Appel à communications : « Les trames arborescentes sur les façades des lieux sacrés : Iconographie, mnémotechnie et anagogie d’un procédé structurel de l’Antiquité chrétienne à la fin du Moyen Âge » (Paris, 25 mai 2018)
Date limite : 10 avril 2018
Né en 2015, le projet Trames arborescentes a pour vocation de favoriser, à travers des groupes de travail et des journées d’étude, la rencontre de chercheurs dont l’arbre et l’arborescence sont au centre ou en périphérie des travaux. Une journée d’étude spécialisée, consacrée aux trames arborescentes qui occupent les façades des édifices religieux antiques et médiévaux, aura lieu le 25 mai 2018.
Dans le De Architectura, Vitruve définit l’arbre comme ce qui prodigue à l’homme le matériau nécessaire à l’architecture, mais aussi comme ce qui lui donne à voir le modèle macrocosmique de la construction idéale qu’il peut reproduire en tant que microcosme. Dès les débuts de la chrétienté, le choix topographique de la construction, dans des zones parfois reculées et pourvues d’une flore luxuriante, contribue à définir la tropologie du lieu, c’est-à-dire aussi bien celle du site que celle du terrain que l’édifice sacré occupe, celle de son parvis et, bien entendu, celle de l’édifice lui-même.
Dans l’architecture chrétienne sacrée, la structure même des façades laisse fréquemment transparaître une organisation arborescente, sur laquelle se déploient des ramifications autour d’un axe. Cette organisation peut concerner l’ensemble de la façade ou seulement certaines parties : roses monumentales, tympans, voussures, portiques, piédroits, niches, frises, jusqu’à, parfois, l’ensemble du portail lui-même. Le trumeau, les pilastres, les statues-colonnes ou les colonnes peuvent alors se concevoir comme autant de troncs qui supportent un bourgeonnement voire un fleurissement ornemental ou symbolique et tendent à constituer une véritable forêt d’images.
Or, en tant que frontière et que monumentalisation du seuil qui lie le monde laïc et la domus dei, où l’espace et le temps se sacralisent et se spiritualisent, la façade constitue le lieu privilégié pour donner à voir la mémoire du site. Dès lors, l’association de l’iconographie, de l’ornement et de l’architecture inscrit dans la spiritualité les expériences physiques (optiques, haptiques ou encore praxiques) que franchir le seuil provoque. En outre, la façade permet de caractériser visuellement l’intérieur de l’édifice à l’extérieur de ses murs d’une part, et le passage entre cet extérieur et cet intérieur d’autre part. À ce titre, sa symbolique rencontre à nouveau celle de la forêt qui, dans l’imaginaire antique et médiéval, constitue le lieu d’un cheminement initiatique et/ou d’une retraite spirituelle. Enfin, les hiérarchies structurelles de la façade se font l’écho du monde sensible que l’homme peut organiser, tandis que le sens qui se dégage de sa globalité cherche à transcender le sensible en mettant au jour la trame harmonieuse du monde. Par conséquent, les configurations arborescentes qui occupent les façades accentuent l’efficacité d’opérateurs initiatiques, d’intermédiaires et d’intercesseurs qu’elles exercent entre le monde quotidien que l’homme habite, et le lieu sacré au sein duquel communier avec Dieu devient possible.
L’objectif de cette journée sera de s’interroger sur la fonction répartitrice et sur le rôle discursif du phénomène visuel que constituent les façades des édifices sacrés de l’Antiquité chrétienne à la fin du Moyen Âge. On réfléchira notamment à l’opérativité mnémotechnique, parénétique, anagogique et eschatologique que recourir à des trames arborescentes leur confère.
Nous pourrons notamment nous demander :
- Quelles sont les modalités et les caractéristiques des structures arborescentes, des usages de l’image de l’arbre et de celui du bois dans les façades ?
- Ces modalités sont-elles spécifiques à cette partie de l’édifice ? Quelles en sont les spécificités ?
- Quelle est l’efficacité visuelle, spatiale, cognitive, méditative et/ou spirituelle de la structure arborescente à laquelle l’homme se confronte nécessairement en entrant dans l’édifice ?
- Quels procédés architecturaux, visuels et/ou iconographiques sont mis en œuvre afin de signifier le passage de l’extérieur à l’intérieur de l’édifice ?
- Quels ressorts plastiques, iconiques et/ou mnémotechniques les trames arborescentes mobilisent-elles, et à quelles fins ?
- Quels sont les rapports, en miroir ou en confrontation, entre la façade construite par l’homme et la nature réelle dans laquelle l’édifice peut prendre place ?
Les propositions de communication, d’une page maximum, doivent être envoyées avant le 10 avril 2018.
Contacts :
Élise Vernerey : elise.vernerey01@univ-poitiers.fr
Mathieu Beaud : mathieu.beaud2@gmail.com
Naïs Virenque : nais.virenque@univ-tours.fr
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