Appel à contribution : Vendre, promouvoir, éduquer : expositions et sociétés dans les colonies françaises, de 1830 aux indépendances

L’objet de cette journée d’étude est d’examiner les différents agents et facteurs qui contribuent à préparer, à structurer et à stimuler le marché de l’art contemporain – l’expression désignant ici l’art occidental ou d’inspiration occidentale – dans les colonies françaises, de 1830 aux indépendances. Ce projet se situe dans le prolongement de deux champs de recherche prospectés par les membres du Centre François-Georges Pariset : l’étude du marché de l’art et l’étude du domaine colonial. Inscrit dans le cadre du quadriennal 2011-2014, au sein de l’axe B, « Patrimoines ultramarins et coloniaux », placé sous la direction de Dominique Jarrassé, il recoupe par certains de ses aspects l’axe C, « Histoire des arts décoratifs », dirigé par Pascal Bertrand.

Quels sont les acteurs du marché de l’art dans le domaine colonial français ? Les premières sociétés recensées à ce jour apparaissent sous le Second Empire, se développent sous la IIIe République et se multiplient dans la première moitié du XXe siècle. Mais que sait-on aujourd’hui du Salon tunisien, fondé par l’Institut de Carthage en 1894, de la Société des amis des arts de Dakar (1928) ou de l’Association des peintres et sculpteurs français du Maroc ? Que doivent ces sociétés à ce modèle éprouvé qu’est la société des amis des arts, épine dorsale du développement du marché de l’art en province (notion à laquelle se rattachent souvent dans lapresse les expositions organisées en Algérie) ? Quel a été le rôle respectif de la puissance publique, des élites locales et des artistes dans la création et le développement des sociétés ou des expositions ? De quels réseaux et soutiens, privés et publics, bénéficient ces différentes initiatives ?

L’histoire de ces sociétés ne peut se faire sans une mise en relation avec leurs consoeurs nationales – la Société des peintres orientalistes français ou la Société des artistes coloniaux, qui ont fait l’objet de publications récentes et de travaux universitaires – et les institutions qui encadrent le développement de la vie artistique (prix, bourses), en particulier celles qui ont une vocation d’enseignement (académies, écoles des Beaux-Arts). Quels sont les enjeux liés à la création de telles institutions ? La Société annamite d’encouragement à l’art et à l’industrie, fondée en 1934, se proposait par exemple de promouvoir les Beaux-Arts et les arts appliqués, d’assurer des débouchés aux élèves sortis de l’École des beaux-arts de l’Indochine (fondée en 1925) en organisant des expositions mais aussi de venir en aide à ses membres en cas d’infortune, ce qui n’est pas sans évoquer les anciennes corporations. Dans quelle mesure et sur quels modes sociétés, Salons et expositions participent-ils à la « mission civilisatrice » de la France ? Comment ces sociétés évoluent-elles et que deviennent-elles après les indépendances ? Quel sort leur a-t-on réservé dans chaque histoire nationale ? Qu’exposaient-elles et dans quelles proportions – qu’il s’agisse des techniques ou des genres ? Quelle place accordait-on à la photographie ? Quels discours ont-elles générés, tant dans la presse locale que nationale ? Quelles catégories ces discours ont-ils contribués à créer et à diffuser ? Quel est le profil de la critique d’art dans les colonies ? Voit-on se développer des galeries privées ? Quel a été l’attitude des artistes vis-à-vis de ce marché, qu’il s’agisse des artistes de métropole, des artistes ayant choisi de vivre et de travailler sur place, des artistes indigènes, formés localement ? Quel rôle ces institutions ont-elles joué dans la constitution des collections, tant privées que publiques ?

Il semble aussi nécessaire d’examiner les rapports entre ce champ d’étude et des expositions n’ayant pas eu comme but premier le développement du marché de l’art mais qui apparaissent en relation avec les objectifs généralement poursuivis par les organisateurs d’expositions : le développement du goût pour les arts ou l’éducation artistique. On songe par exemple à la Société des beaux-arts d’Alger, fondée en 1850, qui s’était donnée pour tâche « de répandre et de propager dans la population algérienne le goût et la connaissance de l’art ».

Cette journée d’étude se tiendra à Bordeaux en octobre 2011. Il s’agit de permettre à des chercheurs confirmés comme à des doctorants de présenter et de publier leurs travaux, mais aussi de faire le point sur ce domaine de recherches par un examen des sources, par une confrontation des finalités et des méthodes, par une réflexion sur les modalités de sa mise en valeur et de son exploitation.

Les communications de cette journée d’étude auront chacune une durée de trente minutes. Elles feront l’objet d’une publication, après examen des textes par un comité scientifique. Les propositions de communications sont à envoyer par courriel (avec confirmation d’envoi) le 1er avril 2011 au plus tard sous la forme d’un résumé (2000 signes maximum) accompagné d’un titre et d’un bref curriculum vitæ.

Journée d’étude organisée par Laurent Houssais, Université Michel de Montaigne Bordeaux III, Centre François-Georges Pariset, EA 538.

Contact : Laurent.Houssais@u-bordeaux3.fr

Source : http://www.latribunedelart.com/colloques-article002209.html

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