La figure de l’écrivain est omniprésente aujourd’hui. Cette « manie des portraits », qui s’est développée en même temps que se popularisait l’art de la photographie, fige et dissémine une image de l’auteur à l’exclusion d’autres représentations et perceptions possibles. Cette image est paradoxalement souvent plus connue que son œuvre même ; du moins est-elle souvent visible avant le texte, au seuil du livre, sur telle affiche publicitaire ou telle photographie en quatrième de couverture. Si bien que la question : « Un auteur serait-il désormais son visage plus que son texte ? » (Jean-François Louette et Roger-Yves Roche, « Portraits de l’écrivain contemporain », Les Cahiers de médiologie, 1/2003 (n° 15), 59-66) occupe désormais une place légitime dans la recherche littéraire. Parallèlement, la recherche littéraire s’est récemment tournée vers un phénomène narratif nouveau, le devenir personnage de l’écrivain dans la littérature contemporaine, ou « l’auteur déplacé dans la fiction » (Charline Pluvinet, L’Auteur déplacé dans la fiction : configurations, dynamiques et enjeux des représentations fictionnelles de l’auteur dans la littérature contemporaine, thèse de doctorat, université Lyon II, 2009).
À la croisée de ces deux phénomènes, la prolifération des mises en images des écrivains et leur mise en fiction, ce numéro s’intéressera à la fictionnalisation des auteurs par les arts visuels : peinture, sculpture, photographie, dessin, caricature, bande dessinée, comics, album illustré – à l’exclusion des arts de l’image en mouvement (théâtre, cinéma, série télévisée) pour lesquels les enjeux théoriques sont différents. Certes, l’art a créé de nombreux écrivains imaginaires, mais nous préférerons observer les transferts et les enjeux de la recréation par les arts visuels d’écrivains réels, en Europe de la première modernité à nos jours.
L’écrivain n’est plus simplement un visage immortalisé dans une pose photographique ; il est devenu l’objet de représentations visuelles dont la multimodalité même fait sens. Aussi pourra-t-on aborder ce transfert du réel à l’imaginaire, voire au légendaire, dans toute sa diversité, d’un point de vue historique, diachronique ou comparatiste, autant qu’analyser l’exemple d’un écrivain particulier ou d’une œuvre spécifique. On pourra se demander comment la mise en images de l’auteur dans le paratexte – affiches, quatrièmes de couverture, frontispices, sites internet – fait récit. On pourra choisir de s’attacher à la mise en livres de l’auteur historique, beau livre, biographie dessinée, album de jeunesse, ou encore exposition dans un musée. L’auteur peut aussi se mettre en images lui-même : qu’advient-il lorsqu’il se met en scène dans une autofiction visuelle ? Les modalités et les enjeux du transfert du réel à l’imaginaire visuel sont-ils comparables lorsque la figure de l’écrivain occupe une place centrale dans l’œuvre et lorsqu’il tient un rôle secondaire aux côtés de personnages fictifs, lorsqu’il s’agit d’un biopic ou d’une aventure imaginaire ? Quelle est la portée éditoriale, poétique, esthétique, culturelle ou médiatique de cette mise en images ?
Ce numéro de Savoirs en prisme invite à considérer la nature protéiforme des portraits et autoportraits d’écrivains selon les perspectives de la poétique et de l’esthétique, mais également de l’histoire des idées, de l’histoire de l’édition, de l’histoire de l’art, de la muséologie, ou encore de la culture et de la communication.
« Portraits et autoportraits d’auteurs : l’écrivain mis en images »
N° 12 de Savoirs en Prisme
dirigé par Caroline Marie et Xavier Giudicelli
Instructions aux auteurs
Langues acceptées : anglais, espagnol, français
Les articles complets au format .doc sont à envoyer aux responsables de numéro pour le 1er juin 2019 aux deux adresses suivantes : caroline.marie@univ-paris8.fr ET xgiudicelli@yahoo.fr
Ils suivront scrupuleusement les normes de la revue Savoirs en prisme, disponibles sur le site de la revue : https://savoirsenprisme.com/note-aux-auteurs/
Longueur des articles : 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie comprises)
Les articles contiendront un maximum de six images (format .jpg, résolution de 300 dpi). Celles-ci seront intégrées au corps de l’article. Chaque document iconographique devra être numéroté et l’emplacement souhaité pour celui-ci devra être indiqué dans l’article. Il revient à chaque auteur d’obtenir les droits des images reproduites (si elles sont soumises à droits d’auteurs).
Une légende sera rédigée pour chaque image selon les normes suivantes: Auteur, Titre (en italiques), date, médium, dimensions, lieu d’exposition habituel, source (ex. Dante Gabriel Rossetti, Lady Lilith, 1867, aquarelle et gouache sur papier, 51,3×44 cm, Metropolitan Museum of Art, Creative commons). [Dans la phase finale, il sera demandé aux auteurs d’envoyer les images dans un dossier à part].
Les auteurs ne signeront pas leur article en vue de l’expertise en double aveugle et devront y ajouter un résumé en français ou en espagnol (150 mots environ), un résumé en anglais (150 mots environ), 5 mots-clés en français ou en espagnol et 5 mots-clés en anglais. Les auteurs enverront, dans un document séparé (.doc), une courte notice bio-bibliographique en français, espagnol et/ou en anglais.
Date d’envoi des articles: 1er juin 2019
Les évaluations anonymes seront envoyées aux auteurs à l’automne 2019
Envoi des textes révisés par les auteur.e.s : décembre 2019
Été 2020 : parution du numéro 12 de la revue en ligne Savoirs en Prisme
Pour plus de détails, consulter le site web de la revue : https://savoirsenprisme.com/
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