Appel à intervention : Enseigner, transmettre, renouveler (Paris, 25 Sep 24-19 Mar 25)

Argumentaire – Enseigner, transmettre, renouveler.
Après treize années, les Jeudis de l’art font peau neuve et changent de nom. Se tenant désormais le mercredi soir, les Jours de l’art demeurent le même cycle de conférences en histoire de l’art ouvert à tous à l’Institut Catholique de Paris. Il s’étend sur les deux semestres de l’année universitaire 2024-2025 (entre septembre et avril). Dans le cadre des cursus de licence et de master de la Faculté des Lettres, il propose des rencontres régulières qui apportent un complément aux enseignements généraux en abordant des sujets plus spécifiques, et créent un lieu d’échanges interdisciplinaires entre étudiants, enseignants et public extérieur.
Cette mue prend justement prétexte du 150e anniversaire de la fondation de la Faculté de Lettres de l’ICP pour engager une réflexion sur l’enseignement et de ses liens multiples avec l’art : « Enseigner, transmettre, renouveler ». Il s’agit, de prime abord, d’interroger la façon dont l’art représente et interprète l’acte d’enseigner, mais aussi de questionner les modes de transmission et de circulation des savoirs artistiques à travers les périodes, que ce soit dans des formes orales et empiriques (compagnonnage, atelier, etc.), sinon écrites et intellectuelles (théories de l’art, travaux universitaires, etc.), ou d’analyser la manière dont ces pratiques se sont renouvelées et sous quelles conditions. Dans ce sens, l’espace de l’enseignement et son architecture sont également un sujet d’étude, que ce soit d’un point de vue fonctionnel et/ou esthétique. La construction des écoles au XIXe siècle, et encore aujourd’hui, mais aussi celle des universités relèvent d’enjeux variés, parfois utopiques. Par exemple, l’Institut d’art et d’archéologie (ou centre Michelet) de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Sorbonne université, est ainsi conçu autour d’une bibliothèque, accumulant les références visuelles symboliques à l’histoire de l’art occidental et extra-occidental.
Se pose également la question de la pratique artistique comme vecteur d’apprentissage et de connaissance du monde. Comme le rappelle Philippe Urfalino dans L’invention de la politique culturelle, « seul l’art, touchant le cœur et les sentiments, peut rassembler » . L’art peut choquer, troubler, éveiller la curiosité ; il est une forme d’expression au monde, d’extériorisation de soi vers l’autre, un transmetteur.
Dans l’enseignement scolaire, l’éducation artistique est somme toute récente, ce n’est que depuis 1968 que son intégration au primaire a débuté. Mais au-delà de l’enseignement de l’art en soi, le cycle de conférences veut interroger la relation existante entre art et enseignement. Déjà dans les années 1880, dans le cadre de la politique de l’éducation, les artistes se sont emparés de la question, représentant le modèle socio-éducatif engagé par la loi Guizot de 1833 et l’application des lois Ferry. La figure du maître y est centrale et vient répondre à celle des élèves concentrés dans l’apprentissage comme dans le tableau de Jean Geoffroy (1853-1924) En classe, le travail des petits (1889). Le ministère de l’Instruction publique et Beaux-Arts est à l’origine de ces commandes exaltant les bienfaits de l’École et de l’éducation pour tous. Cette image de l’école est alors un véhicule de propagande de la politique, qu’elle rappelle l’annexion de l’Alsace et de la Moselle après la défaite de 1870 ou qu’elle exalte le modèle de l’instruction publique.
Le lien ontologique entre l’enseignement et l’art dépasse pourtant la figure tutélaire du Maître d’école décrit par Marcel Pagnol dans La gloire de mon Père. C’est aussi toute la question de la transmission du geste qui est posée ici. L’artiste dans son atelier joue non seulement le rôle du transmetteur de la pratique et de la technique, mais il est aussi le vecteur d’une liberté nouvelle qu’il peut insuffler aux générations suivantes. L’atelier de Rodin a, par exemple, été un vivier dans la nouvelle garde de la sculpture au tournant du XXe siècle, chacun des apprentis ayant eu sa propre interprétation de la leçon du maître et l’ayant lui-même transmis à ses élèves. C’est aussi le rôle de ces derniers d’arriver à dépasser l’enseignement, à le transgresser et/ou le transcender.
Enfin, l’avènement récent de l’intelligence artificielle a amené à reconsidérer la théorie et la pratique dans ces deux domaines que sont l’art et l’enseignement. La création artistique semble pouvoir se réduire, en quelques clics, à un calcul informatique allant puiser dans l’histoire de l’iconographie, des formes, des couleurs, des compositions, etc. L’enseignement perd-il alors la substance du savoir au profit d’un savoir-faire, sinon d’un savoir-utiliser ? On peut ainsi s’interroger sur l’emploi de ses technologies contemporaines dans la création, la valeur éthique de ces remplois et finalement l’usage que l’on pourrait faire de ces nouveaux outils dans la transmission et la médiation.

Organisation du cycle
Quatre séances sont prévues, de 18h30 à 20h, (à savoir les mercredis 9 octobre et 27 novembre 2024, 5 février et 12 mars 2025) en hybride (ou uniquement en distanciel, si les conditions sanitaires l’exigent). Elles permettront à deux ou trois intervenants de se retrouver autour d’une thématique commune que nous déterminerons en fonction des propositions reçues. Le but est de créer une discussion entre les différents participants, mais aussi avec le public. D’ailleurs, pour permettre à ce dernier de prendre part au débat plus aisément, nous mettons à sa disposition sur notre page dédiée sur le site internet de l’Institut catholique de Paris (www.icp.fr) des éléments d’informations qui lui donneront certaines clés de compréhension, et par la suite d’approfondissement, pour aborder de tels sujets. La séance du 27 novembre 2024 se déroulera, toujours en hybride, sur le campus de l’ICP à Rouen.
A la suite des conférences, avec l’accord des intervenants, un enregistrement vidéo de la séance sera temporairement mis en ligne sur la chaîne YouTube de l’ICP pour le public n’ayant pu se libérer le jour-même. Les intervenants pourront également demander à récupérer, pour archive personnelle, l’enregistrement vidéo de leur communication.
Enfin, les intervenants le désirant seront invités à présenter le texte de leur communication pour publication électronique sur le carnet Hypothèses des Jours de l’art (en cours de création). Cette publication sera soumise à l’accord d’un comité scientifique et d’une double relecture à l’aveugle. Les règles générales seront spécifiées au moment de la confirmation des participations et de la validation du programme du cycle.

Conditions de soumission
Toutes propositions de communication, tant de chercheurs confirmés que de jeunes docteurs et doctorants, sont bienvenues. Étant donné le sujet abordé, historiens de l’art, archéologues, conservateurs, restaurateurs, architectes, plasticiens, mais aussi spécialistes et théoriciens de l’éducation, historiens, philosophes, et autres, sont attendus dans la mesure où les présentations sont issues de leurs spécialités de recherche et/ou de pratique. De même, le cycle se situe dans une approche transpériodique couvrant des aires géographiques variées du monde occidental et non-occidental. N’hésitez pas par ailleurs à nous proposer la communication d’un collègue ou d’une connaissance qui puisse mettre en relief les problématiques que vous aborderez.
Chaque intervention devra durer 20 minutes environ. En fin de séance, une discussion avec les auditeurs et les autres acteurs de la séance permettra d’approfondir les thématiques abordées. Les intervenants devront tenir compte du public, mêlant auditeurs libres et étudiants de licence et de master, et adapter leur discours en conséquence.
Toute personne intéressée peut envoyer son projet de communication (CV réduit/courte biographie + synopsis d’une page maximum), par voie électronique, à l’adresse suivante : joursdelart@icp.fr, avant le lundi 1er juillet 2024. Merci également d’indiquer les possibles dates auxquelles vous ne pourriez pas être présent et de prévoir une image libre de droit qui pourrait illustrer l’affiche de votre séance et si vous étiez dans l’impossibilité de participer à la séance sur le campus de Rouen.
Pour toute question supplémentaire, nous sommes à votre disposition par mail.

Comité scientifique
Les propositions de conférences seront examinées par les organisateurs du cycle de conférences :
Pierre-Emmanuel PERRIER de La BÂTHIE (docteur en histoire de l’art contemporain et chargé d’enseignement à l’ICP).
Élisabeth RUCHAUD (Maître de Conférences en histoire de l’art médiéval, ICP, UR « Religion, culture et société » EA7403).
Margaux SPRUYT (docteur en histoire de l’art du Proche-Orient ancien et chargée d’enseignement à l’ICP. Membre associée à l’UMR 5133 – Archéorient).
Outre la qualité scientifique des propositions et des intervenants, nous nous attacherons également à sélectionner des interventions complémentaires au sein de chacune des quatre séances prévues, afin de créer une dynamique favorable aux échanges.

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