Appel à contribution : « De l’écrit dans l’œuvre », revue Histoire de l’art, n° 71, automne 2012
La place de l’écrit dans l’œuvre traverse l’histoire de l’art et remet en question le statut même d’une œuvre (les archives d’artistes, la seule écriture devenant œuvre visuelle, …). De loin en loin, l’œuvre d’art a inséré des mots dans sa pratique et l’écriture, depuis sa création, s’est sans cesse immiscée dans le cadre de l’image. L’attraction-répulsion de cette approche plastique qui en résulte amène à des champs d’étude pluriels encore à explorer. En 1969, Michel Butor, dans son essai Les Mots dans la peinture, fait un point sur le sujet, en se concentrant sur la présence de l’écrit dans la peinture occidentale. L’étude s’ouvre également à nombre de pratiques artistiques, de l’architecture à la peinture, de l’enluminure à la sculpture, de la gravure aux médailles, de la photographie au cinéma, de la vidéo à l’installation, du design à la mise en espace d’exposition, sans se limiter au seul Occident.
Depuis qu’elle existe, l’écriture pénètre le cœur même des espaces plastiques et des créations visuelles, en y jouant des rôles divers : l’explication, la lisibilité, le détournement, l’invention, … Et de la même manière que, l’image convie l’écrit ou l’occulte volontairement, elle l’évite et/ou le glorifie. Le relevé des œuvres concernées met en évidence des supports, des finalités et des modes de diffusion, parfois contradictoires ou redondants. L’écrit est convoqué dans l’œuvre via de multiples formes : la signature de l’artiste (déclinant aussi monogramme, initiales, symbole), le nom des donateurs ; le titre et date (souvenir du cartel vissé sur le cadre du tableau) ; la dédicace ou citation ; l’invention d’un langage (glossolalie, utilisation de langue morte, étrangère, ..) ; jeux de mots ou rébus, … De ce fait, l’insertion de l’écrit permet d’analyser les techniques (mots au pochoir, découpés, tatoués, doublage ou bandes titres…) et les incidences sur la composition (découpage des plans, organisations des espaces, dessin …). Sans compter que la reproductibilité de l’écrit joue sur celle de l’œuvre, multipliant ainsi ses possibilités.
Au-delà de l’illustration à proprement parler, la revue Histoire de l’art fait donc appel à des articles convoquant cette réflexion, selon des études de cas, de mouvements, de sujets spécifiques, de modes d’expression, … et ce, quelles que soient l’aire géographique et la période chronologique. Si l’art est accompagné par la critique, expliqué par des théoriciens, associé à un récit, qu’en est-il de sa création endogène quand l’image est associée au texte ? Quels apports, quels regards nouveaux pouvons-nous poser sur les œuvres ainsi retenues ? Ces études pluridisciplinaires pourraient établir un recensement de ces pratiques et proposer de nouvelles perspectives d’analyse pour l’histoire de l’art.
Prière d’envoyer un synopsis d’une page (avec une présentation en cinq lignes de l’auteur) avant le 30 avril 2012 à la rédaction de la revue revue.histoiredelart@inha.fr .
Après une première sélection, les textes définitifs seront, quant à eux, attendus pour le 1er septembre 2012 pour une publication en fin 2012.
Le numéro est dirigé par Camille Morando, documentaliste principale des collections modernes/MNAM-Centre Pompidou, professeur à l’École du Louvre et à Sciences po pour l’art du XXe siècle, membre du comité de rédaction de la revue Histoire de l’art.
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