Colloque : « Objets irremplaçables ? Approches archéologiques et anthropologiques d’objets uniques, précieux, nouveaux »

Tant les material culture studies que la technologie culturelle ou les archéologues se sont depuis longtemps intéressés aux objets « irremplaçables », c’est-à-dire à des objets dont une population donnée considère qu’eux seuls sont adaptés à un usage aussi particulier que nécessaire. Ces objets peuvent être uniques en leur genre, ou appartenir à une classe d’objets jugés irremplaçables (des morceaux de la vraie Croix). Quant à leur usage, il relève aussi bien de l’action physique sur la matière (le premier outil d’acier dans une société « néolithique » de Nouvelle-Guinée) que de l’échange, de la détention ou de l’exposition.

L’archéologie s’attache à repérer de tels objets et à en déterminer les fonctions sociales, l’origine, la « trajectoire de vie ». Elle s’interroge en particulier sur ces objets dotés d’un statut spécial aussitôt que les substances employées, les techniques utilisées et les formes choisies les constituent en singularités ou mettent en relief des pratiques et des valorisations sociales. Dans certains cas leur matérialité sous-tend simultanément ce caractère irremplaçable et les processus de différenciation économique et politique susceptibles de s’y rattacher. En anthropologie, en étudiant leur changement de statut ou de destination, leur « carrière », leur détournement et leur réutilisation ou encore leur inaliénabilité, les spécialistes de la religion, du politique, de l’économie ou de l’esthétique tentent de préciser la nature et le rôle de ces objets qui sont temporairement distingués par une organisations sociale et des systèmes de pensées et d’actions.

Le colloque proposé s’inscrit dans ce renouveau des études sur la culture matérielle qui consiste à prendre sérieusement en compte les dimensions physiques des objets et des techniques (conformément au programme précisé par Mauss il y a 75 ans, mais à peine mis en œuvre). Il ne s’agit plus seulement d’étudier les contextes dans lesquels des objets acquièrent le statut d’« irremplaçables » et les conséquences de cette distinction pour les acteurs des sociétés que l’on étudie ou dont on reconstitue le mode de vie, mais d’essayer de comprendre quels aspects des objets en question sous-tendent ce statut.

Colloque organisé par M. Bailly, P. Lemonnier, S. Revolon

Contact : Pierre Lemonnier pierre.lemonnier@univ-provence.fr

URL de référence : http://www.univ-provence.fr/public_html/univ-provence/index.php?pages=internet&id=1868&idnum=2720&refmod=1285244558

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