine Job, Stéphane Lojkine, Mustapha Trabelsi,
Comité d’organisation : Lassad Héni, Sameh Bellakhal, Taeib Haj Sassi, Ola Boukadi.

Délai d’envoi des propositions  (un résumé et une notice biographique) :
avant le  15 octobre 2013 à : mutrabelsi@gmail.com

Date limite de réponse et de confirmation : 30 novembre 2013
Remise des articles : 30 juillet 2014
Publication : 2015

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