Colloque : « Les techniques constructives dans les écrits d’architecture entre Italie, France et anciens Pays-Bas (XVIe-début XVIIIe siècle) » (Namur & Bruxelles, 26-27 février 2015)

Andrea Palladio, Frontispice du livre II des Quatre Livres de l'Architecture, Venise, 1570La littérature sur les traités d’architecture à la Renaissance est vaste et permet une lecture très approfondie de certains aspects épistémologiques, culturels et politiques de ce genre littéraire : la nouveauté d’une approche théorique par rapport aux écrits d’architecture médiévaux, la réception de Vitruve, la formation de leurs auteurs, leur public, leur influence dans la définition d’une image architecturale publique des princes. L’intérêt pour la culture technique est aussi croissant et depuis une dizaine d’années les études sur l’histoire de la construction se multiplient.

Néanmoins, le lien potentiel qui existe entre théorie de l’architecture et tradition technique est encore en train d’être investigué. Peu d’études de cas ont essayé de mettre en relation les descriptions et prescriptions techniques contenues dans les traités et la pratique architecturale de l’époque. Les informations provenant de l’archéologie du bâti, permettant une confrontation avec les œuvres réalisées, sont encore ponctuelles. En ce qui concerne les cultures constructives, à quelques exceptions près, des contributions visant à les analyser globalement dans leurs différents aspects manquent encore ; les prescriptions techniques dans les traités d’architecture n’ont pas encore fait l’objet d’une étude comparative systématique.

Le colloque se concentrera sur certains aspects du rapport entre théorie et pratique constructive. Une première question concerne la relation entre la pratique architecturale et les digressions techniques dans les traités – en particulier les considérations ou prescriptions écrites concernant les matériaux et les procédés constructifs. A travers une confrontation (là où elle est possible) avec les œuvres bâties, il s’agit d’interroger la nature de ces digressions : quel poids ont les citations des topoï empruntés à la littérature antique, les observations directes des édifices antiques ou médiévaux, les descriptions de pratiques désuètes ou courantes, les propositions opérationnelles ? Cette première question en soulève d’autres, complémentaires. D’un point de vue littéraire, il convient d’évaluer à travers les instruments du philologue le poids de ces descriptions à l’intérieur de la structure globale du traité, de s’interroger donc sur la valeur rhétorique des digressions techniques dans le traité en tant qu’œuvre littéraire.

Lors de leur circulation dans l’Europe du Nord, en outre, les descriptions techniques des traités italiens subissent des adaptations, des ajustements et des omissions en phase de traduction, qui sont également significatifs et qui posent des questions sur les modalités de circulation effective des techniques. Les prescriptions concernant les matériaux et les techniques de construction sont-elles traduites fidèlement ou adaptées à la tradition locale ? Ce problème – traduction ou adaptation – soulève non seulement des questions terminologiques, mais invite aussi à s’interroger sur l’influence réelle de ces prescriptions « étrangères » sur les pratiques constructives locales. Une analyse des transferts (ou difficultés de transferts) culturels dans le domaine des pratiques de chantier pourra probablement fournir des indications de méthode sur la lecture de ces passages techniques.

La première partie du colloque est consacrée à l’analyse des descriptions techniques, à leur valeur rhétorique, à leur circulation et adaptation, à travers des présentations d’études de cas provenant des trois régions concernées – Italie, France, Pays-Bas. La deuxième partie tentera ensuite d’approcher la même problématique dans une perspective plus large et comparative et prend la forme d’une table ronde structurée autour de trois questions générales : les rapports entre écrits techniques et pratiques de chantier, les aspects rhétoriques et littéraires des digressions techniques, les traductions et adaptations des traités italiens.

Colloque international organisé par l’Université catholique de Louvain en collaboration avec l’Université de Namur
Namur, Université de Namur – Bruxelles, Palais des Académies

Comité organisateur : Philippe Bragard (UCL), Caterina Cardamone (UCL), Pieter Martens (UCL), Mathieu Piavaux (Université de Namur)

Comité scientifique : Philippe Bragard (UCL), Caterina Cardamone (UCL), Ralph Dekoninck (UCL), Maarten Delbeke (Universiteit Gent, Universiteit Leiden), Pieter Martens (UCL), Mathieu Piavaux (Université de Namur), Jean-Louis Vanden Eynde (UCL)

Programme

Jeudi 26 février – Namur

18h00
Mathieu Piavaux (UNamur), Introduction

18h10
Yves Pauwels (Université François Rabelais, Tours) & Frédérique Lemerle (CESR, Tours),
L’apparition du traité technique au XVIe siècle en France et sa fortune au XVIIe siècle, de Jousse à Perrault

19h00
Répondants : Jeroen Goudeau (Radboud Universiteit Nijmegen), Hubertus Günther (Universität Zurich, LMU München), Discussion

19h30
Conclusions
Vendredi 27 février – Bruxelles

9h00
Accueil

9h15
Philippe Bragard (UCL), Mot de bienvenue

9h25
Pieter Martens (UCL), Introduction :
Architectural treatises and building techniques between Italy, France and the Low Countries

Président : Ralph Dekoninck (UCL)

9h40
Pier Nicola Pagliara (EPFL, Lausanne ; CISA Palladio, Vicenza)
L’expérience constructive dans le De re aedificatoria de Leon Battista Alberti

10h00
Francesco Benelli (Columbia University, New York)
Antonio da Sangallo the Younger from the study of Vitruvius to the practice of modern architecture

10h20
Discussion

10h40
Pause

Président : Mathieu Piavaux (UNamur)

11h10
Hubertus Günther (Universität Zurich, LMU München)
Philibert de L’Orme and the French tradition of vaulting

11h30
Jeroen Goudeau (Radboud Universiteit Nijmegen)
Construction, materials, and the technique of transmission in the Dutch Republic

11h50
Isabelle Gilles (Université de Liège)
L’empreinte de la théorie architecturale française sur les usages de la langue à Liège au XVIIIe siècle

12h10
Discussion

12h30
Déjeuner

Tables Rondes

14h00
Caterina Cardamone (UCL), Introduction et présentation des intervenants

14h10
Krista De Jonge (KU Leuven)
Traités d’architecture venus d’Italie et techniques de construction des anciens Pays-Bas au XVIe siècle. Un dialogue difficile ?

14h25
Le contenu des passages techniques et leur rapport avec les pratiques de chantier. The content of the technical passages and their relationship with construction practices
Président : Francesco Benelli (Columbia University, NY)
Participants : Patrick Hoffsummer (Université de Liège), Pier Nicola Pagliara (EPFL, Lausanne ; CISA Palladio, Vicenza), Mathieu Piavaux (UNamur)

15h15
Les aspects rhétoriques et littéraires des passages techniques dans les traités d’architecture. Rhetorical and literary aspects of technical passages in architectural treatises
Président : Maarten Delbeke (Universiteit Gent, Universiteit Leiden)
Participants : Isabelle Gilles (Université de Liège), Hubertus Günther (Universität Zurich, LMU München), Yves Pauwels (Université François Rabelais, Tours)

16h00
Pause

16h30
Traduire les traités italiens : problèmes terminologiques, adaptations à la pratique locale. Translating the Italian treatise: terminological problems, adaptation to local practice
Président : Krista De Jonge (KU Leuven)
Participants : Philippe Bragard (UCL) , Jeroen Goudeau (Radboud Universiteit Nijmegen), Frédérique Lemerle (CESR, Tours)

17h15
Conclusions et clôture du colloque

INFORMATIONS PRATIQUES
Jeudi 26 février – Namur
De 19h00 à 21h00
Université de Namur
Faculté de Philosophie et Lettres – local L22
Rue de Bruxelles 61
5000 Namur

Vendredi 27 février – Bruxelles
De 9h00 à 17h30
Palais des Académies – Salle Prigogine
Rue Ducale 1
1000 Bruxelles

DOCUMENTS

Télécharger les résumés des communications
Télécharger le programme de la journée

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

 

Leave a Reply