Appel à communications – Congrès Rotondes – Deuxième édition (Paris, 30-31 mars 2023)
Institut national d’histoire de l’art – 2, rue Vivienne 75002 Paris
Date limite de candidature : 20 novembre 2022.
En finir avec le canon ? Formation, continuité, rupture des références en histoire de l’art et archéologie
Rotondes, Congrès des jeunes chercheurs et chercheuses en histoire de l’art et archéologie, vise à rassembler le plus largement possible celles et ceux qui travaillent à l’histoire de l’art et à l’archéologie de demain.
Après une première édition dédiée aux rôles de ces disciplines dans les sociétés contemporaines, cette deuxième nouvelle rencontre propose d’interroger, dans une démarche épistémologique, leur constitution et transformation. Il importe pour cela d’examiner leurs objets d’étude, en particulier la manière dont ils sont construits, transmis et redéfinis. L’histoire de l’art et l’archéologie se sont construites et développées comme disciplines sur un ensemble de références (artistes, œuvres, monuments, objets, sites, etc.) qui s’accompagne d’un discours relatif à leur qualité, leur représentativité culturelle et leur importance historique. Ce corpus, considéré comme exemplaire, s’est imposé comme un socle sur lequel se construit l’enseignement de ces disciplines.
Le thème retenu, « En finir avec le canon ? Formation, continuité, rupture des références en histoire de l’art et archéologie », questionne la pertinence et la légitimité de la notion dans ses acceptions historiques et actuelles.
Du grec kanôn (règle), le canon désigne dès l’Antiquité un ensemble de proportions et de mesures jugées idéales. La notion prend ensuite une dimension institutionnelle dans la mesure où elle se réfère à l’ensemble des textes reconnus officiels par l’Église — le canon biblique. Ce terme tend à se séculariser lorsque les institutions artistiques (guildes, académies, etc.) érigent comme modèles des corpus littéraires et artistiques, que le goût de chaque époque amène à élargir et reconfigurer (G. Pollock, 2007). Cœur de la formation des artistes, ces œuvres et noms emblématiques font aussi partie intégrante de la culture des élites — intrinsèquement liée à la constitution des grandes collections particulières et muséales. Par leurs discours, et en les plaçant au centre des programmes d’enseignement, les institutions académiques, entre autres, ont contribué à légitimer ces ensembles, qui se sont également diffusés dans les représentations collectives. Dès lors, la canonicité renvoie à la fois à la qualité attribuée aux objets rassemblés dans ce corpus de référence (« chefs d’œuvre » réalisés par des « génies ») mais aussi au statut, historiquement construit, que l’appartenance à cet ensemble leur a conféré au fil du temps en les patrimonialisant.
Le premier axe de ce congrès propose ainsi d’interroger la formation et la diffusion de ce(s) canon(s) :
- Peut-on et doit-on conserver le terme « canon » ou est-il souhaitable de lui préférer des alternatives (normes, modèles, références …) ?
- Quelles sont les évolutions des critères de (re)définition du corpus ?
- Existe-t-il plusieurs canons, propres à chaque pratique artistique et aire chrono-culturelle ?
- À quoi et à qui servent les canons ? Qui les établit ?
- Quels sont les vecteurs de diffusion, de déploiement et de perpétuation de ces canons ?
- La construction de canons contemporains reste-t-elle envisageable et pertinente ?
- Dans votre pratique, tant artistique que théorique, quels rapports entretenez-vous avec le(s) canon(s) ?
Aborder la notion de canon impose de réévaluer la hiérarchisation des productions artistiques que celle-ci met en place. Face à la mise à l’écart de certains champs, périodes chrono-culturelles, et aires géographiques, médiums ou techniques, des ensembles de références parallèles ont pu se développer en marge des récits hégémoniques, sans aller nécessairement jusqu’à les remettre en question. Mais l’émergence de nouvelles méthodes et approches (déconstruction, études de genre, courants postcoloniaux, cultural studies études culturelles, études visuelles, etc.) parfois liées à des mouvements militants a conduit à critiquer de façon frontale, dans et en dehors du champs académique, la notion même de canon. L’élargissement des corpus comme réponse à leur caractère excluant peut, dans cette perspective, apparaître comme la perpétuation d’une norme dominante qui pourrait être plus fondamentalement remise en cause. Il s’agirait alors de réfléchir à des formes alternatives d’écriture et de transmission de nos disciplines, en interrogeant les méthodologies traditionnelles. Si ces questionnements agitent le monde universitaire, ils se posent avec d’autant plus d’acuité dans le monde des musées et des institutions culturelles, notamment en raison de leurs liens directs avec les publics.
Le second axe du congrès se focalisera ainsi sur les questions de ruptures et reconfiguration du canon :
- Quels sont les différents acteurs et temporalités de la critique du canon ?
- Comment dépasser une opposition figée entre la marge et le centre ? Travailler sur les supposées marges implique-t-il de se placer soi-même à la marge des institutions ?
- Quels sont les récits alternatifs de l’histoire de l’art et comment les transmet-on ?
- Entre perpétuation et transformation, comment les institutions se saisissent-elles de ces questions ?
- Dans quelle mesure l’élargissement des corpus remet-il en cause le statut de l’artiste et son identité (opposition artiste/artisan ; beaux-arts/arts appliqués ; créations collectives/individuelles ; anonymat …) ?
- Peut-on concevoir un enseignement de l’histoire de l’art et de l’archéologie sans faire appel à un canon ?
- Quelles sont les conséquences concrètes et matérielles du canon, et de ses redéfinitions (patrimoines versus matrimoines), sur la pérennité et la sauvegarde de certains objets ?
Rotondes ambitionne de réunir l’ensemble de la communauté des jeunes chercheurs et chercheuses (du master au postdoctorat) qui travaillent ensemble à redéfinir nos disciplines : artistes, archéologues, historiens et historiennes de l’art, élèves conservateurs, élèves conservateurs-restaurateurs, jeunes critiques d’art sont attendus nombreux et nombreuses à ce rendez-vous ! Nous nous réjouissons de découvrir comment les enjeux soulevés ici résonnent avec vos propres recherches.
En parallèle des communications se tiendront des ateliers et tables-rondes pratiques, méthodologiques et épistémologiques. Des associations d’histoire de l’art, d’archéologie et de conservation-restauration seront également invitées à présenter leurs activités lors d’un forum des associations qui se tiendra durant le congrès, galerie Colbert.
Les propositions de communication, d’une longueur de 350 à 500 mots, accompagnées d’un CV, seront à envoyer à l’adresse contact-rotondes@inha.fr avant le 20 novembre 2022.
Pour toute question n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse : contact-rotondes@inha.fr
Congrès Rotondes – Deuxième édition (Paris, 30-31 mars 2023)
En parallèle des communications sur le thème « En finir avec le canon ? Formation, continuité, rupture des références en histoire de l’art et archéologie » se tiendront des ateliers et tables-rondes pratiques, méthodologiques et épistémologiques. Des associations d’histoire de l’art, d’archéologie, muséologie, conservation, conservation-restauration, d’art et critique d’art seront également invitées à présenter leurs activités lors d’un forum des associations qui se tiendra durant le congrès, galerie Colbert.
Ateliers et tables-rondes
En complément à ces communications et au Forum, le Congrès ambitionne également de créer un espace de dialogue entre jeunes chercheurs et chercheuses dans un cadre plus informel, par le biais d’ateliers. Pour cela, nous souhaitons accueillir des propositions de sessions, sous la forme soit d’ateliers pratiques, soit de discussions ouvertes autour de questions de méthodologie et d’épistémologie, qui pourront prendre la forme de tables-rondes. Les créneaux horaires proposés sont d’une durée d’1h30 à 2h. Il s’agit d’évoquer les questionnements soulevés par la recherche en train de se faire, susceptibles d’être rencontrés par tous et toutes indépendamment des champs de spécialité. Ainsi, les sessions peuvent aborder la constitution et la gestion du corpus, les problèmes d’accès aux sources ou aux œuvres, des questions de terminologie et, de manière plus générale, les difficultés susceptibles d’être rencontrées lors du travail de thèse et la manière dont elles peuvent être surmontées, ou bien proposer des lectures critiques de textes. Lors de la première édition, les ateliers abordaient des questions et présentaient des outils aussi divers que la matérialité et le connoisseurship, les humanités numériques et les podcasts, la réponse à un appel à communication et la gestion d’un carnet de recherche, ou encore la mobilisation des études de genre et queer.
Par cette carte blanche, nous souhaitons ouvrir le plus possible les discussions aux étudiantes et étudiants en histoire de l’art et archéologie de toute la France, toutes les candidatures sont par conséquent vivement encouragées.
Les propositions d’ateliers, d’une longueur maximale d’une page, accompagnées d’un CV, seront à envoyer à l’adresse contact-rotondes@inha.fr avant le 20 novembre 2022.
Forum des associations
La deuxième édition du Forum des associations en histoire de l’art, archéologie, muséologie, conservation, conservation-restauration, art et critique d’art aura lieu dans la Galerie Colbert, les journées des 30 et 31 mars 2023. Cet événement est l’occasion pour les associations liées à l’histoire de l’art et à l’archéologie de se faire connaître par un public de jeunes chercheurs et chercheuses, et ainsi de recruter de nouveaux adhérents et adhérentes voire bénévoles.
Des stands seront mis à disposition dans l’espace de la Galerie Colbert de manière à favoriser les échanges entre professionnels du monde associatif et chercheurs. Ainsi, toute structure associative d’intérêt culturel, patrimonial, et archéologique, souhaitant participer au forum, peut s’inscrire jusqu’au 20 novembre 2022. Les associations intéressées par le projet mais ne pouvant pas être présentes, pourront nous envoyer dès à présent, et ce jusqu’au 20 novembre 2022, un poster communiquant toutes les informations liées à leur association. Tous ces posters seront imprimés par nos soins et exposés dans la Galerie Colbert pendant toute la durée du Congrès.
Les inscriptions pour la tenue d’un stand lors du forum des associations se feront via l’adresse contact-rotondes@inha.fr avant le 20 novembre 2022.
Bibliographie sélective
BRZYSKI, Anna (dir.), Partisan Canons, Durham (North Carolina), Duke University Press, 2007.
DENUIT, Alban, « Du canon artistique à la norme industrielle : une forme sculpturale au cœur du quotidien », thèse de doctorat en arts (histoire, théorie, pratique), sous la direction d’Hélène Sorbé, Université Bordeaux III – Montaigne, 2015.
GATES JR, Henry Louis, Loose Canons: Notes on the Culture Wars, New York, Oxford, Oxford University Press, 1992.
GORAK, Jan, The Making of the Modern Canon: Genesis and Crisis of a Literary Idea, Londres, Athlone Press, 1991.
GOURBE, Géraldine (dir.), In the Canyon, Revise the Canon: Savoir utopique, pédagogie radicale et artist-run community art space en Californie du Sud, Paris, Shelter Press, 2016.
GUICHARD, Charlotte, La Griffe du peintre. La Valeur de l’art (1730–1820), Paris, Éditions du Seuil, 2018.
ISKIN, Ruth E. (dir.), Re-envisioning the Contemporary Art Canon. Perspectives in a Global World, New York, Routledge, 2016.
LANGFELD, Gregor, « The canon in art history: concepts and approaches », Journal of Art Historiography [en ligne], n° 19, 2018.
https://arthistoriography.files.wordpress.com/2018/11/langfeld.pdf [consulté le 28 juillet 2022]
NASR, Joe, VOLAIT, Mercedes, « Still on the margin », ABE Journal [en ligne], n° 1, 2012, mis en ligne le 2 février 2012.
http://journals.openedition.org/abe/304 [consulté le 28 juillet 2022]
NOCHLIN, Linda, Women, Art, and Power and Other Essays, New York, Harper & Row, 1988.
OESTERREICH, Miriam, HANDBERG, Kristian, « Alter-canons and alter-gardes – formations and reformations of art historical canons in contemporary exhibitions: the case of Latin American and Eastern European art », Journal of Art Historiography [en ligne], n° 19, 2018.
https://arthistoriography.files.wordpress.com/2018/11/handberg-oesterreich.pdf [consulté le 28 juillet 2022]
OKEKE-AGULU, Chika (dir.), « Nka Roundtable III: Contemporary African Art and the Museum », Nka: Journal of Contemporary African Art, n° 31, 2012, p. 46-111.
POLLOCK, Griselda, Differencing the Canon. Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories, New York, Routledge, 1999.
POLLOCK, Griselda, « Des canons et des guerres culturelles » [traduction Séverine Sofio, Perin Emel Yavuz], Cahiers du Genre [en ligne], n° 43, 2007, p. 45-69.
https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2007-2-page-45.htm [consulté le 28 juillet 2022]
SALOMON, « The Art Historical Canon: Sins of Omission », in (En)gendering Knowledge: Feminism in Academe (Joan Hartmann, Ellen Messer-Davidow dir.), Knoxville, University of Tennessee Press, 1991.
ZANDI-SAYEK, Sibel, « The Unsung of the Canon: Does a Global Architectural History Need New Landmarks? », ABE Journal [en ligne], n° 6, 2014, mis en ligne le 30 janvier 2015.
http://journals.openedition.org/abe/1271 [consulté le 28 juillet 2022]
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