Appel à communication : « Le monument en débat. Théories et pratiques de la monumentalisation en Allemagne et en Autriche de 1945 à aujourd’hui »

Il existe sans doute peu de pays en Europe où la question du monument comme medium de la mémoire historique se soit posée de manière aussi aigüe et virulente qu’en Allemagne et en Autriche. Dès le tournant des XIXe et XXe siècles les débats autour de la « patrimonialisation », du culte des monuments et de leur préservation, de leur valeur artistique et mémorielle y furent véhéments. Les monuments –«intentionnels» ou «non-intentionnels» – étaient généralement caractérisés alors par une valeur mémorielle positive, même si on note dès cette époque les premières critiques concernant un véritable «déluge» de monuments, une conjoncture inédite de la culture mémorielle telle qu’elle culmina finalement dans les innombrables monuments aux morts de la première
guerre mondiale.
Après 1945, les enjeux politiques de ces processus de monumentalisation s’accentuent tout particulièrement dans les deux pays germanophones, en tant que responsables des catastrophes récentes. A la place d’une détermination nationale affirmative s’impose à présent une polarité entre destruction et reconstruction, présence et absence, silence et dénonciation. Du monument impossible, à la faillite du monument ou au monument « détourné », ce sont non seulement de nombreux débats qui se
cristallisent dans la question du monument, mais aussi les artefacts eux-mêmes qui deviennent le point de départ de controverses sociales centrales. Depuis la nécessité de maintenir vivante la mémoire de la Shoah ou la recherche d’un usage adéquat des résidus de l’ère nazie, jusqu’aux débats très violents concernant le sort réservé aux monuments de la RDA, aux polémiques récentes autour des projets de reconstruction ou encore aux développements actuels du « public art », se pose sans cesse la question de ce qu’un monument, sa réalisation, sa reconstruction ou sa destruction, « disent » ou ne « disent pas », « font » ou ne « font pas » et du rôle que jouent dans ce contexte sa forme artistique et sa matérialité spécifiques.

Ce colloque interdisciplinaire – inscrit dans le cadre du projet « Monument Nonument. Politique de l’image mémorielle, esthétique de la
mémoire matérielle » au Collège International de Philosophie et élaboré en collaboration avec le Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone (CEREG, Université Sorbonne-Nouvelle – Paris 3) et le Centre allemand d’Histoire de l’art (Paris) – se propose d’explorer les réflexions sur la monumentalité et les pratiques de monumentalisation dans le cas précis de l’Allemagne et de l’Autriche de 1945 à nos jours.
Peut-on, au vu des situations nouvelles, des significations et des conditions inédites, esquisser une définition actuelle de la notion de
monument ? Comment la pratique artistique et la réflexion théorique y interagissent-elles ?
Les contributions peuvent porter aussi bien sur un monument précis que sur l’usage et la réception des monuments ou encore sur les débats suscités par des monuments.

 

COLLOQUE INTERNATIONAL :  LE MONUMENT EN DEBAT. THEORIES ET PRATIQUES DE LA MONUMENTALISATION
EN ALLEMAGNE ET EN AUTRICHE DE 1945 A AUJOURD’HUI

Paris, 7-9 juin 2012
Langues du colloque : Allemand, Anglais, Français, Italien

Comité d’organisation

Andreas Beyer (Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris) – http://www.dtforum.org ; e-mail : abeyer@dt-forum.org
Godehard Janzing (Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris) – http://www.dtforum.org ; e-mail : gjanzing@dt-forum.org
Andrea Pinotti (Université de Milan ; Programme « Monument Nonument. Politique de l’image mémorielle, esthétique de la mémoire matérielle » (2011-2016), Collège International de Philosophie, Paris) – http://www.ciph.org/direction.php?idDP=100) ; e-mail:
andrea.pinotti@unimi.it
Céline Trautmann-Waller (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone (CEREG) – http://www.univ-paris3.fr/CEREG – Institut Universitaire de France) ; e-mail: celine.trautmann-waller@univ-paris3.f

 

Les propositions de contribution (500 mots maximum) sont à adresser par courrier électronique à Céline Trautmann-Waller
(celine.trautmann-waller@univ-paris3.fr) avant le 15 janvier 2012.

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