Appel à publication : « Les couleurs du XIXe siècle », revue Romantisme.

Comment appréhender les couleurs du siècle ? Grises et sombres, à l’image des millions de pages imprimées – livres et journaux principalement – qui nous en restituent aujourd’hui la part principale, ou encore des photographies et des cartes postales qui en prolongent la nostalgie ? Noires à l’image des costumes sérieux des bourgeois du siècle ou des robes sans fantaisie que portèrent longtemps les humbles paysannes ? Vives et colorées à l’instar de la peinture pompier, des indiennes qui transforment vers le milieu du siècle le costume des femmes du peuple, ou encore des fascicules et des affiches de l’édition populaire ? Drapeau blanc, rouge, noir ou tricolore ?

Le XIXe siècle a sans doute été aussi coloré que les siècles qui l’ont précédé ou suivi, mais de quelles couleurs s’agit-il vraiment ? De quelles manières furent-elles perçues, vues, interprétées, poétisées, moralisées, politisées ? Ce qu’il convient ici de mettre en lumière, c’est ce que le XIXe fait à la couleur ou aux systèmes de couleurs. Il conviendrait bien entendu d’envisager la question sous ses dimensions scientifiques, artistiques et techniques, notamment autour de la querelle du colorisme. Mais les mutations majeures qui affectent la teinturerie, l’industrie textile, la parure, la mode, apparaissent tout aussi essentielles, en liant aux couleurs d’évidents codes moraux ou sociaux. Les transformations de la ville (éclairage et illuminations, publicité, architecture, espaces verts, parterres fleuris) sont également aux sources d’une spectacularisation urbaine qui est aussi une colorisation. La gamme des couleurs s’élargit, tant sur le plan optique et technique que sur celui des appréciations sociales : on découvre des peaux, des chevelures, des paysages qui sont ceux d’ailleurs exotiques et colorés. Les couleurs, multiples, entrent aussi en littérature et en affectent l’esthétique, perturbant les règles strictes de la poésie ou apportant au roman réaliste la force et l’intensité chromatique de la peinture. Les couleurs du XIXe siècle sont évidemment à la mesure du prisme ou de la palette qui leur a donné naissance, mais tout l’enjeu consiste ici à en restituer les logiques et les regards spécifiques.

Les propositions d’articles sont à adresser à Alain Vaillant (alaingp.vaillant@free.fr) le 31 octobre au plus tard ; les articles (30 000 signes, espaces et notes compris) seront à remettre avant le 31 mai 2012.

Revue Romantisme
32, avenue René-Coty
75014 Paris

Source : http://www.fabula.org/actualites/les-couleurs-du-xixe-siecle-projet-de-numero-de-romantisme_46852.php

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