Colloque international : « Auctorialité du collectionneur d’estampes (XVIe-XIXe siècle) »

Ce colloque se propose d’étudier certaines collections d’estampes constituées entre le XVIe et le XIXe siècles sous l’angle des pratiques de leurs propriétaires, en envisageant comment ils ont pu contribuer à modifier le sens initial des pièces qu’ils possédaient. En effet, plus qu’aucune autre forme de collection à la période moderne, la collection d’estampes permet une transformation, à la fois physique et symbolique, de ses objets, notamment en raison de leur maniabilité, de leur très grande disponibilité et de leur faible coût. De fait, les modalités d’exposition et d’organisation des pièces dans des volumes ou dans des portefeuilles, les modifications physiques que les collectionneurs faisaient subir à leurs pièces (par exemple en les découpant, en les collant ou en les enluminant) ont pu donner aux estampes de nouvelles significations et de nouvelles fonctions.

Par l’examen de catalogues ou d’inventaires et surtout de recueils aujourd’hui encore conservés dans leur état originel, il s’agit dès lors de montrer que ce ne sont pas seulement les artistes ou les commanditaires – c’est-à-dire ceux qui projettent et fabriquent les objets d’art – qui donnent un sens aux œuvres, mais également ceux qui les consomment. Il convient donc de penser la part d’auctorialité des collectionneurs d’estampes sur les pièces qu’ils possédaient et de tenter de définir la notion d' »auteur de la collection », déjà employée au XIXe siècle.

Pour ce faire, la première session de ce colloque permettra d’aborder la pluralité des motivations des grands collectionneurs entre plaisir esthétique, désir de distinction sociale, et volonté d’accumuler des connaissances sous forme visuelle, afin de réfléchir à la manière dont ces motivations contribuent à donner de nouvelles fonctions aux estampes. La deuxième session se concentrera plus précisément sur la question du rôle des estampes dans l’évolution des pratiques historiographiques, question directement liée à celle, centrale, de l’histoire de l’usage des sources visuelles dans l’écriture de l’histoire. Enfin, la troisième session portera sur le développement de l’expertise des collectionneurs et des marchands dans le domaine de l’estampe, expertise qui a en partie contribué à fonder la discipline de l’histoire de l’art telle qu’on la pratique encore aujourd’hui.

 

Jeudi 7 décembre

 

9h15 – Accueil des participants

 

Introduction

 

9h30 – Introduction de Gennaro Toscano

9h45 – Antoine Gallay, Chloé Perrot, Claire Sourdin

 

Session 1. L’identité du collectionneur à la lumière de sa collection

Modération : Nastasia Gallian

 

10h00 – Hanna Lehner (Ruhr-Universität Bochum)

Arrangement Strategy and (De-)Contextualization in the Wolfegg Print Album Collection

 

10h30 – Carla Julie (Université de Lausanne)

La construction littéraire de l’image du curieux d’estampes à l’épreuve de ses propres collections : le cas Michel de Marolles (1600-1681)

 

11h00 – Pause

 

11h30 – Ingrid Vermeulen (Vrije Universiteit Amsterdam)

Impressions of the Etching Revival. The Transnational, Image Technological, and Social Conditions of the Print Collection of the Amsterdam Couple Willet-Holthuysen

 

12h00 – Discussions

 

12h30 – Déjeuner

 

Session 2. La collection et l’écriture de l’histoire

Modération : Véronique Meyer

 

14h00 – Nastasia Gallian (Sorbonne Université)

Écrire une histoire calviniste de l’Europe avec des portraits gravés : princes, papes et théologiens dans le Thesaurus picturarum de Marcus zum Lamm (1544-1606)

 

14h30 – Pierre Wachenheim (Université de Lorraine)

Les « Estampes historiques sur les Jésuites, la Constitution, &c. » de Fevret de Fontette : découpage, collage et montage, la fabrique de l’Histoire

 

15h00 – Pause

 

15h30 – Vanessa Selbach (Bibliothèque nationale de France)

Les frontispices de Fevret de Fontette : la construction d’une histoire de France par l’image

 

16h00 – Jude Talbot (Bibliothèque nationale de France)

Avant Hennin, avant De Vinck : la collection Laterrade (1795-1866) au Cabinet des Estampes

 

16h30 – Discussions

 

17h00 – Conclusion de la journée

 

Vendredi 8 décembre

 

Session 3. Le collectionneur et la fabrique d’un discours sur l’estampe

Modération : Jan Blanc

 

9h30 – Robert Fucci (University of Amsterdam)

‘Met alle de veranderingen’: Rembrandt’s State Changes Through the Eyes of His Earliest Collectors

 

10h00 – Antoine Gallay (Université de Genève)

Charles-Antoine Jombert (1712-1784) et les manières de collectionner l’œuvre d’un graveur

 

10h30 – Pause

 

11h00 – Véronique Meyer (Université de Poitiers)

Michael Huber (1727-1804), historien de la gravure et collectionneur d’estampes

 

11h30 – Joëlle Raineau (Petit Palais, Paris)

Eugène Dutuit (1807-1886) et l’estampe : du collectionneur à l’érudit

 

12h00 – Discussions

 

Conclusion

 

12h30 – Conclusion de Corinne Le Bitouzé

Clôture de l’évènement

 

Organisé par

Antoine Gallay (Chercheur postdoctoral, Université de Genève)

Chloé Perrot (Conservateur des bibliothèques, BnF Estampes et photographie)

Claire Sourdin (Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

 

Comité scientifique

Jan Blanc (Professeur ordinaire, Université de Genève)

Nastasia Gallian (Maître de conférences, Sorbonne Université, membre du Centre Chastel)

Corinne Le Bitouzé (Conservateur général des bibliothèques, directrice adjointe du Département des Estampes et de la photographie, BnF)

Véronique Meyer (Professeur émérite, Université de Poitiers)

Gennaro Toscano (Conseiller scientifique pour le Musée, la recherche et la valorisation à la BnF ; professeur d’histoire des collections et du patrimoine à l’École nationale des chartes)

 

Illustration : Caspar Netscher, Portrait d’Abraham van Lennep, 1672, Paris, Fondation Custodia

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