Faisant usage de l’écrit pour analyser l’ordre des images, nous traversons à chaque fois un milieu pour accéder à un autre, utilisant les images du langage pour deviner les langages de l’image ou de l’objet. C’est ainsi que nous établissons des catégories, que nous reconstituons des genres, que nous définissons des cadres ou que nous décrivons des registres de la représentation, pour que ce dont nous parlons corresponde à ce que nous voyons, ou croyons voir.
Ce numéro cherche à cerner, dans le discours explicite ou implicite, sur l’art ou l’image, la nécessité de la catégorisation. Pour partir d’un exemple dont l’évidence masque la nécessité discursive qu’il entoure, le cadre forme la syntaxe d’un croisement entre catégorie et image. Il apparaît avec la fenêtre perspective, le triomphe de la maniera moderna, et la définition simultanée de l’archaïque et du maniériste ; il affirme le médium et son art. Alors que le peintre se veut libéral, sa pratique encadrée fera système dans l’ordre des Beaux-arts, celui-là même que le modernisme remettra en cause pour imposer son historicité et ses structures (qui reconduisent sans doute la nécessité du cadre, pensons à l’impératif des manifestes ou à l’englobant neutre du white cube). Et passé le comble d’une post-catégorie, nous cherchons souvent, aujourd’hui, à revenir à la stabilité d’une description de l’oeuvre par son médium. Ailleurs, à l’occasion des représentations d’avant la spéculation renaissante, ou du « dehors » de cultures parallèles à la nôtre, d’autres questions se soulèvent, faisant appels à des savoirs qui prennent le relais de l’histoire de l’art mais restent probablement marqués par nos façons de voir.
Si les Visual Studies déchiffrent des catégories directement au travail dans l’image pendant que l’esthétique cherche à lire celles qui forment, à travers l’histoire et la pensée, l’oeuvre d’art, il s’agirait ici, en tenant compte de ces précédents, de se focaliser sur l’équation qui voit l’oeuvre – ou le rituel, le rêve ou le débordement psychotrope – comme résultat d’une combinaison de l’image ou de l’objet avec la catégorie. À quels moments nos données, exposées à des choix épistémologiques pratiques, bousculent le plan de leur analyse jusqu’à une possible altération du « sujet » ?
Il y a probablement du genre, du cadre ou de la catégorie en jeux dans chacune de nos études. Et ce dossier d’Images Re-vues rassemblerait, depuis l’objet ou l’image – ou depuis les différences entre image et objet alors transformés en « catégories » –, des exemplifications de ces détours où affleure ce qui interroge et justifie nos disciplines et nos typologies.
Contact : cadregenrecat@gmail.com
Images Re-vues : http://imagesrevues.revues.org/
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